Te niu o te huma s'engage pour la formation et l'insertion des travailleurs handicapés


"Notre mission est aussi de sensibiliser les entreprises à la problématique du handicap. Parce que le handicap reste encore aujourd'hui quelque chose qui fait peur au sein des entreprises", a expliqué Henriette Kamia, présidente de la fédération Te niu o te huma.
PAPEETE, le 20 février 2019 - ​Après 22 semaines de formation huit demandeurs d'emploi reconnus comme travailleurs handicapés ont reçu mardi leur attestation de fin de formation au siège de la fédération Te niu o te huma. Deux d'entre eux ont pu décrocher des CDI à la suite des stages effectués en entreprise. "Le handicap reste encore aujourd'hui quelque chose qui fait peur au sein des entreprises mais les choses évoluent dans le bon sens", a indiqué Henriette Kamia, présidente de Te niu o te huma.

Le handicap reste-t-il aujourd'hui au fenua un frein à l'emploi ? Oui serait-on tenté de répondre. Cependant le Pays  a pris des mesures dernièrement pour favoriser l'accès à l'emploi pour les personnes en situation de handicap, notamment dans l'administration. Et la fédération Te niu o te huma œuvre aussi de son côté pour la formation et l'insertion des travailleurs handicapés sur le marché du travail.
 
La fédération, présidée par Henriette Kamia, a ainsi répondu favorablement à l'appel d'offres lancé par le Service de l'emploi de la formation et de l'insertion professionnelle (Sefi), pour la formation PIOP (Préparation à l’insertion et à l’orientation professionnelle) destinée à des demandeurs d’emploi reconnus travailleurs handicapés par la Cotorep. "L'une des missions de Te niu o te huma est de lancer des formations professionnelles adaptées aux personnes handicapés afin de les rendre employables", a expliqué Henriette Kamia.
 
Huit stagiaires ont pris part à cette formation qui s'est étalée sur une période de 22 semaines. Au programme, des ateliers de remise à niveau en français, en mathématiques et en informatique. Des ateliers liés à la "définition d'un projet professionnel" étaient également prévus dans le cadre de cette formation, de même que des stages en entreprise.

SENSIBILISER LES ENTREPRISES

Et mardi les huit stagiaires ont reçu au siège de la fédération Te niu o te huma leur attestation de fin de formation. Par ailleurs, grâce à leurs stages d'immersion en entreprise, deux d'entre eux ont été embauchés en CDI, et les autres ont pu décrocher des stages "d'insertion travailleur handicapé" (SITH), "mais un CDD devrait se concrétiser sous-peu", s'est réjouie Henriette Kamia. Avant d'insister, "notre mission est aussi de sensibiliser les entreprises à la problématique du handicap. Parce que le handicap reste encore aujourd'hui quelque chose qui fait peur au sein des entreprises. Notre challenge est de réussir à gommer toutes ses appréhensions que peuvent avoir les chefs d'entreprise par rapport au handicap."
 
Félix Rohi, 28 ans et originaire de l'île de Fatu Hiva aux Marquises, a pour sa part décroché un CDI dans une entreprise spécialisée dans le matériel et les services liés à la sécurité incendie. Un joli pied de nez au destin pour ce grand brûlé (voir encadré). "J'ai fait deux stages dans deux entreprises différentes. L'une m'a proposé un SITH, et pour la seconde j'ai fait une candidature spontanée qui a débouché sur un CDI. J'ai fait ma visite médicale et je dois commencer au début du mois de mars. J'aurai un mois d'essai pour faire mes preuves", a confié le jeune homme.
 
Selon des chiffres communiqués par le gouvernement, et datant de 2017, sur les 12 397 personnes en situation de handicap, 5 963 ont une reconnaissance de travailleur handicapé. Parmi elles : 4 622 bénéficient d'une allocation spéciale,  361 occupent un emploi en milieu ordinaire, 920 bénéficient d'un stage travailleur handicapé et 19 travaillent en entreprise adaptée. Henriette Kamia précise d'ailleurs, "il y a aujourd'hui des personnes en situation de handicap qui travaillent dans de grandes entreprises. Elles sont d'ailleurs très satisfaites de leur travail. Ça nous fait une 'bonne pub' comme on le dit. Il faut continuer à travailler sur le terrain pour que les choses changent."

PAROLE A

Félix Rohi, 28 ans, grand brûlé
"J'ai beaucoup apprécié la remise à niveau en français et les ateliers professionnels"

Quand j'avais 8 ans avec mon grand frère on a joué au feu. On avait mis dans une boîte de corned beef de l'essence que l'on s'amusait à balancer sur le feu. Et puis la boîte a pris feu et dans la panique mon frère l'a lancé par accident dans ma direction. Mon visage a été touché, de même qu'une grande partie de mon corps. Je suis parti en evasan vers la Nouvelle-Zélande pour être soigné. Je ne sais plus combien de temps je suis resté là-bas, mais j'y suis resté un bon moment (…) À cause de cet accident je ne peux pas rester exposé trop longtemps au soleil. Et je dois aussi éviter de travailler avec des objets tranchants parce que les plaies s'affectent vite. Mais je ne me suis jamais considéré comme une personne handicapée.  Et puis il y a trois ans, ma campagne m'a convaincu de faire ma Cotorep. Je me suis inscrit au Sefi qui m'a orienté vers la formation PIOP proposée par Te niu o te huma. J'ai beaucoup apprécié la remise à niveau en français et les ateliers professionnels qui m'ont vraiment aidé à bien cerner mon projet professionnel.

Rédigé par Désiré Teivao le Mercredi 20 Février 2019 à 17:08 | Lu 1494 fois