Terres rares : les fonds marins de Polynésie en regorgent


Indispensables dans la fabrication de nos téléphones mobiles, des écrans plats, des éoliennes, des panneaux photovoltaïques, des scanners, des lasers et de la plupart des objets high-tech, les terres rares sont devenues en l’espace d’une dizaine d’année, un enjeu économique et stratégique. La Chine, dépositaire de 50% des réserves connues et producteur de 95% de ces minerais au plan mondial, resserre toujours plus ses quotas d’exportation depuis 2006, au point de provoquer depuis 2010 des réactions de plus en plus vives de la communauté internationale.

Dans un article publié par la revue Nature Geoscience, Yasuhiro Kato, chercheur de l’université de Tokyo, affirme avoir identifié dans des prélèvements de boue effectués au-delà de 3.000 mètres de profondeur, à l'est de Tahiti, des quantités importantes des 17 métaux (Yttrium, Scandium et les 15 éléments qui forment la série des lanthanes dans le tableau périodique des éléments de Mendeleïev) qui constituent la classe star des matières premières de l'industrie microélectronique.

Ressource vitale pour l'industrie

Dans l'industrie, les terres rares on les trouve dans les appareils médicaux de l'imagerie par résonance magnétique (IRM), les lunettes de vision nocturnes des militaires, les circuits électroniques. Deux filières absorbent 40% des terres rares : les accumulateurs NiMH (Nickel-hydrure métallique), installés dans les voitures hybrides et les aimants haute performance, utilisés notamment dans les éoliennes. Deux secteurs de l'industrie liés à l'énergie et fondamentaux pour l'avenir. Selon les extrapolations que le chercheur de l’université de Tokyo peut obtenir à partir de ses prélèvements, le sol océanique sédimentaire du Pacifique contiendrait une quantité 1.000 fois supérieure aux réserves recensées sur la planète, soit 110 milliards de tonnes. Actuellement, la Chine extrait 120.000 tonnes, chaque année. Selon le chercheur japonais, qui a fait des prélèvements sur 80 sites dans les eaux internationales, l'exploitation de seulement 5 km 2 des gisements les plus riches suffirait à couvrir les besoins de l'industrie mondiale en terres rares pendant un an.

Bras de fer au plan local

Et alors que le Pays engage une réforme de son code minier, le sénateur Tuheiava tente, par une action parlementaire, de redéfinir les champs de compétence Etat/Pays avec un projet de loi organique visant à donner au Pays la capacité de réglementation sur les ressources des fonds océaniques, dans la Zone économique exploitable (ZEE). "Je sais que la France n’acceptera jamais cela", précisait Richard Tuheiava, jeudi 1 mars."C’est un problème qui a trait à la raison d’Etat. On a déjà tenté de me dissuader de faire voter la loi concernant Moruroa et Fangataufa. Ce qui m’intéresse c’est la réaction et la réponse qui sera apporté à ma démarche". Et il continuait en martelant,"Concernant la notion de ressources endogènes de la Polynésie française, j’en ai assez d’entendre qu’il n’y a pas de ressource en Polynésie que les ressources viennent d’ailleurs et que l’on ne peut pas vivre sans Ailleurs".
Une question demeure toutefois : le Pays peut-il exploiter ces ressources prometteuses sans le recours à une puissance de tutelle ou étrangère ?

Proposition de loi organique déposée par le sénateur Richard Tuheiava le 9 mars 2012 relative à l’actualisation de certaines dispositions du statut d’autonomie de la Polynésie française en matière de développement durable et endogène, et à l’actualisation de certaines dispositions du code minier national

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 14 Mars 2012 à 15:25 | Lu 9787 fois