Tama nō Aimeho Nui contera la légende des deux oies aux yeux perçants


Cette nouvelle troupe basée à Moorea nous contera la légende de deux jumeaux aux yeux perçants.
PAPEETE, le 5 juillet 2018 - "Ta'inuna o nā mo'orā i te mata 'o'oi" (Ta'inuna, l'île des deux oies rouges aux yeux perçants), c'est le thème de la nouvelle troupe de danse "Tama nō Aimeho Nui", basée à Moorea. L'histoire parle d'une rivalité entre un frère et sa sœur pour succéder à leur père, le roi Tenu'upana'i.

Menée par Adélina Hanere, la troupe "Tama nō Aimeho Nui" se lance pour la première fois au Heiva i Tahiti, dans la catégorie Hura Ava Tau. "C'était un rêve pour moi", lance Adélina Hanere. La chef du groupe a donc lancé un appel aux habitants de l'île sœur pour composer sa troupe.

Aujourd'hui, "Tama nō Aimeho Nui" est composé de près de 120 éléments, dont 81 danseurs et danseuses, ainsi que 35 membres au sein de l'orchestre.

Et pour leur première participation, le groupe de danse de Moorea développera sur la scène de To'atā, la légende de "Ta'inuna o nā mo'orā 'ura i te mata 'o'oi (Ta'inuna, l'île des deux oies rouges aux yeux perçants)".

L'HISTOIRE DE DEUX JUMEAUX

Dans leur thème, le mot Ta'inuna désigne l'ancien nom de l'île de Moorea, "avant même Aimeho Nui", souligne Adélina Hanere. L'histoire raconte la vie de l'ancien ari'i de Ta'inuna, Tenu'upana'i, et plus particulièrement de ses deux faux-jumeaux, Moeari'i (sa fille) et Aveari'i (son fils).

À cette époque, les familles royales, les prêtres ou les guerriers pouvaient demander aux Dieux de changer leurs apparences. "À l'âge de l'adolescence, les deux jumeaux demanderont aux Dieux à ce qu'on les transforme en oies. Ils avaient des plumes rouges, ce qui symbolise leur appartenance à la famille royale. Et leur tâche était de survoler l'île de Ta'inuna pour surveiller tous les vaisseaux qui s'approchaient de Ta'inuna."

Le roi, de son côté, avait même fait appel à deux tahu'a pour éduquer ses enfants. "La princesse a été confié au tahu'a feruri mana'o, qui travaille la télépathie. Quant au frère Aveari'i, il a été confié au tahu'a Pi'imato, il représentait les escalades", raconte Adélina Hanere. Et ce choix n'a pas été pris au hasard par le roi Tenu'upana'i : "Il était coutume autrefois pour les Polynésiens, quand un roi venait à décéder, d'aller piller son corps pour décapiter sa tête et conserver son cerveau, afin de de posséder son pouvoir. Donc, le roi Tenu'upana'i a voulu que son fils s'entraine et apprenne toutes les techniques d'escalade pour qu'il puisse cacher le corps de son père, dans les plus hautes montagnes de l'île, lorsqu'il sera mort", poursuit la cheffe de groupe.

RIVALITÉ ENTRE FRÈRE ET SŒUR

Alors que le roi se sentait partir, celui-ci pensa à sa succession. Mais un problème se posa : "Il voulait prendre son fils comme successeur, mais l'ainée était sa fille. Il a donc convié tout le peuple pour leur expliquer les consignes afin de trouver l'héritier du trône ou l'héritière. Il leur expliqua que le premier ou la première qui arrivera au sommet de la montagne Fa'a-Upo'o deviendra roi ou reine. Il était sûr que son fils allait gagner", relate Adélina Hanere.

Les techniques utilisées par les deux jumeaux étaient bien différentes. "Le frère avait pris le chemin le plus court et le plus sinueux, alors que la sœur a pris le chemin le plus long et le plus facile". Durant la traversée, les habitants étaient avertis de l'avancée des deux jumeaux, par les "tariparau" (tambours).

Alors que Aveari'i s'approchait de la ligne d'arrivée, sa sœur utilisa son pouvoir de télépathie pour appeler son cousin Pai. "Afin qu'il lance sa lance "Raufautumu" sur la montagne. Et la puissance de cette lance fit trembler Ta'inuna, et Aveari'i tomba et mourut."

Au village, les deux tahu'a, Feruri mana'o et Pi'imato comprirent que Moeari'i avait utilisé ses pouvoirs. Au même moment, le "tariparau" retentit de nouveau pour annoncer la victoire de Moeari'i, "ce qui a étonné tout le monde", puis il résonna encore pour avertir de la mort d'Aveari'i. Une annonce qui choqua le roi, Tenu'upana'i.

Moeari'i régna sur l'île et Ta'inuna devint "Aimeho Nui e va'u tōna rārā."

Cette histoire sera donc racontée au travers de trois tableaux. "Nous utiliserons trois couleurs, le rouge pour les plumes rouges des deux oies, le blanc qui représente la paix qui régnait à Ta'inuna, et le noir, pour le deuil", détaille Adélina Hanere.

"Ta'inuna o nā mo'orā i te mata 'o'oi", un spectacle à ne pas rater demain soir, à To'atā.

Près de 120 éléments composent la troupe.

Trois tableaux ont été préparés pour présenter leur spectacle.

L'orchestre est composé de 35 membres.

Perle Renvoyé et Lewis Temauri représenteront "Tama nō Aimeho Nui" au concours de meilleurs danseurs.

Rédigé par Corinne Tehetia le Jeudi 5 Juillet 2018 à 09:12 | Lu 422 fois