Teva Rohfritsch dans son bureau de l'assemblée de Polynésie.
PAPEETE, le 2 mars 2015. Les 57 représentants de l'assemblée de Polynésie se retrouvent ce mardi matin place Tarahoi, en séance plénière, pour la première fois depuis trois mois, pour l'ouverture d'une session extraordinaire. L'occasion de faire le point sur le positionnement des groupes. Chez les autonomistes du groupe A T'ia Porinetia, la demande d'ouverture vers Edouard Fritch est plus forte que jamais.
Faute de séance publique à l'assemblée de Polynésie depuis l'adoption du budget primitif du Pays de 2015, en décembre dernier, les discussions politiques se sont concentrées essentiellement depuis quelques mois sur les divisions du camp orange, à la façon d'une telenovela quasi quotidienne où les intrigues se succèdent sans fin. Toutefois, avec la nécessité d'organiser de nouvelles élections sénatoriales après l'invalidation des mandats de Teura Iriti et Vincent Dubois, le débat politique reprend de la couleur chez les groupes d'opposition. L'occasion pour le leader du groupe A Ti'a Porinetia, Teva Rohfritsch de réaffirmer sa proposition d'ouverture avec le camp Fritch. Interview.
Il n'y a pas eu de réunion plénière depuis trois mois : comment analysez-vous cette situation ?
Teva Rohfritsch : C'est effectivement désolant, mais nous connaissons tous l'une des sources principales de cette situation. C'est qu'il y a une majorité qui a une opposition en son propre sein et je me mets à la place d'Edouard Fritch et de son gouvernement. Je pense qu'à chaque fois qu'il y aura un texte qui méritera un débat, ils vont y réfléchir à deux fois avant de l'envoyer à l'assemblée parce qu'ils ne sont pas certains d'obtenir une majorité. C'est une situation inédite : on pensait que la prime majoritaire avec 38 élus allait permettre à un gouvernement qui gagnait les élections de gouverner pendant cinq ans et de mener les réformes nécessaires. Mais Gaston Flosse vient d'inventer l'opposition interne à la majorité.
Je crois qu'il y a vraiment une page à tourner, A Ti'a Porinetia le dit depuis les élections de 2013, Edouard Fritch emprunte un chemin que Gaston Tong Sang a pris en son temps, que j'ai pris aussi et que bien d'autres ont pris, c'est celui de dire à Gaston Flosse qu'il est peut-être temps d'arrêter et de laisser une nouvelle génération prendre en mains le Pays. Je ne sais pas jusqu'où ira Edouard Fritch, mais je crois qu'il est plus que temps d'agir.
Comment vous-mêmes vous vous situez ? Vous êtes dans un groupe d'opposition mais aussi un allié soutenu du nouveau gouvernement, comment vous vous positionnez ?
Nous sommes autonomistes non flossistes. C'est très clair : nous soutenons le renouvellement de génération et nous pensons qu'un système doit s'arrêter. Edouard Fritch avec son équipe semble aller dans le même sens aujourd'hui. Je dis bien, semble, car il faudrait que des choses concrètes apparaissent aujourd'hui. J'appelle de tous mes vœux qu'il y ait de vraies réunions avec tous les groupes minoritaires. Je souhaite qu'officiellement le président du Pays dépasse cette logique de clan parce que, au-delà des sénatoriales, il est important que chacun puisse travailler à la reconstruction du Pays. Après chacun reprendra ses armes -ou pas- au moment des élections territoriales. Ce qui est en train de se passer, et c'est la logique de Flosse, c'est qu'on a l'impression d'être en campagne électorale permanente.
Est-ce que ces élections sénatoriales qui reviennent ne sont pas l'occasion pour vous de tendre à nouveau la main vers Edouard Fritch et de lui proposer de faire un ticket commun ?
Ce serait une très bonne idée. Ira-t-il jusqu'au ticket commun ? Je ne sais pas. C'est pour ça que je reste dans l'attente. En tout cas j''espère qu'il ira jusqu'à proposer des candidats. Il y a un tournant qui peut se faire, sur ces sénatoriales. Gaston Flosse ne l'avait pas prévu.
Depuis qu'Edouard Fritch est président, moi j'appelle à ce que le gouvernement s'ouvre à A Ti'a Porinetia mais il n'est pas dans notre logique de venir quémander ou de marchander un soutien à une élection contre une place au gouvernement. Je dissocie bien les deux choses : ce n'est pas parce qu'on n'aurait pas un ticket commun que nous fermerions la porte à d'autres collaborations.
Jusqu'où pourrait-on aller selon vous avec ces divisions au Tahoera'a ? Est-ce que vous craignez, comme certaines rumeurs l'ont répandu, une censure du gouvernement ?
