Terai Tarahu, jeune entrepreneur ambitieux


PAPEETE, le 28/01/2016 - Il a 22 ans et fabrique depuis septembre 2014 des rames et des ‘īato. Ce jeune entrepreneur, encouragé par son père connaît un réel succès, puisqu'il a vendu déjà plus d'une centaine de rames. Aujourd'hui, Terai Tarahu est plus que motivé pour que son affaire évolue. Son prochain projet est l'acquisition d'un atelier où il pourra travailler sans relâche.

Terai Tarahu est fabricant de rame et de 'īato (bois qui relie le balancier à la pirogue) depuis plus d'un an, une activité qu'il affectionne puisque qu'il rame depuis cinq ans dans un club de Faa’a. "J'aime ce sport, mais j'ai remarqué que les rames coûtaient vraiment cher, et j'ai voulu fabriquer mes propres rames. Dans mon cursus scolaire, j'ai suivi des formations pour être menuisier et j’ai eu mon baccalauréat. Ensuite j'ai fait un stage en menuiserie pour fabriquer des rames, jusqu'à je me sente prêt à en fabriquer moi-même", explique-t-il.

Si les rames sur le fenua se ressemblent en général, Terai, lui, a sa marque de fabrication. "Quand je me suis lancé à mon compte, trois mois après, j'ai commencé à travailler avec le carbone. Maintenant ça va, j'ai pris mes marques et je fais aussi des rames que l'on appelle hybrides (moitié carbone et moitié bois), sinon j'utilise le carbone pour renforcer la pale pour que ça soit plus rigide, vu que c'est la partie la plus sensible, et j'en mets aussi sur le manche."

L'essentiel pour ce jeune entrepreneur est de satisfaire la clientèle, parfois exigeante. "Les jeunes rameurs, de nos jours, veulent des rames légères mais rigides. Il faut trouver du bois léger. Parce que les rames en bois, plus tu fais léger et plus elles sont fragiles. Il faut trouver une solution pour les rendre plus rigides, comme le carbone ou de la fibre de verre."

Aujourd'hui, Terai Tarahu a vendu plus d'une centaine de rames, et, pour lancer son activité, il a emprunté 430 000 francs à l’Association pour le droit à initiative économique (Adie), "pour acquérir une raboteuse dégauchisseuse, une machine que je ne pouvais pas me permettre d'acheter. S'il fallait que je fasse des économies, ça aurait pris un voir deux ans, mais comme j'avais besoin dans l'immédiat et bien l'Adie m'a apporté cette aide".

Ce jeune entrepreneur de 22 ans travaille actuellement dans un atelier à Titioro : "J'ai commencé à la maison, et après j'ai eu des soucis avec le voisin qui a porté plainte contre moi, trop de bruit et trop de poussière."

Son souhait aujourd'hui serait d'avoir son propre atelier, et il peut compter sur sa famille qui sera toujours là pour le soutenir. S’il a plusieurs projets dans les cartons, il lance aussi un appel aux jeunes qui ne savent quoi faire de leur vie et qui ont envie de créer leur entreprise. "Il faut d'abord savoir ce que l'on veut, et après on se lance. Il faut aussi se renseigner parce que quand j'ai commencé, je ne me suis pas lancé tête baissée, je me suis renseigné sur les prix, les concurrents, comment il fallait faire, et une fois que j'étais prêt, et bien je me suis lancé." D'ailleurs, le jeune homme a remporté un concours, lancé par l'Adie depuis 2005 (lire encadré), dans la catégorie "jeune". Il recevra un chèque de 120 000 francs lors de la semaine du microcrédit qui démarre lundi prochain, à l'assemblée.

Wendy Mou Kui, directrice régionale de l'Adie

"On injecte dans l'économie locale près de 400 millions de francs"

"Le concours de l'Adie a été lancé en 2005, c'est un concours qui récompense les meilleurs projets que nous finançons. En interne, on sélectionne des projets qui correspondent à plusieurs catégories. Cette année, nous avons retenus quatre catégories :
L'accomplissement personnel : c'est vraiment pour récompenser le parcours de vie d'une personne et le succès qu'elle a eu.
La catégorie coup de cœur du jury environnement : ce sont les projets qui sont liés à l'environnement (préservation, etc.).
Le prix développement économique : c'est vraiment la success story où le développement est important et le chiffre d'affaires et le nombre de salariés sont assez importants.
Le prix jeune, où Terai a été sélectionné. C'était pour le récompenser pour son parcours en tant que jeune, de s'être lancé dans son activité qu’il a réussi à développer.
Actuellement, nous accordons des prêts pouvant aller jusqu'à 1,2 million de francs, mais nous sommes en train de revoir le plafond, nous avons demandé une autorisation par décret. Pour tout ce qui concerne le fonctionnement, on a des subventions publiques et privées (Etat, Pays, contrat de ville et communes).
Il y a également le volet crédit : nous empruntons aux banques pour donner aux porteurs de projets, et on est totalement indépendants sur ce projet-là. C'est-à-dire que c'est l'Adie qui engage sa propre responsabilité pour assumer le crédit.
On a eu l'autorisation de la Banque de France, donc on est habilités à donner de l'argent à des porteurs de projets. Chaque année, on injecte dans l'économie locale près de 300 à 400 millions de francs, pour un taux de pérennité des entreprises à 98 %
."

Terai a déjà vendu plus d'une centaine de rames sur le fenua.

Terai travaille pour le moment dans l’atelier d'un ami, à Titioro. Son prochain projet est d'acquérir son propre atelier.

Rédigé par Corinne Tehetia le Jeudi 28 Janvier 2016 à 16:36 | Lu 3923 fois