Taxe, foncier, cancers... le gouvernement face aux élus


Avec six questions orales au menu de cette 3ème séance de la session budgétaire, le gouvernement sera bien occupé toute la matinée à répondre aux élus de la majorité comme de l'opposition. (crédit photo archives SD)
Tahiti, le 16 octobre 2024 - De la future hausse de la TVA sur les produits sucrés à la révision de l'aide à l'installation des jeunes diplômés, en passant par l'imposition foncière des voiliers, les maladies radio-induites ou encore le soutien à l'association Tamarii Nuutania, et l'accès au bateau Vaearai, les élus de la majorité comme de l'opposition auront beaucoup de questions à poser au gouvernement ce jeudi à l'assemblée. 
 
 
La matinée de jeudi devrait être essentiellement consacrée aux questions orales des représentants de Tarahoi avant qu'ils ne passent à l'examen des cinq rapports inscrits à l'ordre du jour. Au menu, trois questions de la part d'élus du Tavini, deux du Tapura et une de Ahip. C'est le patron du Tapura, Édouard Frith, qui doit ouvrir le bal en demandant au ministre de l'Économie, Warren Dexter, des précisions concernant la future hausse de 11% de la TVA sur les produits sucrés (passant ainsi de 5 à 16%) en l'élargissant aux produits salés et gras. Une décision “louable” en matière de santé publique, admet l'ancien président du Pays qui s'inquiète néanmoins de son effet pervers en raison des conséquences “indéniables” que cela aura sur le pouvoir d'achat des Polynésiens. “Pour les foyers les plus aisés, l'adaptation sera possible, mais pour les ménages à faibles revenus, cela pourrait signifier un recours à des produits de qualité inférieure”, s'inquiète Édouard Fritch qui demande donc à Warren Dexter s'il a prévu des “mesures d'accompagnement” pour ces ménages les plus modestes.
 
Même ministre, autre représentant. L'élu Tapura Simplicio Lissant va lui aussi interpeller le ministre de l'Économie sur un sujet qui lui tient à cœur en tant que maire de Punaauia : l'imposition foncière des voiliers utilisés à des fins d'habitation. Sans demander une “liste nominative des assujettis” qui viendrait compromettre le respect du secret professionnel, le tāvana souhaiterait connaître “la part que représente cet impôt spécifique” dans les comptes du Pays à quelques semaines de l'examen du prochain budget.

Nicole Sanquer, de son côté, s'inquiète de l'avenir de l'association Tamarii Nuutania suite à la suppression des CAE. Œuvrant en faveur de la prévention de la délinquance, de la lutte contre la récidive, mais aussi de la réinsertion de personnes détenues grâce à son projet agricole “Mā'a Hotu”, l'association ne peut donc plus “faire appel à cette catégorie de contrats”, et ne bénéficie d'aucune aide financière du Pays. Une situation à laquelle la représentante non-inscrite Ahip demande au gouvernement de remédier.

 
Revoir les critères d'éligibilité pour s'installer comme jeune diplômé
 
Très sollicité ce jeudi, le ministre de l'Économie et des Finances devra aussi répondre à Tematai Le Gayic qui s'inquiète de “l'efficacité et de l'équité” de l'aide octroyée pour l'installation des jeunes diplômés. Une aide qui selon le représentant du Tavini, “pourrait être détournée de son objectif initial, en ne bénéficiant pas suffisamment aux jeunes Polynésiens”. Il souhaiterait ainsi que le gouvernement révise les critères d'éligibilité à cette aide en intégrant “des conditions telles que l'obligation d'avoir obtenu son baccalauréat en Polynésie et d'avoir été bénéficiaire d'une bourse du Pays ou de l'État”.
 
Toujours dans les rangs de la majorité Tavini, Mitema Tapati demande au ministre notamment chargé des Transports maritimes, Jordy Chan, d'intervenir “rapidement” auprès du Port autonome concernant “la passerelle d'accès passagers du navire de transport Vaearai” qui est endommagée et dont l'utilisation est suspendue depuis plusieurs semaines.
 
De son côté, Hinamoeura Morgant-Cross, qui siège toujours avec les bleus, risque encore d'en agacer quelques-uns en dénonçant “l'inertie” du ministère de la Santé face aux maladies radio-induites qui ne font l'objet d'aucune campagne de sensibilisation. Après plusieurs interpellations restées sans réponse, elle se dit aujourd'hui “contrainte” de lancer sa “propre campagne”. Et profite de la tribune que lui offre l'assemblée pour appeler “les membres d'un gouvernement indépendantiste élus sur un programme dont l'une des mesures phares était de faire reconnaître le fait nucléaire et ses conséquences”, à prendre des “mesures concrètes pour informer et protéger la population”.
 
Le ministre de la Santé attendu au tournant
 
Cédric Mercadal risque d'être sous le feu des questions ce jeudi aussi à l'occasion de l'examen du compte financier de l'Institut du Cancer et des comptes administratifs du CHPF pour l'année 2023. Il faut dire que l'audit sur l'hôpital de Taaone est très attendu, pour ne pas dire réclamé par de nombreux élus.
 
Un rapport qui selon nos informations, remettrait clairement en cause l'organisation et la gestion des ressources humaines du CHPF, avec des mauvaises conditions de travail, et donc un turnover qui s'aggrave, un taux d'absentéisme important, et une déficience des postes pourvus. De quoi remettre en cause les méthodes de la direction dont l'approche purement comptable serait considérée comme problématique au regard des conséquences sur les prestations de soins rendues aux patients. Ça tombe bien, annoncé depuis déjà quelques temps, le départ de la directrice du CHPF, Claude Panero, serait aujourd'hui imminent.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 16 Octobre 2024 à 16:12 | Lu 2347 fois