Tematai Le Gayic, président de l'AEPF : "Les logements sont de plus en plus chers à Paris"


Nouveau président de l'association des étudiants de Polynésie française à Paris (AEPF) depuis le 28 novembre dernier, Tematai Le Gayic, étudiant en histoire et sciences politiques, évoque les projets de son bureau : le recensement des étudiants polynésiens à Paris, la mise en place d'un guide de l'étudiant, la création de livres d'or culturels ou encore la rénovation du siège de l'association.
 
Quelle est la principale difficulté des étudiants polynésiens à Paris ?
"Il y en a plusieurs. Mais au vu des retours des étudiants, la première difficulté c'est l'installation et notamment la question du logement et de la cherté de la vie. Les logements sont de plus en plus chers notamment à Paris. Il y a la question de la caution et aussi la différence de monnaie, avec le franc en Polynésie et l'euro à Paris… Avec toutes ces difficultés, beaucoup de nos étudiants quittent la France au bout de trois mois et rentrent au fenua car ils n'ont pas trouvé de logement."

 
Le problème de la carte vitale est-il réglé ?
"La difficulté de la carte vitale, c'est la lenteur des démarches. On peut rester à la CPS jusqu'à 21 ans sur la carte vitale des parents. Mais passé ce stade, il faut quand même attendre entre 4 à 6 mois (…) pour obtenir cette carte vitale. Néanmoins, ceux qui ont plus de 21 ans et qui ne sont ni à la CPS, ni à la sécurité sociale, ont une mutuelle et il peut y avoir des aides de remboursement de toutes ces charges."
 
Quels sont vos projets pour l'association ?
"Le premier projet est l'accompagnement durant tout ce semestre. Cette année est une année difficile, donc il faut accompagner sur le plan moral, psychologique par le biais d'activités culturelles, sportives, ou encore d'activités de formation.

« On a eu la chance de rencontrer le député Moetai Brotherson qui nous a proposé de mettre en place des formations, par exemple l'entrée dans la fonction publique. Nous aimerions également organiser des colloques qui aborderaient des sujets divers tels que ceux du nucléaire et de l’indépendance. Pour ce qui est du sujet de l’indépendance, nous avons pour projet de mettre en place un colloque en collaboration avec des associations d’étudiants calédoniens pour faire intervenir des personnalités politiques, des professeurs et spécialistes sur la Nouvelle-Calédonie. On abordera le sujet de la même manière pour la Polynésie ».

Il y a aussi l'accompagnement au niveau des études. Il y a des étudiants qui ne peuvent pas acheter de livres, donc l'association va venir en support pour essayer de les acheter et constituer une bibliothèque. La plupart des étudiants font les mêmes études et ils peuvent récupérer les livres des anciens étudiants.

Ou encore, on a besoin d'imprimer des photocopies et beaucoup d'étudiants n'ont pas les moyens de se payer une imprimante donc l'association va venir en support. Enfin, on aimerait mettre en place un accompagnement pour l'année prochaine lors de leur arrivée en France. Déjà à Tahiti, ils se posent la question de la banque, du vini, de l'assurance, du logement (...).

On est aussi en train de travailler sur le retour de nos étudiants au fenua et on aimerait discuter avec nos parlementaires de l'océanisation des cadres. Est-ce que nos étudiants venus faire leurs études pourront retourner au fenua pour travailler ?"

 
Que devient le foyer AEPF de Paris ?
"Il faut se rappeler que l'association a été créée en 1958 et qu'elle a acheté ce foyer en 1962. C'est une vieille dame (...). On aimerait que l'association reste propriétaire de ce foyer (...). C'est quand même le patrimoine de cette association et il y en a eu des étudiants qui sont passés dans ce foyer.
C'est comme une maison, lorsqu'il n'y a personne qui y habite, elle pourrit. Pour ce foyer, c'est la même chose. Il n'y a pas eu d'activité et forcément il a un peu vieilli. Nous, ce qu'on aimerait, c'est le rénover. Par quels moyens ? On en a discuté avec la délégation. Il y a le Pays et il y a aussi l'appel aux dons. Certains anciens étudiants de l'AEPF Paris aimeraient soutenir leur foyer car ils y ont vécu beaucoup de choses."

 
Dans quel état avez vous récupéré les locaux du foyer ?
"Ils n'étaient pas véritablement dans un bon état, encore une fois, c'est parce que les bureaux précédents n'ont pas eu de réel objectif peut-être pour l'AEPF… C'est une association qui doit mettre en place des activités pour que les membres puissent se sentir bien. Un foyer, cela sert à ce qu'il y ait du monde, de l'action, des événements. Si on ne fait rien, il ne s'y passe rien."
 
Enfin, vous avez pour projet de travailler avec tous les étudiants du Pacifique ?
"C'est un travail en collaboration avec le député Moetai Brotherson, qui nous a un peu soufflé de pouvoir discuter avec les étudiants du Pacifique. C'est dommage, nous sommes tous des enfants du Pacifique et on vient en France, notamment à Paris, sans que l'on puisse se rencontrer. Ici, on a l'occasion de connaître la culture de la France et tout ce qu'il y a à Paris.

Mais ce qui est intéressant aussi, c'est d'aller à la rencontre de nos frères et soeurs calédoniens, wallisiens et futuniens. Car au final, on est tous des enfants du Pacifique. Les étudiants de Wallis et Futuna sont contents car ils n'ont pas de siège à Paris par rapport à la Nouvelle-Calédonie où il y a la Maison de la Nouvelle-Calédonie et nous avec la délégation de la Polynésie. Ils sont contents qu'on les prenne avec nous et qu'on leur donne aussi de la visibilité. La question essentielle ici à Paris, des étudiants du Pacifique, c'est qu'on leur donne une visibilité, qu'on voit leurs difficultés. Parce que partir à 20 000 kilomètres de chez eux, c'est déjà une très grande difficulté."









Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 22 Décembre 2020 à 04:50 | Lu 2173 fois