Teva i Tai demande de l’aide aux étoiles


PAPEETE, le 6 juillet 2019 - Teva i Tai revient cette année sur la scène de To’atā avec un thème qui appelle la jeunesse 
à se réconcilier avec sa culture. L’auteur a décidé de faire passer son message à travers les étoiles et le firmament. Un spectacle haut en couleur, dans lequel, au final, le bien l’emporte.

Teva i Tai concourra dans la catégorie Hura Tau. La chef de groupe, Heimoana Metua, et l’auteur, Steeve Chailloux, ont décidé de pointer un problème qui touche notre fenua : le désintérêt des jeunes pour notre culture. Ils ont donc travaillé sur les étoiles et le firmament pour faire passer leur message.

"Chez les polynésiens, on s’est toujours intéressé aux étoiles pour la navigation. Nous nous sommes posés la question : Pourquoi uniquement pour la navigation ? Et pourquoi pas dans notre vie quotidienne ? Nous faisons donc appel également à notre étoile zénithal de Tahiti, qui est Taurua Faupapa, pour nous aider à nous guider sur terre, dans notre vie tumultueuse. Nous nous apercevons, au fil des années, que le tahitien est en perte d’identité et complètement en perte de sa propre personne", nous confie Heimoana Metua, chef de groupe.

Que le polynésien se réconcilie avec soi-même : c'est le message porté par la troupe de Teva i Tai.

Quatre tableaux seront présentés sur scène samedi soir. "La première partie parlera plus du 'rerura’a' du tahitien de son détachement de sa propre personnalité, de son individualisme, son détachement de sa culture. 
Cette envie d’être toujours sur la convoitise, convoiter ce qui n’est pas à nous. Dans notre deuxième tableau, nous mettrons en scène la nature qui bouge, cette nature qui se réveille. Nos aînés savaient comment observer la nature. On était sensible à ce qui se passait autour de nous. La nouvelle génération ne l’est plus."

"Les anciens pleurent. Ils pleurent cette nouvelle génération qui est en perdition, cette génération qui ne sait plus observer, qui ne sait plus tendre la main à l’autre. Les anciens imploreront donc les étoiles afin qu’elles viennent guider cette nouvelle génération. Les étoiles vont être là, elles vont nous accompagner. Elles vont descendre sur la scène de To’atā. Dans notre dernier tableau, notre auteur a voulu comparer cela au Matari’i. Matari’i i raro, c’est la période, où on est perdu. Et le matari’i i ni’a, c’est où, il y a tout en abondance. Le mā’a, la joie 
de vivre, une réconciliation avec soi-même. Notre dernière partie sera portée sur ça. Sur cette joie de vivre et cette prise de conscience que nous sommes tahitiens et que nous avons des valeurs qui sont à nous, qu’il faut peut-être réfléchir et faire un bilan de notre vie, trouver notre propre Matari’i i ni’a", détaille Heimoana Metua.

Côté costumes, le spectacle débutera habillé de jaune et de vert qui représentent les couleurs de Teva i Tai. "Nous continuons ensuite sur des couleurs beaucoup plus ‘terre’. La jeunesse en vert, pour rappeler 
à cet arbre (la jeunesse, NDLR), qu’il y a des feuilles vertes. Mais cet arbre n’a pas pu tenir ses feuilles vertes et ne sont restées que les feuilles les plus mûres, les ta’ata pa’ari. Donc, ceux-ci seront en marron."

"Après, nous arrivons sur le tableau des étoiles, tout en blanc. En grand costume, pour représenter le Matari’i i ni’a, ce sont les couleurs, l’explosion de joie, c’est le final", précise la chef de groupe.

Te hui fetū o te ra’i tuatini, un spectacle à découvrir en fin de soirée, samedi à To’atā.


Résumé du thème

Les étoiles du firmament ont de tout temps servi de guide aux navigateurs mā'ohi des temps passés et présents. Et alors que nous sombrons peu à peu dans l’obscur scintillement du Matarii i raro, période où la famine et la disette nous frappent de son courroux mortifère, elle symbolise également pour Teva i Tai une ère où les Mā'ohi doivent faire face à l'asphyxie d'une vie ébranlée par le désamour de nous-même, façonnée par l'individualisme d'une époque où le déracinement est érigé 
en valeur.
Comment pouvons-nous alors prendre conscience de notre propre déliquescence ?

Nous croyons, depuis des temps immémoriaux, que les astres de notre voûte céleste peuvent également nous guider sur terre, afin de nous montrer la voie par laquelle nous retrouverons les ressources de notre résilience, ressuscitée au travers de nos racines fortifiées par la réconciliation de notre peuple avec lui-même. Ainsi seulement, nous pourrons cueillir les fruits de l'apaisement du Matari'i i ni'a.



Rédigé par Corinne Tehetia le Samedi 6 Juillet 2019 à 14:39 | Lu 399 fois