Teraireia Raffin, première polynésienne diplômée en neuropsychologie du vieillissement


Teraireia Raffin peut accompagner aussi bien les patients que leurs familles
PAPEETE, le 15/09/2016 - Elle aura 30 ans dans quelques jours, cette jeune polynésienne n'a jamais rien lâché. Après huit années d'études, elle obtient son diplôme en neuropsychologie dans le vieillissement, c'est-à-dire qu'elle étudie toutes les maladies de démences neurodégénératives (maladie d'Alzheimer, Parkinson, Accident vasculaire cérébraux…). Un métier qui passionne Teraireia puisqu'elle s'est toujours sentie proche des personnes âgées.

De la patience, c'est ce qu'il lui faut pour assurer au mieux son métier de neuropsychologue spécialisée dans le vieillissement. "J'ai toujours eu, comme le dit ma sœur, plus de patience. Surtout pour les personnes âgées atteintes de maladie d'Alzheimer, avec des troubles de mémoire, attentionnelles, où il faut être très patient, compréhensif. Il faut se mettre à leur niveau, en termes de rythme de vie. C'est vrai que j'ai toujours eu cette facilité de contact avec les personnes âgées, et pas du tout avec les enfants", raconte-t-elle.

Fraîchement installée au 1er étage de la clinique Mamao, Teraireia Raffin est la première polynésienne à exercer dans ce domaine, "parce qu'en France, il n'y a pas beaucoup de diplômes spécialisés en neuropsychologie dans le vieillissement. Il y a deux ou trois FAC et pas plus", explique-t-elle.

Pour atteindre ses objectifs, Teraireia a rencontré quelques difficultés, mais son dévouement à la tâche a toujours pris le dessus. "Viser la lune pour au moins toucher les étoiles" a été son leitmotiv depuis son plus jeune âge. "J'ai décroché mon diplôme en huit ans d'études. J'ai fait quatre ans avant d'avoir mon Master, j'aurai pu lâcher bien avant. J'ai fait un Master 1 à Paris, en deux ans avec un mémoire que je n'ai pas validé, c'était un Master de Neuropsychologique. Donc, comme Heiarii Wong, qui est neuropsychologue pour les enfants et les personnes âgées. Finalement, je suis descendue à Montpellier, pour rejoindre ma sœur et j'ai fait un Master 1 en psychopathologie et neuropsychologie du vieillissement. J'ai dû le faire en deux ans, après un couac avec les professeurs. La première année, je n'ai pas validé mon Master 1, j'aurai pu lâcher, la 2ème année aussi, et la 3ème année aussi. Finalement, j'ai tenu jusqu'à la 4ème (Paris + Montpellier). Pour le Master 2, les places sont limitées", raconte-t-elle.

LA NEUROPSYCHOLOGIE C'EST L’ÉTUDE DES MALADIES QUI ONT UNE ATTEINTE CÉRÉBRALE

Actuellement en Polynésie, on compte deux neuropsychologues, dont un qui répond au nom de Heiarii Wong et une qui travaille au Centre Te Tiare. Teraireia, elle, suit les personnes âgées. "Je suis spécialisée pour les adultes et les personnes âgées, c'est-à-dire toutes les maladies de démences neurodégénératives (maladie d'Alzheimer, Parkinson, Accident vasculaire cérébraux…). C'est l'étude de toutes ces maladies apparentées que l'on peut trouver dans le grand âge, à partir de 60 ans. Et en même temps, le même diplôme me permet d'être psychologue clinicienne."

La jeune femme a aussi passé "un diplôme de l'université en thérapie cognitives et comportementales. Donc, là ça me permet de toucher toutes les maladies plutôt psychiatriques, la schizophrénie, les dépressions, les troubles anxieux, dépressifs, alimentaires, les addictions… les TCC c'est comme cela qu'on les appelle. Cela demande une grande implication à la fois du patient et du thérapeute."

Depuis le 1er septembre, Teraireia Raffin est disponible, et elle peut accompagner aussi bien les patients que leurs familles. "Comme je suis clinicienne en plus, donc j'ai cette double casquette qui me permet de rencontrer, et les familles, et les patients. Et aussi de prendre ensemble des personnes, en faisant des stimulations cognitives, des groupes réminiscences qui sont basés sur le passé des personnes, sur un événement. Comme par exemple, un mariage, un décès ou un souvenir d'enfance, c'est quelque chose que je peux faire aussi. Et, rencontrer les familles aussi pour leur laisser un espace de parole."

Le parcours atypique de cette jeune femme a renforcé son caractère. "Quand on a un objectif, il ne faut jamais lâcher. Il faut dépasser tous les obstacles, avoir une grande force morale parce qu'en France, ce n'est pas facile. Ça nous fait prendre de l'assurance et nous fait mûrir un peu, parce qu'ici, on est dans un cocon, c'est la joie de vivre, c'est la simplicité, tout ce qui nous caractérise, le sourire, la gentillesse. La France, ce n'est pas pareil du tout. Donc, il faut s'endurcir. Ne jamais laisser rien ni personne nous détourner de notre objectif, et avec du travail et de la volonté, on y arrive."

Et cette force de caractère, elle l'a acquise grâce à sa famille : "papa, maman, mamie aussi ont des parcours de vie pareil. Ils ont eu à faire des choix, et ils n'ont jamais lâché. C'est vrai qu'avoir des modèles pareils, nous poussent ma sœur jumelle et moi à tout faire pour aller loin."

Ne jamais baisser les bras, c'est également le message qu'elle souhaiterait lancer aux jeunes polynésiens qui poursuivent leurs études aussi bien à Tahiti, qu'à l'étranger.

LE MESSAGE DE TERAIREIA AUX FAMILLES DES MALADES

"Il ne faut pas s'isoler parce que nous ne sommes pas les seuls à être dans ce cas-là. Ce lien psychologique avec la confusion des rôles, l'image du malade qui se dégrade. Souvent, ce sont des pères qui étaient des hommes forts avec de grosses responsabilités, qui se dégradent petit à petit. Les charges aussi physiques, quand elles prennent en charge des personnes malades, au niveau de la toilette, de l'habillage, des comportements qui vont avec et qui déstabilisent beaucoup. L'agressivité qui peut arriver… Donc, il ne faut pas s'isoler. Il faut venir faire diagnostiquer vos parents et ne pas s'isoler. Aller à la rencontre, par exemple, de l'association d'Alzheimer, qui prend un peu plus d'ampleur aujourd'hui."

Contact

Le 87 225 420 pour prendre rendez-vous

Tarifs : 9 700 Fcfp / heure, où tout est pris en charge (l'analyse clinique, la session des tests puis le compte-rendu après). En général, un bilan neuropsychologique dure deux heures. Taote Raffin peut également se déplacer. Ses tarifs, en dehors de Papeete et Pirae, s'élèvent à 11 500 Fcfp de l'heure.


Rédigé par Corinne Tehetia le Jeudi 15 Septembre 2016 à 08:39 | Lu 13790 fois