Témoignage : le combat de Marie-Claire et Frédéric pour avoir un enfant


PAPEETE, le 11 février 2015. Marie-Claire et Frédéric ont ouvert la semaine dernière une page Facebook «FAAMU Marie&Fred ». Ils souhaitent adopter une petite fille en Polynésie. Marie-Claire ne peut pas avoir d'enfants. Le couple nous raconte leur combat pour devenir parents.


Marie-Claire et Frédéric se souviennent encore du jour où le médecin leur a annoncé que Marie-Claire ne pourrait pas avoir d'enfants. « Notre impossibilité à être parents est la blessure la plus douloureuse à vivre et à supporter », confie le couple qui vit dans les Alpes maritimes en métropole. Mais le désir de devenir parents est plus fort que la maladie. «Malgré ce diagnostic d'infertilité, notre désir de parentalité ne s'est pas éteint. Notre couple s'en est même trouvé renforcé, encore plus uni et solidaire », soulignent les amoureux. « Là où certains auraient pu craquer et se séparer, nous avons choisi de nous battre ensemble face à l'adversité. Nous avons toujours eu le désir de fonder notre famille, de prolonger notre amour en aimant aussi un enfant, notre enfant.»

L'histoire de la rencontre de Marie-Claire et Frédéric avait pourtant commencé comme celle de beaucoup d'autres couples. Il y a six ans, Marie-Claire qui a alors 37 ans, rencontre Frédéric, âgé de 34 ans. Après une longue période de célibat, ils se sont rencontrés grâce à des amis communs lors d'une soirée dans un restaurant. Le courant passe tout de suite entre eux. Dès le lendemain, ils se revoient et ne se sont plus quittés. Un an et demi plus tard, ils se disent oui devant le maire.

La forme la plus sévère de l'endométriose

Comme beaucoup de couples, ils décident alors de fonder une famille. Mais depuis plusieurs mois, Marie-Claire a des douleurs très intenses dans le ventre. « Les examens médicaux n'indiquaient rien : certains pensaient que cela pouvait être un désordre intestinal, des allergies alimentaires ou encore diverses choses », se souvient Marie-Claire. Mais au retour de leur voyage de noces en Martinique, les douleurs sont devenues insupportables. Finalement, après de nouvelles visites médicales, un gynécologue a diagnostiqué une maladie peu connue : l'endométriose. Cette maladie se manifeste par de violentes douleurs pelviennes, des règles abondantes et peut entraîner une infertilité. Marie-Claire souffre de sa forme la plus sévère. « Cette maladie était cachée, en sommeil, tant que Marie-Claire prenait une contraception : dès lors que nous avons fait le choix commun d'avoir un enfant et donc d'arrêter la pilule, la maladie a proliféré », explique Frédéric.

Face au verdict des médecins,
le couple décide de se tourner vers l'adoption. Cette démarche résonne de manière particulière pour Frédéric, son grand-père paternel étant un enfant adopté. « Il a toujours eu en tête qu'un jour, s'il le pouvait, il aimerait vivre l'aventure de l'adoption et ainsi poursuivre l'inscription symbolique de sa famille dans l'ouverture sur l'autre et pas uniquement sur une filiation de 'sang' », met en avant Marie-Claire.

Après s'être renseignés auprès d'associations, des services sociaux, de familles et d'amis qui ont adopté en Polynésie. Il y a une dizaine d'années, Frédéric a découvert la Polynésie lors d'un séjour et le fa'a'amu. Marie-Claire et Frédéric ont décidé que l'adoption fa'a'amu est la solution qui leur convient le mieux. « Cette façon de devenir parents nous ressemble, car elle est active et ouverte sur le monde », souligne Marie-Claire. « En effet, dans la tradition polynésienne, il n'est pas question d'abandon ni de rupture. On cherche une famille qui pourra donner le meilleur à un enfant, qui l'aimera sans concession ni contrepartie et qui aura à cœur de poursuivre le lien avec la famille d'origine de cet enfant. »

Marie-Claire et Frédéric ont reçu l'agrément en métropole
pour adopter une petite fille de 0 à 3 ans. Ils ont ouvert la semaine dernière une page Facebook «FAAMU Marie&Fred » pour raconter leur histoire et expliquer leur démarche. Du 10 juillet au 6 août prochain, ils seront au fenua pour expliquer leur démarche.







Marie-Claire et Frédéric : « Nous espérons tisser un lien fort entre deux familles »

Vous avez rencontré l'association Enfance et familles adoption. Comment vous a-t-elle aidés ?
L'association nous a mis en relation avec deux familles qui ont adopté en Polynésie et qui, comme nous, croient que la tradition du fa'a'mu est la seule qui pouvait leur correspondre. Elles ont construit chacune de belles familles heureuses et conservé des liens forts avec les familles d'origine. Ces rencontres nous ont encore confortés dans notre choix.

Vous avez été en contact avec des familles qui ont déjà adopté en Polynésie. A quelles difficultés ont-elles fait face ?
La vraie difficulté est celle de l'incompréhension. Il est vrai que certains couples d'adoptants ont certainement dû très mal se comporter en Polynésie : certains pensant arriver en « terrain conquis », d'autres agitant leur argent et cherchant à monnayer les relations humaines. Ces agissements nous dégoûtent. Il est donc normal que certains Polynésiens se sentent offensés par les démarches de couples qui viennent pour essayer de fonder la famille dont ils rêvent.
Une autre difficulté semble être la longueur des démarches administratives.
Les meilleurs conseils qui nous ont été donnés sont de venir en Polynésie.

Quelles sont vos appréhensions ?
Notre seule appréhension est celle de ne pas être reconnus dans notre démarche comme étant une démarche d'amour, respectueuse et sincère. Nous avons peur d'être confondus avec des gens qui viendraient faire « leur marché » à la sortie des maternités. Nous ne ferons jamais aucune démarche de la sorte. Nous essayerons de nous faire connaître par des familles de Polynésiens, raconter notre histoire et expliquer notre désir de parentalité. Nous espérons sincèrement ne heurter personne et au contraire tisser un lien fort entre deux familles, et ce, dans le respect du fa'a'mu.

Pour entrer en contact avec Marie-Claire et Frédéric, rendez-vous sur la page Facebook «FAAMU Marie&Fred »

Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 11 Février 2015 à 16:10 | Lu 6051 fois