Tahiti, le 27 février 2025 – Ouvrir les yeux et libérer la parole autour du fléau des drogues, c’était l’objectif de la rencontre organisée ce jeudi à la mairie de Mataiea. Plus de 120 personnes ont participé à des ateliers qui ont permis de prioriser quatre actions de proximité. Prochaine étape : les mettre en œuvre grâce à des groupes de travail dédiés.
Tandis que le gouvernement vient d’acter plus de moyens financiers pour lutter contre l’ice, la commune de Teva i Uta se saisit elle aussi du problème. Une réunion publique pour la prévention et la lutte contre les stupéfiants s’est tenue ce jeudi, à la mairie de Mataiea. Représentants des services de l’État et du Pays, de l’éducation, des confessions religieuses et des associations, mais aussi des parents et des administrés, plus de 120 personnes ont répondu à l’appel lancé par la municipalité.
En Polynésie, les chiffres sont inquiétants, et Teva i Uta n’échappe pas à la règle avec des interventions de la police municipale en hausse de 47 % entre 2023 et 2024, dont plusieurs accidents de la route associés à la consommation de stupéfiants et un homicide lié au narcotrafic impliquant deux mineurs, qui a profondément marqué les esprits.
Tandis que le gouvernement vient d’acter plus de moyens financiers pour lutter contre l’ice, la commune de Teva i Uta se saisit elle aussi du problème. Une réunion publique pour la prévention et la lutte contre les stupéfiants s’est tenue ce jeudi, à la mairie de Mataiea. Représentants des services de l’État et du Pays, de l’éducation, des confessions religieuses et des associations, mais aussi des parents et des administrés, plus de 120 personnes ont répondu à l’appel lancé par la municipalité.
En Polynésie, les chiffres sont inquiétants, et Teva i Uta n’échappe pas à la règle avec des interventions de la police municipale en hausse de 47 % entre 2023 et 2024, dont plusieurs accidents de la route associés à la consommation de stupéfiants et un homicide lié au narcotrafic impliquant deux mineurs, qui a profondément marqué les esprits.
“Rassembler les forces vives”
Parmi les acteurs présents, la directrice du centre de détention de Papeari, bien qu’intervenant “en bout de chaîne”, a salué l’initiative. “On est tous concernés, familles et professionnels, et quand je vois tout ce monde mobilisé aujourd’hui, je me dis qu’on peut encore agir (...) et qu’il y a toujours de l’espoir”, a déclaré Virginie Tanquerel en assemblée plénière.
Les discours ont rapidement laissé la place à quatre ateliers tournants autour de la prévention et de l’éducation, de la lutte contre les trafics de stupéfiants, du rôle des Églises et des actions communautaires, et de la parentalité et de la solidarité. Les échanges ont été riches et intenses, preuve que le sujet soulève de nombreuses questions et inquiétudes, dans un élan de libération de la parole.
“C’est une très belle initiative, d’autant plus que je suis enfant de cette commune. Ça montre tout l’intérêt que le conseil municipal et son maire portent à ce fléau qui gangrène la Polynésie”, confie Kathy Gaudot, présidente de la fédération citoyenne polynésienne de lutte contre les drogues et la toxicomanie, dont les membres se mobilisent sur le terrain depuis plusieurs mois. “Je pense qu’il faut rassembler toutes les forces vives de toutes les communes pour la prévention et la sensibilisation, mais aussi pour le suivi des personnes concernées. Créer des groupes de parole, c’est devenu une nécessité. En plus de tout ce qui est déjà fait par les professionnels, il faut développer des actions de proximité.”
Quatre actions prioritaires
D’autant que la consommation intervient de plus en plus tôt, comme l’a rappelé Anne-Yvonne Germé, conseillère principale d’éducation au collège Tinomana Ebb : “Depuis un certain temps, on est confronté à l’introduction et à la détention de produits stupéfiants au sein de l’établissement, ainsi que beaucoup de ‘vapos’. En tant qu’éducateurs et parents, ça nous touche de voir que des mineurs sont déjà addicts, ce qui les pousse à contourner les interdictions sans avoir conscience des risques. Nous devons trouver des solutions : il faut un village pour élever un enfant, donc il faut aider les parents pour rétablir ce lien de confiance.”
Venu participer, mais aussi écouter, Claudino Mahaa, vice-président de la jeunesse protestante du deuxième arrondissement – de Faa’a à Teahupo’o – et président de la paroisse de Papeari, confirme l’urgence de la situation. “Les drogues, c’est un fléau qui touche tout le monde, jusque dans les églises. Ça témoigne d’une souffrance due à un manque de repères. On discute beaucoup lors de nos rassemblements, mais c’est vrai qu’on ne touche pas tous les jeunes. Il faut que chacun apporte sa pierre à l’édifice pour arrêter l’hémorragie”, estime-t-il.
Ces deux heures de réflexion collégiale se sont achevées par une restitution qui a permis de faire émerger une action prioritaire dans chaque domaine, à savoir instaurer des maisons de quartier, mener des actions de soutien, initier une “école des parents” et fédérer les Églises et les associations autour de projets communs. Dès la semaine prochaine, des référents auront la lourde tâche de continuer à faire vivre les groupes de travail pour concrétiser ces propositions. “Ce n'est pas fini : le travail commence maintenant !”
Tearii Alpha, maire de Teva i Uta : “Nous sommes obligés de réagir”
“C’est par la proximité que l’on peut engager les politiques publiques. Nous suivons les indicateurs de la commune depuis plusieurs mois, comme les incivilités, les retours des établissements scolaires et des parents d’élèves, les accidents de la route malheureux... Nous sommes obligés de réagir : nous ne sommes plus capables de gérer ces problèmes en interne uniquement avec les moyens de la police et de la commune. Nous voulons mobiliser le plus grand nombre pour trouver des solutions concrètes à notre niveau. Tout le monde se connaît, donc c’est ensemble que nous devons réagir. Une prochaine réunion se fera spécialement avec les services de l’État et du Pays, qui se battent territorialement, pour pouvoir partager le bilan de cette première rencontre et coordonner les moyens.”