Tara-Méditerranée: une goélette communautaire


HÉRAKLION, 23 août 2014 (AFP) - Dans la tradition des expéditions naturalistes des 18e et 19e siècles, la goélette océanographique Tara accueille un équipage composite de marins, scientifiques, artistes et chroniqueurs qui forment une seule et même communauté, astreinte, sans distinction de grade ou de qualification à l'éventail des tâches présidant à la bonne marche du bateau.

Depuis plus de 10 années et autant d'expéditions à connotation scientifique sur toutes les mers et océans dans les deux hémisphères, Tara qui navigue actuellement en Méditerranée pour y étudier la pollution au plastique, n'est pas un navire océanographique comme les autres.

Si le savant et le navigateur, le peintre ou le publiciste observent la division du travail en exerçant leurs métiers dans leurs domaines respectifs, les uns et les autres se retrouvent pour participer aux manoeuvres de navigation, aux tâches de manutention scientifique et surtout à la panoplie des travaux ménagers quotidiens.

Naviguer sur le deux mâts de 36 m impose au scientifique d'être matelot, au marin de se muer en auxiliaire de la science, à l'artiste peintre ou photographe ou rédacteur d'assurer des quarts de 3 heures, de jour comme de nuit et à tous, chacun à son tour, de dresser et débarrasser la table du déjeuner et du dîner et de faire la vaisselle et le ménage.

Cette symbiose, marque de "l'esprit Tara", est peu courante. Sur la plupart des navires d'expéditions scientifiques, l'équipage d'un côté, les chercheurs et autres représentants de diverses professions à bord, restent cantonnés dans leur pré carré.

- Le boss lessive les toilettes -

Il ne viendrait à l'idée de personne, à bord de "la baleine" (surnom de la goélette en raison de ses formes arrondies) de tenter de déroger à la règle commune.

Quand il vient à bord, le propriétaire du bateau Etienne Bourgois, président de Tara Expéditions et par ailleurs directeur général du groupe Agnès b., coiffe la lampe frontale,enfile les gants de vaisselle et empoigne, quand vient son tour, la balayette des toilettes ou l'aspirateur....

"Le maître mot à bord est +humilité+", estime Gaby Gorsky, l'océanographe et directeur scientifique de la mission Tara-Méditerranée:

"L'esprit Tara est égalitaire dans le respect des qualifications des uns et des autres. L'aventure est autant humaine que scientifique. C'est un privilège de fonctionner en communauté pour un objectif commun. Cet esprit stimule la volonté de réussite et d'atteinte de l'objectif scientifique poursuivi. Tara, on y vient et on y revient. Aucune tâche n'est dégradante à bord".

Depuis plus de 10 ans, 330 personnes de 40 nationalités, de tout métier et qualification, ont participé aux différentes expéditions de la goélette, du pôle nord au pôle sud, sous tous les méridiens et latitudes.

Aucune ne s'est plainte de la vie à bord. Toutes en redemandent.

Rédigé par () le Samedi 23 Aout 2014 à 07:17 | Lu 212 fois