Te Reo Tumu : un plaidoyer pour les langues polynésiennes


PAPEETE, 24 novembre 2016 - Le principe de la transmission est au cœur du documentaire de 52 minutes "Te Reo Tumu, la langue maternelle" que diffuse Polynésie 1ère, lundi 28 novembre à 19 h 20 en marge de la Journée des langues polynésiennes.

La journaliste Cybèle Plichart signe ce travail en forme d’interpellation. Quelle est la situation de la transmission du reo ma’ohi aujourd’hui, ses ressorts historiques ? Quelle est la place de cette langue dans la société tahitienne moderne ? Quel est son avenir ? Le diagnostic n’est certes pas fameux ; mais l'espoir demeure. Aussi "Te Reo Tumu, la langue maternelle" apparaît-il comme une invitation au combat de tout un chacun pour la sauvegarde du reo ma’ohi : la sauvegarde du véhicule de l’imaginaire et de l’identité du peuple polynésien.

"Même si au quotidien je voyais bien que mes collègues journalistes avaient du mal à trouver des locuteurs en tahitien pour le ve’a, je ne mesurais pas la situation", se souvient Cybèle Plichart. "J’ai toujours relativisé en me disant que si le tahitien se perdait à Tahiti, il était bien vivant dans les îles… Sauf que 75 % de la population est concentrée à Tahiti et Moorea ! Donc il y un vrai souci. La crainte c’est cette effroyable phrase de Jacques Vernaudon : « si on ne fait rien, dans une génération nous aurons affaire à une langue morte ». C’est impensable, nous devons réagir !"

Il y a urgence, en effet. Le dernier recensement général de la population a mesuré en 2012, que 23% des Polynésiens âgés de 15 ans et plus déclarent parler le tahitien en famille. Mais ce que l’on observe dans le détail, c’est que 42% des personnes âgées de 70 à 79 ans, 23% des 40-49 ans et seulement 11% des 15-19 ans déclarent une langue polynésienne comme étant "la plus couramment parlée en famille".

"Compte tenu du fait que la génération des plus jeunes ne sera pas en mesure de parler à ses propres enfants, cela nous conduit assez inexorablement à une rupture", estime l'enseignant-chercheur en linguistique océanienne Jacques Vernaudon : "Les parents doivent savoir quels sont les bons usages linguistiques en famille. C’est un enjeu sociétal d’ensemble. (…) La transmission des langues passe aussi et surtout par l’engagement des familles. J’entends bien évidemment l’engagement de celles qui disposent encore du capital linguistique (…). Et il y en a. Mais encore faut-il que la société soit convaincue de ce choix-là".

En s’intéressant au cheminement de particuliers, à des initiatives de la société civile, des expériences pédagogiques en cours, le documentaire "Te Reo Tumu, la langue maternelle" nous propose de reconsidérer l’attitude que nous avons à l’égard du tahitien… avec pour secret objectif de donner envie à tous d'apprendre et de transmettre. A voir sur Polynésie 1ère, lundi 28 à 19 h 20.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 24 Novembre 2016 à 11:23 | Lu 1646 fois