Tavini Huira'atira : une pétition pour préserver la "souveraineté" sur nos ressources naturelles


Le Tavini Huira'atira portera les résultats sur cette collecte de pétitions à l'ONU, et devant notre gouvernement local et français.
FAAA, le 18/07/2016 - Le combat pour faire de la Polynésie un État souverain continu pour les leaders indépendantistes polynésiens. Après le vote, fin juin, d'une résolution par le comité 24 de l'ONU, une pétition circule actuellement concernant nos ressources naturelles. Pour le Tavini Huira'atira, il est important aujourd'hui de préserver cela. Les leaders attendent plus de 100 000 signatures, qu'ils présenteront en octobre lors de la 4e commission de décolonisation des Nations Unies.

"On va se faire avoir par la France, il faut faire vite", le message d'Oscar Temaru est clair. Il veut passer à la vitesse supérieure concernant l’auto-proclamation de ce Pays en état souverain.

Le processus au niveau de l'Organisation des Nations Unies (ONU) avancerait d'ailleurs en ce sens. Le 30 juin dernier, le comité des 24, un comité spécial de suivi de la décolonisation a adopté une nouvelle résolution "qui réclame d'une part une attention particulière concernant la question des conséquences des essais nucléaires français en Polynésie, et réaffirme d'autre part le caractère inaliénable de la propriété des ressources naturelles, quelles qu'elles soient, en faveur du Peuple Mā'ohi", explique le communiqué du Tavini Huira'atira. "Une fois que la 4e commission aura statué sur cette résolution, en octobre. Elle sera transmise à l'assemblée générale en décembre, qui votera l'adoption finale de cette résolution", informe Moetai Brotherson, conseiller du Tavini Huira'atira aux affaires internationales.

Dans cette nouvelle résolution, les deux émissaires polynésiens à l'ONU, Richard Tuheiava et Moetai Brotherson, reviennent sur la nécessité de mettre en place une commission d'experts indépendants. "Pour que la France se charge réellement du dédommagement des victimes et de la gestion des conséquences de ces essais", prévient Moetai Brotherson. "Le comité de décolonisation demande à la France de donner les informations et d'accepter que les scientifiques neutres viennent chez nous et fassent les recherches épidémiologiques sur ce qui s'est passé dans notre Pays durant les 30 années d'essais nucléaires qu'il y a eu chez nous, de 1966 à 1996", ajoute Oscar Temaru.

Concernant cette fois-ci les ressources naturelles, il est important, pour le parti indépendantiste que cela soit "la propriété souveraine des peuples" autochtones. "Jusqu'à présent, nous n'avions pas la possibilité de nous opposer à une éventuelle décision française d'exploitation de ces ressources, d'octroi des licences… c'est vrai que le statut dans son article 47 dit, qu'en théorie nous avons la compétence sur la recherche et l'exploitation de ces ressources. Mais, quand on lit cela, on oublie l'article 14 qui dit oui mais, sauf si ce sont des matériaux stratégiques. Or, la définition de ce qu'est un matériau stratégique ne nous appartient pas, elle n'est même pas discutée au parlement français, ni à l'assemblée nationale, ni au Sénat. Elle régit d'une simple décision du Président de la République française. On va prendre un exemple : si demain, François Hollande décidait que le "maito" devenait un matériau stratégique, on n'aurait plus le droit de le pêcher", souligne Moetai Brotherson.

Selon Oscar Temaru, ces ressources naturelles enfouies au fond de l'océan Pacifique pourraient largement suffire pour développer ce Pays. Il l'a dit à maintes reprises : "rien que son exploitation au km² et sur 100 km², c'est 150 000 milliards de francs, ce qui représente le budget de notre Pays sur 1 000 ans. C'est pour faire réfléchir notre population et notre Pays sur l'importance de nos ressources. Or ce Pays fait 5 000 000 km²". Une manne importante qui ne laisse pas indifférent le président du Tavini Huira'atira.

D'ailleurs, une pétition circule "par rapport aux multinationales européennes (allemandes, françaises…) qui s'apprêtent à venir exploiter ces ressources. Donc, il faut leur dire non ce n'est pas à la France, cela nous appartient", assure Oscar Temaru.

Une pétition qui sera déposée lors de la 4e commission de décolonisation des Nations Unies, prévue en octobre à New-York. Le parti indépendantiste attend "plus de 100 000 signatures", ironise Moetai Brotherson. "Nous souhaitons partir à New-York avec le soutien de notre population en octobre", espère le président du Tavini Huira'atira.

Dans son combat pour l'indépendance, Oscar Temaru souhaiterait que le gouvernement local lui apporte son soutien. "Ils sont 29 actuellement dans la majorité, avec dix de l'UPLD cela fait 39, c'est une majorité absolue et j'ai déjà posé la question à New-York. Ils sont prêts à nous recevoir, pour que cette demande soit faite au comité 24 puis à la 4e commission avant de passer en assemblée générale, pour que l'on soit le 194e État souverain de l'ONU".

Et de conclure, "il faut faire l’auto-proclamation de notre Pays en État souverain. À ce moment-là, on discute d'un accord de coopération avec la France, les États-Unis, les chinois…"

D'ailleurs, le nouveau quartier général du Tavini Huira'atira a été inauguré samedi dernier à Tavararo, à Faa'a, un vaste espace pouvant accueillir jusqu'à 300 personnes.

Le nouveau QG du parti indépendantiste a été inauguré samedi dernier

Oscar Temaru
Président du Tavini Huira'atira

"Le système actuel (...) c'est ce que l'on appelle une économie factice, artificielle"


"Pourquoi faire un référendum ? Quand ils sont venus occuper notre pays, il n'y a pas eu de référendum, je connais bien l'histoire de notre pays. Ils sont venus occuper notre pays par la ruse et la force. Nous sommes 57 élus à l'assemblée territoriale et là on sera 39. (...).

Ensuite nous pourrions faire avec les experts des Nations Unies notre constitution. On parlera de toute l'organisation dans notre Pays, la place des archipels. Nous sommes pour un Etat fédéré de Mā'ohi Nui. Chaque archipel avec son gouvernement et son 1er ministre. Et la place des communes également dans cette organisation. Avec un gouvernement démocratique, républicain élu par la population avec les élus de l'assemblée puis du parlement. On ne parlera plus d'assemblée générale mais d'assemblée nationale, du Sénat pour faire passer des lois pour gérer notre pays. Et à ce moment-là, seulement, on pourra parler de développement économique. Le système actuel qui a été mis en place depuis 150 ans, c'est ce que l'on appelle une économie factice, artificielle, ça ne repose sur rien, sinon sous perfusion, alors que nous avons des ressources.(...).

On parle du développement du tourisme dans notre Pays, on sait très bien que pour venir chez nous, il faut avoir un visa, tout cela ce sont des compétences de l'État. Il faut maitriser tout cela. Et dans cette constitution à ce moment-là, on aura toutes ces compétences.
"


Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 18 Juillet 2016 à 17:25 | Lu 4073 fois