Tensions autour de la mise en oeuvre de l'accord de Durban sur le climat


BONN, 25 mai 2012 (AFP) - Cinq mois après l'accord de Durban, le lancement à Bonn (Allemagne) d'un processus de quatre ans devant mener à la signature d'un accord global plus ambitieux contre le réchauffement planétaire a fait rejaillir les tensions sur la répartition des efforts pour réduire le CO2.

Comme souvent dans les négociations onusiennes sur le climat, fragiles depuis le fiasco du sommet de Copenhague fin 2009, les questions d'organisation ont occupé une bonne partie des deux semaines de discussions qui se terminaient vendredi soir à Bonn (Allemagne).

Les ultimes blocages ont été levés lors des dernières heures de la réunion, permettant l'adoption d'un ordre du jour et la désignation des personnes chargées de conduire le processus adopté en décembre à Durban.

En Afrique du Sud, les 194 pays impliqués dans ces négociations avaient accepté le principe d'un nouveau régime juridique qui, adopté en 2015 et applicable à partir de 2020, engagerait tous les pays contre le réchauffement.

L'objectif est d'être plus ambitieux alors que les promesses faites jusqu'ici ne permettront pas, selon les scientifiques, de contenir la hausse du thermomètre mondial à +2°C depuis l'époque pré-industrielle, limite que s'est fixée la communauté internationale.

Une étude présentée à Bonn estime que les actions menées actuellement pour réduire les émissions de CO2 préparent la planète à un réchauffement d'au moins 3,5°C.

Chargée de lancer la mise en oeuvre des décisions de Durban, la réunion en Allemagne a vu réapparaître les tensions, principalement entre la Chine, plus grand pays émetteur de CO2 au monde, et les pays industrialisés.

"Certains des plus grands émetteurs ont dépensé trop d'énergie à essayer de reculer plutôt que de conforter les progrès", a commenté dans un communiqué la Commissaire européenne chargée du Climat Connie Hedegaard.

"Un petit groupe de pays entrave ce que le reste de la pièce fait", a renchéri devant la presse le négociateur en chef européen Arthur Runge Metzger, évoquant un groupe comprenant notamment la Chine.

Consensus

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"Nous sommes déçus et frustrés que les discussions à cette réunion se soient largement concentrées sur des questions de procédure", a également regretté le responsable de la délégation américaine, Jonathan Pershing.

La Chine avait refusé jeudi d'endosser la responsabilité des blocages, accusant au contraire les Etats-Unis, l'Europe et d'autres pays industrialisés de vouloir "échapper aux engagements juridiquement contraignants".

Le processus onusien a été lancé en 1992 en appliquant le principe de différenciation selon le niveau de développement des pays pour les efforts à fournir contre le réchauffement. Les pays industrialisés sont actuellement les seuls à avoir des engagements, notamment à travers le protocole de Kyoto.

La Chine redoute que les pays développés profitent du lancement du nouveau processus post-Durban pour s'affranchir de ce principe et demandent davantage d'efforts d'ici à 2020 aux pays émergents.

Face au risque de devoir voter, une procédure rarissime dans une enceinte fonctionnant par consensus, un compromis a été trouvé sur la question de la présidence du groupe de travail chargé de mettre en oeuvre l'accord de Durban.

L'accord prévoit que l'Inde et la Norvège co-présideront le processus jusqu'en 2013 et répartit l'attribution de la présidence jusqu'en 2015, partagée entre pays développées et en développement.

Un accord qui autorise un début de discussions sur le fond en vue de l'adoption d'un plan de travail détaillé lors de la prochaine grande conférence, en fin d'année au Qatar.

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Rédigé par Par Anthony LUCAS le Samedi 26 Mai 2012 à 05:49 | Lu 428 fois