Taputapuatea : " notre Vatican ou notre Mecque à nous" selon Heremoana Maamaatuaiahutapu


PAPEETE, le 23 juin 2015. Une délégation polynésienne emmenée par Edouard Fritch, Président de la Polynésie française, Lionel Beffre, Haut-Commissaire de la République en Polynésie Française, et Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre de la Culture, a défendu ce mardi, à Paris, devant le comité national des biens français, le dossier de candidature à l’inscription du site de Taputapuatea au patrimoine mondial de l’Unesco.

Ils étaient une trentaine d’experts, réunis dans la grande salle Malraux du ministère de la Culture et de la Communication, à l’occasion de cette audition présidée par Vincent Berjot, Directeur général des patrimoines, en présence notamment de Philippe Lalliot, Ambassadeur de France auprès de l’Unesco.

"J’y crois de tout mon cœur", a indiqué le Président Edouard Fritch au terme de l’audience qui aura duré trois bonnes heures. "Nous avons dit au comité combien l’inscription de ce site de Taputapuatea était essentielle pour la Polynésie française, la France et l’Océanie" a-t-il ajouté. Dans son esprit, la France trouverait d’ailleurs là une opportunité d’exister au travers de la culture océanienne.

Lors de ce "grand oral" tout à la fois politique et technique, la délégation polynésienne a présenté tous les atouts de son dossier. A commencer par sa dimension historique puisque le président Edouard Fritch a souligné que Taputapuatea n’était pas seulement le site le plus important de la Polynésie française, mais aussi celui de l’ensemble du triangle polynésien qui s’étend d’Hawaï à la Nouvelle-Zélande, en passant par l’île de Pâques. On parcourait parfois 5 000 km en pirogue pour rejoindre ce haut lieu maohi, sacré, carrefour politique, spirituel et culturel.

Notre Mecque à nous

Heremoana Maamaatuaiahutapu a indiqué que la délégation était aussi venue demander conseil afin d’améliorer son dossier de candidature. Un dossier qui, selon le ministre de la Culture, a été "très apprécié". Certains représentants de l’Etat se sont d’ailleurs dit impressionnés par la qualité de l’exposé et la charge émotionnelle qu’il portait. "Il est vrai que ce bien concerne l’ensemble du monde polynésien. Il est vivant. J’ai osé parler de lui comme de notre Vatican ou notre Mecque", a-t-il souligné.

Notamment en charge de l’Environnement, Heremoana Maamatuaiahutapu a précisé que cette audience avait révélé qu’il était nécessaire d’apporter des études complémentaires sur la faune et la flore. Ces études sont d’ailleurs en cours actuellement.

Le ministre de la Culture a particulièrement mis l’accent sur la nécessité qu’il y aura de bien gérer le flux touristique afin de préserver le site. L’inscription aurait, en effet, pour conséquence d’augmenter de 20% la fréquentation touristique. Il a enfin annoncé qu’une telle inscription permettrait la création de nombreux emplois pour les jeunes de Raiatea qui seront formés au métier de guide.

Ce classement en paysage culturel est d’autant plus espéré car il valoriserait à juste raison, dans le monde entier, la civilisation maohi qui s’est développée du 10e au 18e siècle.

En octobre prochain, la France fera le choix ou non de porter le dossier de Taputapuatea au patrimoine mondial de l’Unesco. Le dépôt est prévu en janvier 2016, pour une décision définitive attendue fin 2017.Sur les 39 sites français déjà classés par l’Unesco, seul un est d’outre-mer. En août 2010, les Pitons, cirques et remparts réunionnais, ont ainsi été inscrits sur la liste des biens naturels du patrimoine mondial. L’Etat, bien conscient de ce déséquilibre, souhaite y remédier.


Rédigé par d'après communiqué de la Présidence de Polynésie le Mardi 23 Juin 2015 à 10:08 | Lu 2077 fois