Terua : des loyers modérés pour la classe moyenne


Toutes les parties prenantes à ce projet ont participé à la pose de la première pierre : l'entreprise Puna Ora qui est opérateur de logement social privé agréé, l'État, le Pays, l'Agence française de développement, la commune de Arue et la banque Socredo.
PAPEETE, le 13 mars 2018 - La première pierre de la future résidence privée à loyer modéré, Terua, a été posée ce mardi. Financée à 45% par des subventions du Pays et une défiscalisation métropolitaine, elle permettra aux jeunes ménages ayant un emploi de trouver des logements de qualité aux loyers très raisonnables, et même d'accéder à la propriété dans des conditions très favorables.

La future résidence Terua va commencer à être construite à Arue, derrière le camp militaire, dans le quartier Bono. 67 logements allant du F2 au F5 seront proposés dans cette résidence proche du centre-ville. Tous les appartements seront proposés à la location pendant cinq ans, puis les locataires bénéficieront d'un programme d'accès à la propriété à des tarifs très avantageux.

Les futurs habitants de la résidence feront une affaire en or car le projet signe le grand retour de la défiscalisation nationale dans le financement de projets immobiliers. La LODEOM finance ainsi 25% du coût du projet, en complément d'une subvention de 300 millions de francs du Pays. En tout, plus de 700 millions de francs d'argent public est injecté dans le financement du projet, sur un budget de presque 1,6 milliards de francs.

La contrepartie pour ces aides sera de proposer des loyers très modérés dans la résidence, associés à des conditions de ressources strictes pour les futurs résidents :
- 22 logements seront réservés à des ménages modestes, touchant entre 1,2 SMIC (brut) pour une personne seule jusqu'à 2,7 SMIC pour une famille de 5 personnes ;
- 45 appartements sont destinés aux ménages aux revenus intermédiaires, touchant entre 1,6 et 3,6 SMIC selon la taille du foyer.

Tous les dossiers seront examinés par une commission regroupant l'entrepreneur, le gouvernement, l'Assemblée et la commune.

LE LOGEMENT SOCIAL PRIVÉ : UNE IDÉE QUI SE DÉVELOPPE EN POLYNÉSIE

La commune en particulier se félicite du lancement de la construction. Selon le maire de Arue, Philip Schyle, "il n'y a pas sur la commune d'autre projet de logements aidés à destination de cette catégorie de la population. Nous parlons des jeunes ménages qui ont un travail et quelques moyens, mais pour qui ce n'est pas encore suffisant pour être un jour propriétaire. Donc je me félicite de ce projet, car il y a dans ma commune des jeunes ménages qui aimeraient devenir propriétaires, mais qui pour l'instant ne peuvent pas donc restent chez leur parents ou ont loué un appartement quelque part. C'est vrai qu'il y a cette image que Arue serait une ville de gens aisés, mais il faut la nuancer car la population de Arue est très diversifiée. Il y a une partie de la population qui a besoin d'être aidée. Ils bénéficient de logements sociaux sur les hauteurs de Erima ou de Fare MTR souvent dans d'autres communes. Et il y a ces jeunes salariés qui ont aussi besoin d'être accompagnés." Le maire remercie également l'entrepreneur d'avoir fait l'effort de se coordonner avec la commune pour réussir son intégration dans le quartier.

Le ministre du Logement, Jean-Christophe Bouissou, remet le projet en contexte. En 2014, le gouvernement a ouvert la porte à la création d'opérateurs de logements sociaux privés. L'entreprise Puna Ora a été créée dans la foulée par Imagine Promotion, a été agréée à Papeete et à Paris, et a maintenant 3 résidences en construction en 2018, avec cinq résidences supplémentaires prévues pour 2019. Un investissement total de 5 milliards de francs. Le ministre nous explique que "la résidence Terua n'est pas le premier projet de logement social privé. D'autres opérations qui ne nécessitaient pas le financement de la défiscalisation métropolitaine ont bénéficié de subventions du Pays et ont déjà lancé la construction. Et comme c'est prévu dans les textes, il y a une répercussion de ces aides sur les loyers, avec une accession à la propriété. C'est comme ça que l'on arrive à des coûts au mètre carré très attractifs. Ici on aurait été à des coûts de plus de 3000 francs le mètre carré avec le foncier, et là on arrive à des loyers de 1259 francs le mètre carré, ce qui est extraordinaire."