Un gouvernement renversé par son propre clan, ça va devenir quand même le comble du ridicule. Je crois que ça a été plus qu'une rumeur. Pour être clair, je crois que les sénatoriales sont venues chambouler les plans de certains qui voulaient renverser le gouvernement d'Edouard Fritch. On sent bien qu'au Tahoera'a il y a un renouvellement à marche forcée des fédérations qui a été lancée depuis l'accession d'Edouard Fritch au pouvoir. Tout ça pour convoquer un congrès et très clairement pour écarter Edouard Fritch de la présidence déléguée du parti. En tout cas c'est la vision extérieure qu'on en a. A mon sens, après le congrès, une motion était en marche. Les sénatoriales viennent perturber ces plans machiavéliques, mais je ne suis pas sûr qu'ils vont annuler ces plans-là. Je crois qu'il y a une sorte de trêve le temps des sénatoriales mais qu'après Gaston Flosse va vouloir changer la gouvernance du Pays.
Faute de séance publique à l'assemblée de Polynésie depuis l'adoption du budget primitif du Pays de 2015, en décembre dernier, les discussions politiques se sont concentrées essentiellement depuis quelques mois sur les divisions du camp orange, à la façon d'une telenovela quasi quotidienne où les intrigues se succèdent sans fin. Toutefois, avec la nécessité d'organiser de nouvelles élections sénatoriales après l'invalidation des mandats de Teura Iriti et Vincent Dubois, le débat politique reprend de la couleur chez les groupes d'opposition. L'occasion pour le leader du groupe A Ti'a Porinetia, Teva Rohfritsch de réaffirmer sa proposition d'ouverture avec le camp Fritch. Interview.
Il n'y a pas eu de réunion plénière depuis trois mois : comment analysez-vous cette situation ?
Teva Rohfritsch : C'est effectivement désolant, mais nous connaissons tous l'une des sources principales de cette situation. C'est qu'il y a une majorité qui a une opposition en son propre sein et je me mets à la place d'Edouard Fritch et de son gouvernement. Je pense qu'à chaque fois qu'il y aura un texte qui méritera un débat, ils vont y réfléchir à deux fois avant de l'envoyer à l'assemblée parce qu'ils ne sont pas certains d'obtenir une majorité. C'est une situation inédite : on pensait que la prime majoritaire avec 38 élus allait permettre à un gouvernement qui gagnait les élections de gouverner pendant cinq ans et de mener les réformes nécessaires. Mais Gaston Flosse vient d'inventer l'opposition interne à la majorité.
Je crois qu'il y a vraiment une page à tourner, A Ti'a Porinetia le dit depuis les élections de 2013, Edouard Fritch emprunte un chemin que Gaston Tong Sang a pris en son temps, que j'ai pris aussi et que bien d'autres ont pris, c'est celui de dire à Gaston Flosse qu'il est peut-être temps d'arrêter et de laisser une nouvelle génération prendre en mains le Pays. Je ne sais pas jusqu'où ira Edouard Fritch, mais je crois qu'il est plus que temps d'agir.
Comment vous-mêmes vous vous situez ? Vous êtes dans un groupe d'opposition mais aussi un allié soutenu du nouveau gouvernement, comment vous vous positionnez ?
Nous sommes autonomistes non flossistes. C'est très clair : nous soutenons le renouvellement de génération et nous pensons qu'un système doit s'arrêter. Edouard Fritch avec son équipe semble aller dans le même sens aujourd'hui. Je dis bien, semble, car il faudrait que des choses concrètes apparaissent aujourd'hui. J'appelle de tous mes vœux qu'il y ait de vraies réunions avec tous les groupes minoritaires. Je souhaite qu'officiellement le président du Pays dépasse cette logique de clan parce que, au-delà des sénatoriales, il est important que chacun puisse travailler à la reconstruction du Pays. Après chacun reprendra ses armes -ou pas- au moment des élections territoriales. Ce qui est en train de se passer, et c'est la logique de Flosse, c'est qu'on a l'impression d'être en campagne électorale permanente.
Est-ce que ces élections sénatoriales qui reviennent ne sont pas l'occasion pour vous de tendre à nouveau la main vers Edouard Fritch et de lui proposer de faire un ticket commun ?
Ce serait une très bonne idée. Ira-t-il jusqu'au ticket commun ? Je ne sais pas. C'est pour ça que je reste dans l'attente. En tout cas j''espère qu'il ira jusqu'à proposer des candidats. Il y a un tournant qui peut se faire, sur ces sénatoriales. Gaston Flosse ne l'avait pas prévu.
Depuis qu'Edouard Fritch est président, moi j'appelle à ce que le gouvernement s'ouvre à A Ti'a Porinetia mais il n'est pas dans notre logique de venir quémander ou de marchander un soutien à une élection contre une place au gouvernement. Je dissocie bien les deux choses : ce n'est pas parce qu'on n'aurait pas un ticket commun que nous fermerions la porte à d'autres collaborations.
Jusqu'où pourrait-on aller selon vous avec ces divisions au Tahoera'a ? Est-ce que vous craignez, comme certaines rumeurs l'ont répandu, une censure du gouvernement ?
