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Te Vevo, la 1ère scène frappe fort


TAHITI, le 1er mars 2020 - La pièce de théâtre "Girls and Boys" donne la parole à une femme brisée qui invite à sa table quatre hôtes, des volontaires du public. Elle a remporté le Molière du seul(e) en scène 2019 et était présentée ce week-end au Petit théâtre de la Maison de la culture. Inoubliable.

Dans le cadre du festival Te Vevo organisé par la compagnie Caméléon, l’actrice Constance Dollé a présenté la pièce "Girls and Boys". Un seule en scène particulier où l’actrice invite quatre spectateurs volontaires à partager un repas.

En entrant dans la salle, et en observant les convives réunis autour d’une table fournie, l’ambiance est détendue. Mais la pièce, nerveuse et bouleversante, est une comédie qui sombre doucement et surement, dans la tragédie.

En fin de spectacle, l’actrice se lève pour "vous dire". Ce n’est pas la première fois qu’elle quitte la table depuis le début de la pièce, toutefois à cet instant, le basculement est saisissant. Constance Dollé plus convaincante que jamais, sait. Elle sait son texte mais surtout sa portée. Elle sait que chacun de ses mots va frapper.

Elle met en garde son assistance : "rappelez-vous que, quoi qu’il arrive, ce n’est pas arrivé". C’est une pièce. La rupture est consommée. La comédie n’est plus. Le silence, le vrai, lourd, pesant, s’installe. Sur scène, les quatre convives, comme un miroir du public en contre-bas, se figent. L’horreur est détaillée, bouleversante.

Tout avait pourtant bien commencé

Pourtant tout avait bien commencé. Constance Dollé a raconté la rencontre d’un homme de sa vie. Elle est, pour cela, revenue sur des anecdotes marrantes, croustillantes, truculentes. "J’ai rencontré mon mari dans une file d’attente d’Easy Jet, cet homme m’a tout de suite déplu." Elle a joué, sincère et forte, mais légère.

Puis, elle a enchaîné avec l’installation, les projets, les enfants.

Son récit, plein de verve, a été entrecoupé de scène de disputes et de réconciliation avec ses deux enfants. Les essentiels personnages.

Elle a expliqué comment ils ont, chacun de leur côté, mené leur carrière professionnelle. Elle a rapporté l’échec du père de ses enfants, la séparation et, enfin, la destruction.

Au passage, Constance Dollé mettant toute la puissance de son jeu au service du texte du Britannique Dennis Kelly a interrogé sur la place de la femme, son évolution, ses engagements avec elle-même et avec la société, ses permissions. "Notre amour était intense, dingue. Enfin, je n’ai pas besoin de vous l’expliquer, vous l’avez déjà vécu au moins une fois dans votre vie, vous savez ce que c’est. Enfin, j’espère ! Sinon, rentrez chez vous, vous pouvez vous tirer une balle."

Elle a questionné sur le couple, la parentalité, la violence, le respect de l’autre, sur les regrets, les non-dits, la brutalité de l’humain.

Parce que la pièce "prend aux tripes", comme le dit l’actrice elle-même, elle bouscule. "On met le public au travail" lors de la représentation mais aussi pour le temps qui suit.

À vous la parole

À l’issue de chaque projection cinématographique et de chaque représentation théâtrale du festival Te Vevo, des débats sont organisés. Ils sont menés par des journalistes qui donnent la parole à des professionnels de terrain, chercheurs, représentants d’associations ou d’organismes privés et publics. Les spectateurs après une courte pause sont encouragés à prendre la parole pour faire évoluer le thème abordé. Cette première semaine a traité du thème : La Place de la femme dans la société polynésienne.


Te Vevo revient dès mercredi

Cette semaine, les spectacles du festival illustreront un nouveau thème qui est : les enjeux liés à l’alimentation.

Mercredi 4 mars à 18h30 aura lieu la projection du film

Jeudi 5, vendredi 6 et samedi 7 à 19h30 et le 8 mars à 17 heures, sont prévus Une lecture performance de Paul Wamo suivi de la représentation Le Dernier ogre.

Projection et représentations seront suivis de débats.


Rédigé par Delphine Barrais le Dimanche 1 Mars 2020 à 19:28 | Lu 1515 fois