Taina Calissi en ambassadrice artistique à Dubaï


L'œuvre de Taina Calissi. "Un triptyque mobile double face qui intègre des miroirs pour que le spectateur interagisse avec l'œuvre et est en quelque sorte une partie de l'œuvre", explique-t-elle.
Tahiti, le 9 mars 2023 - L’artiste pluridisciplinaire Taina Calissi est la représentante de la Polynésie française à l’exposition internationale Art connects Women de Dubaï qui présente les œuvres d’artistes féminines de 112 nationalités différentes. Elle se dit “honorée”, alors que c’est la première fois qu’une artiste du fenua est invitée à ce rendez-vous culturel, et entend bien “faire rayonner” la culture polynésienne à l’international. Interview.

Que pouvez-vous nous dire sur la Art connects Women ?

C’est une exposition exclusivement féminine. Chaque artiste présente une œuvre. Au total, 112 pays sont représentés, et l’exposition présente 112 œuvres. La Art connects Women de Dubaï est un événement créé par l’incubateur artistique ZeeArts fondé par l’artiste Zaahirah Muthy, une artiste engagée originaire de l'île Maurice qui vit aujourd’hui à Dubaï. C’est la 6e édition de l’exposition, qui intervient annuellement en mars durant le Art Week de Dubaï, une semaine dédiée à de gros événements artistiques. Le thème de cette année est ‘Dare to dream’, ‘Oser rêver’.
Avec cet événement, l’objectif de Zaahirah Muthy est de valoriser les femmes artistes, leur donner plus de pouvoir plus de visibilité. La Art connects Women de Dubaï est organisée sous le haut patronage des Nations-Unies et de l’Unesco.
 
Comment avez-vous eu l’opportunité de participer à cet événement ?

Je suis la représentante de la Polynésie française au Art connects Women. Je suis très honorée de représenter la Polynésie, c’est d’autant plus important que Dubaï est quand même un site dynamique. J’ai été également invitée à présenter le livre d’un auteur de Polynésie. J’ai fait le choix de présenter le dernier recueil de nouvelles de Chantal Spitz, ‘Et la mer pour demeure’. L’œuvre a été offerte à la Mohammed bin Rashid Library.
C’est un projet que j’avais déjà en 2016/2017 lorsque que j’ai résidé quelques mois à Dubaï. À la base, j’ai contacté Zaahirah Muthy pour discuter des potentiels partenariats et échanges à faire entre Dubaï et la Polynésie. À ce moment-là, elle m’a suggéré de postuler en tant qu’artiste individuelle. Un mois plus tard, je recevais de sa part une confirmation me disant que je serai la première ambassadrice de Polynésie française pour l’édition 2023.
 
Comment se déroule votre participation à la Art connects Women ?

Je suis arrivé par Paris le 6 mars au soir dans les alentours de zéro heure à Dubaï et je quitte le pays le 12 mars, la dernière soirée étant le 11. Le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale du droit des femmes, j’ai assisté à une journée de conférences, de tables rondes, sur des thématiques diverses, et à la cérémonie de présentation des livres sélectionnés par les artistes. Cette année, j’ai aussi donné un coup de main pour l’installation des tableaux. Le 9 mars, la journée était consacrée au vernissage. Les 112 artistes de chaque pays étaient représentées, 90 d’entre-elles ont répondu à l’appel et se sont déplacées jusqu’à Dubaï. Le 10 mars, a lieu la journée de gala, ou chaque représentante doit recevoir un Award, dont je ne connais pas la teneur. J’ai notamment eu l’honneur de figurer dans un livre rédigé spécialement pour l’événement, qui est désormais présent à la bibliothèque de Dubaï. Le 11 mars sera finalement dédié à la réalisation de plusieurs visites culturelles à Dubaï.
 
Côté carrière, quelles opportunités présente la Art connects Women ?

L’opportunité, je la recherche plus pour la communauté que pour moi-même, mais si effectivement, je peux également y trouver une opportunité de faire la promotion de mes propres créations, c’est encore mieux.
 
 
Est-ce inspirant pour vous au niveau artistique de vous trouver dans ce pays ?

Ce qui m’inspire, c’est de voir autant de diversité, de mixité et d’ouverture d’esprit. J’ai été agréablement surprise et impressionnée à la vue du dynamisme de Dubaï en ce qui concerne l’art contemporain. C’est un pays où les choses se font toujours en très grand. C’est fascinant de voir qu'il y a des représentants du monde entier. Des pays d’Afrique, d’Asie, du Pacifique – et nous pour la première fois – du Proche-Orient, et d’Europe du Nord. Rencontrer toutes ses femmes avec des styles très différents, des engagements, diverses, c’est très stimulant. C’est d’autant plus gratifiant que ça m’a permis de parler beaucoup plus de la Polynésie. J’ai d’ores et déjà on a discuté de manière informelle, avec Zaahirah Muthy sur la possibilité d’échanges l’organisation en Polynésie d’événements qui pourraient avoir une visibilité internationale. Il est fort probable que l’on puisse entamer des partenariats.
J’espère que le Pays voudra bien me suivre, en tout cas qu’on aura le support de la Polynésie. Lorsqu’en 2017 j’ai assisté, en tant que visiteuse, à la Art Week de Dubaï, j’ai eu cette envie de créer ma propre plateforme. