Terevau en pleines turbulences


Le gérant de la SNGV Terevau, Tino Fa Shin Chong, a été démis de ses fonctions la semaine dernière en assemblée générale. Il a été remplacé par son ancien chef mécanicien, Maui Tetu, qu'il venait de licencier, et par une autre actionnaire, Heifara Faura…
 
La SNGV Terevau compte quatre associés : Tino Fa Shin Chong qui détient 35% des parts, la famille Faura 33%, le désormais ancien chef mécanicien du Terevau, Tetu Maui 20% et la famille Boosie 12%. Jusqu'à la semaine dernière, Tino Fa Shin Chong était aux commandes de la société dont il était le gérant. Mais depuis l'assemblée générale qui a eu lieu le 16 décembre dernier, il a été remplacé par son ancien chef mécanicien, Maui Tetu, et par une autre associée, Heifara Faura.
 
Selon l'ancien mécanicien, Maui Tetu, des problèmes seraient apparus entre lui et Tino Fa Shin Chong en 2019. "Nous avons tous les deux fait avec. Mais cette année, cela a empiré et cela a éclaté entre nous. Il m'a accusé de ne faire que de boire sur le bateau et il m'a licencié en novembre dernier". Hier licencié et aujourd'hui nouveau gérant de la société, Maui Tetu explique qu'en octobre dernier, Tino Fa Shin Chong a organisé une réunion avec l'équipage et le personnel à terre pour réfléchir ensemble sur l'avenir de la société. "C'est là que l'on s'est disputé et qu'il a évoqué l'idée de me licencier". Maui Tetu indique que pour licencier un cadre, l'avis d'autres cadres d'autres sociétés navales est indispensable. Ainsi, trois cadres issus respectivement du Tahiti Nui, du Marie Stella et du Terevau, et Tino, se sont penchés sur ce dossier et ont pris la décision, selon Maui Tetu, de le licencier. "Ce ne sont que des copains, on se connaît tous dans ce milieu-là". Maui Tetu a ensuite reçu sa lettre de licenciement par huissier.
 
L'ancien chef mécanicien explique également qu'avant lui, son épouse a elle aussi été licenciée par Tino Fa Shin Chong en octobre dernier. Ceci pour "avoir pris un verre lors de sa pause déjeuner". Mais pour Maui Tetu : "En dehors de ses heures, elle fait ce qu'elle veut. Il lui a ensuite reproché de ne pas être revenue sur son lieu de travail alors qu'elle avait encore une heure à effectuer". Maui Tetu explique ne pas avoir voulu contester ce licenciement à l'époque pour ne pas s'attaquer à sa propre société.

"Je ne vais pas me laisser faire"

Suite à ces deux licenciements consécutifs, l'ex-chef mécanicien du bateau a décidé d'aller rencontrer les autres actionnaires pour leur faire part de ses déboires. C'est ainsi que la semaine dernière, les associés se sont réunis à l'occasion d'une assemblée générale relative au bilan de l'année 2019. Et la décision a été prise de nommer Heifara Faura et Maui Tetu comme cogérants de la société. "Lorsque Tino Fa Shin Chong a appris qu'il ne serait plus le gérant de la société, il n'a rien dit. Il est resté muet. Ce sont l'expert-comptable et le commissaire aux comptes qui ont pris sa défense".
 
"Nous sommes en train de découvrir tout ce que Tino a fait pendant sa gérance. Il y a pas mal de choses pas justes qui ont été faites", affirme aujourd'hui Maui Tetu. Il explique vouloir vérifier les comptes de la SNGV Terevau et ceux de deux autres sociétés créées pour le groupe : Tere Uta et Terevau Piti. Maui Tetu explique que les employés "craignent un peu" ce changement de gérance et qu'une réunion a été organisée vendredi dernier avec le personnel. "On est allé avec Heifara à la rencontre des employés et on leur a souligné qu'ils étaient la force de la société. Que nous ne sommes pas venus pour les mettre dehors, mais par contre s'ils ne sont pas d'accord avec cette décision, la porte est grande ouverte. Personne n'a trouvé mot à dire"

Dans l'attente du Terevau Piti

Ces remous dans la SNGV Terevau pourraient également toucher la SAS Terevau Piti qui chapeaute le futur projet de ferry. En effet, Tino Fa Shin Chong est encore directeur général de la SAS. Toute la question de l'entente avec Maui Tetu est donc posée. "Si nous sommes à la tête du Terevau Piti et que les associés nous suivent et mettent Tino de côté, cela va fonctionner", souligne Maui Tetu. Dans le cas contraire, le nouveau gérant de la SNGV ne semble pas prêt à être conciliant…

Tino Fa Shin Chong est resté injoignable toute la journée de lundi.

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 21 Décembre 2020 à 20:33 | Lu 16508 fois