Un gouvernement renversé par son propre clan, ça va devenir quand même le comble du ridicule. Je crois que ça a été plus qu'une rumeur. Pour être clair, je crois que les sénatoriales sont venues chambouler les plans de certains qui voulaient renverser le gouvernement d'Edouard Fritch. On sent bien qu'au Tahoera'a il y a un renouvellement à marche forcée des fédérations qui a été lancée depuis l'accession d'Edouard Fritch au pouvoir. Tout ça pour convoquer un congrès et très clairement pour écarter Edouard Fritch de la présidence déléguée du parti. En tout cas c'est la vision extérieure qu'on en a. A mon sens, après le congrès, une motion était en marche. Les sénatoriales viennent perturber ces plans machiavéliques, mais je ne suis pas sûr qu'ils vont annuler ces plans-là. Je crois qu'il y a une sorte de trêve le temps des sénatoriales mais qu'après Gaston Flosse va vouloir changer la gouvernance du Pays.
Contrat de projets et convention de financement sur le RST
Le programme de la première séance, du mardi 3 mars est établi comme suit :
- projet de délibération portant approbation du projet de contrat de projets Etat-Polynésie française (2015-2020) relatif au financement de projets relevant des compétences de la Polynésie française et du projet de contrat de projets Etat-Polynésie française (2015-2020) relatif au financement de projets communaux ;
- projet de délibération portant approbation du projet de convention relatif à l'attribution par l'Etat d'une dotation
annuelle de 12 millions d'euros sur le triennal budgétaire 2015, 2016 et 2017 destinée au régime de solidarité territorial de l a Polynésie française (RST) ;
- projet de délibération portant approbation du projet de convention portant sur la 2e tranche du projet "Fiber To the Home " ;
- projet de délibération portant approbation de la convention annuelle 2014 ADEME - Polynésie française pour l'accompagnement de l a mise en oeuvre de la politique sectorielle des déchets, entre la Polynésie française et l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME ) ;
- projet de délibération portant approbation du projet d'avenant à la convention annuelle du 18 août 2014 relative au concours de l'Etat au financement des investissements prioritaires de l a Polynésie française (3e instrument financier) ;
- projet de loi du pays portant suppression du comité d'expertise douanière.
Voilà ce qu'en dit Teva Rohfritsch : "Sur le contrat de projets qui est une étape importante pour le Pays, il devrait y avoir un consensus. En tout cas en commission le Tahoera'a et A Ti'a Porinetia ont voté favorablement, il semblerait que l'UPLD se soit abstenu. Je pense qu'ils réservent leur position pour la séance.
Au sujet de la convention sur le retour de l'Etat au financement du RST, cela promet d'être un peu plus mouvementé. On a vu Gaston Flosse et Marcel Tuihani œuvrer en arrière-plan sur ce sujet là. Je ne suis pas certain que la majorité soit unanime sur cette question. Pour notre part nous avons aussi des questions à poser au gouvernement sur les négociations qui ont eu lieu. Je pense que le débat là sera un vrai débat pour voir quels sont les engagements que les uns ou les autres ont pu prendre au nom de la collectivité".
Le programme de la première séance, du mardi 3 mars est établi comme suit :
- projet de délibération portant approbation du projet de contrat de projets Etat-Polynésie française (2015-2020) relatif au financement de projets relevant des compétences de la Polynésie française et du projet de contrat de projets Etat-Polynésie française (2015-2020) relatif au financement de projets communaux ;
- projet de délibération portant approbation du projet de convention relatif à l'attribution par l'Etat d'une dotation
annuelle de 12 millions d'euros sur le triennal budgétaire 2015, 2016 et 2017 destinée au régime de solidarité territorial de l a Polynésie française (RST) ;
- projet de délibération portant approbation du projet de convention portant sur la 2e tranche du projet "Fiber To the Home " ;
- projet de délibération portant approbation de la convention annuelle 2014 ADEME - Polynésie française pour l'accompagnement de l a mise en oeuvre de la politique sectorielle des déchets, entre la Polynésie française et l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME ) ;
- projet de délibération portant approbation du projet d'avenant à la convention annuelle du 18 août 2014 relative au concours de l'Etat au financement des investissements prioritaires de l a Polynésie française (3e instrument financier) ;
- projet de loi du pays portant suppression du comité d'expertise douanière.
Voilà ce qu'en dit Teva Rohfritsch : "Sur le contrat de projets qui est une étape importante pour le Pays, il devrait y avoir un consensus. En tout cas en commission le Tahoera'a et A Ti'a Porinetia ont voté favorablement, il semblerait que l'UPLD se soit abstenu. Je pense qu'ils réservent leur position pour la séance.
Au sujet de la convention sur le retour de l'Etat au financement du RST, cela promet d'être un peu plus mouvementé. On a vu Gaston Flosse et Marcel Tuihani œuvrer en arrière-plan sur ce sujet là. Je ne suis pas certain que la majorité soit unanime sur cette question. Pour notre part nous avons aussi des questions à poser au gouvernement sur les négociations qui ont eu lieu. Je pense que le débat là sera un vrai débat pour voir quels sont les engagements que les uns ou les autres ont pu prendre au nom de la collectivité".