Territoriales 2013 : retour sur les 9 ans qui ont suivi le "taui"


Oscar Temaru, Gaston Tong Sang et Gaston Flosse se sont succédé à la présidence du Pays de 2004 à 2013.
PAPEETE, vendredi 19 avril 2013. L’enjeu du scrutin territorial des 21 avril et 5 mai est le renouvellement de l’assemblée de Polynésie. De la répartition des élus au soir du second tour sera issu également le gouvernement qui sera aux manettes de l’exécutif du Pays. Avec pour ambition d’avoir réellement un mandat de cinq ans pour imprimer une véritable action politique. C’est un constat qu’il faut avoir en mémoire pour comprendre pourquoi la Polynésie est en proie aux difficultés économiques et sociales qui l’assaillent.

Depuis la victoire surprise d’Oscar Temaru, le 23 mai 2004, treize gouvernements, en incluant les remaniements ministériels, se sont succédé, le plus souvent au gré des changements d'alliances à l'assemblée. Des ministres démis de leurs fonctions, des présidents sans majorité, des coups de théâtre nés d'alliances inédites: depuis cette date la Polynésie française est en proie à l'instabilité politique. Cette grande valse avait été précédée de 13 années d'affilée de présidence sans partage de Gaston Flosse (1991-2004), sous la protection de Jacques Chirac, d'abord Premier ministre de la cohabitation puis président de la République. Depuis 2004, Oscar Temaru a été président cinq fois (en 2004, 2005, 2007, 2009, 2011), Gaston Flosse deux fois (2004, 2008) et Gaston Tong Sang (UMP) trois fois (2006, 2008, 2009).Certains de ces gouvernements n'ont été aux affaires que quelque mois.

La loi Penchard au banc d’essai

En 2007, le secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-mer, Christian Estrosi a proposé une loi visant à "rétablir la stabilité politique de la Polynésie". C'est un échec : le retour aux urnes, en février 2008, ne permet à aucun leader de dégager une majorité absolue. La présidence est même obtenue par Gaston Flosse, pourtant grand perdant des élections, grâce à une alliance de circonstance avec Oscar Temaru ! Son gouvernement ne durera que deux mois. Gaston Tong Sang lui succède pour dix mois, puis à nouveau Temaru pour neuf mois, puis à nouveau Tong Sang pour seize mois jusqu'en avril 2011. A ce moment-là, Gaston Tong Sang démet de leurs fonctions six ministres refusant de contresigner son budget, alors qu'il gouverne déjà sans majorité depuis plusieurs mois. Il ne contrôle plus que 9 sièges sur 57 à l'assemblée. Mais l'opposition ne parvient pas à le renverser, faute de s'entendre sur le nom de son remplaçant.

Le 1er avril 2011, l'indépendantiste Temaru lui ravit finalement la place de président du Pays.
Le 30 juin de la même année, une nouvelle loi organique est adoptée à Paris par le Parlement qui a pour ambition de mettre fin à cette instabilité chronique, préjudiciable à la bonne marche de la collectivité qui s'enfonce par ailleurs dans une crise économique. Cette loi Penchard réforme le mode de scrutin en introduisant une prime majoritaire de 19 sièges (sur les 57 de l’hémicycle territorial) pour la liste qui arrivera en tête au second tour. Elle limite également l’utilisation des motions de défiance. Elle sera utilisée pour la première fois sur ce scrutin de 2013.

Rédigé par ML avec AFP (Mike Leyral) le Vendredi 19 Avril 2013 à 17:27 | Lu 2846 fois