Comment obtenir un logement ?

1. Prendre rendez-vous
Rencontrer un conseiller en attribution vous permettra de déterminer si votre situation familiale et vos revenus vous permettent de louer un logement avec option d’achat. Contact : 40 42 92 92, ou "Puna Ora" sur Facebook.

2. Construire votre dossier
L’attribution d’un logement nécessite que vous nous fournissiez les documents suivants :
- pièce d’identité ;
- 12 dernières fiches de paie ;
- documents justifiant la situation familiale (copie du livret de famille, acte de naissance, certificat de concubinage…) ;
- cartes CPS des membres de la famille ;
- relevé CPS.

3. Vérification du dossier par la banque Socredo

4. Commission d’attribution du logement. Elle est présidée par Puna Ora et les représentants des institutions suivantes :
- le ministère en charge du logement ;
- l’Assemblée de la Polynésie française ;
- la Commune de Arue


Franck Zermati, co-fondateur de Imagine Promotion et président de Puna Ora

" Le but est vraiment d'amener les jeunes ménages à la propriété "

Qu'est-ce que Puna Ora ?
"Puna Ora et le premier opérateur de logement social privé en Polynésie. Il a été créé suite à une loi de Pays votée en 2014, destinée à faciliter le logement social pour les classes intermédiaires. Puna Ora a été agréé par le gouvernement polynésien et par Bercy. Nous sommes donc une entreprise à but commercial, mais qui se destine à construire et gérer des logements sociaux. Comment ça fonctionne, c'est que tout part d'un financement tripartite : l'Etat, le gouvernement et le privé. Ça nous permet de bénéficier d'une défiscalisation nationale LODEOM, qui ne concerne que le logement social. Toutes ces aides permettent de proposer des logements à des prix très bas, qui sont attribués selon la procédure prévue par la réglementation, avec un dossier à monter et une commission. Cette résidence Terua est donc le premier projet suivant ce modèle, sur trois résidences qui vont être lancées en 2018. Il aura aussi une résidence de 78 logements à Faa'a et une autre de 38 logements à Papeete, sur les hauteurs de la Mission, puis cinq autres résidences en 2019. Tous ces projets peuvent être retrouvés sur notre page Facebook."

Le projet Terua va donc coûter près de 1,6 milliards, financés à 45% par de l'argent public ?
"C'est bien ça. La défiscalisation nationale va financer 25% du coût, plus environ 20% financés par une subvention directe du Pays, en cash. Et de notre côté, nous finançons avec des fonds propres et l'aide de la Socredo et de l'AFD. La mairie a aussi été très impliquée et nous a aidés à faire sortir le projet de terre. C'est vraiment un partenariat public/privé complet."

Peux-tu nous donner une idée des loyers et des conditions d'accès à la propriété pour cette nouvelle résidence ?
"Le but est vraiment de les amener à la propriété. Pendant une période de cinq ans il y aura une location à loyer modéré. Par exemple pour un jeune couple qui touche moins de 1,2 ou 1,6 SMIC, le F2 sera proposé à un loyer de 64 100 francs. Pour une petite famille, un jeune couple avec un ou deux enfants qui a un revenu de moins de 2 ou 3 SMIC, le F3 sera à un loyer de 92 400 francs par mois. À l'issue des cinq ans, ils pourront tous bénéficier de l'option d'achat et acquerront leur logement avec une mensualité environ 20% moins chère que le loyer. La période de cinq ans est la plus chère car il y a des frais de gestion, des charges, etc."



Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Mardi 13 Mars 2018 à 15:17 | Lu 10704 fois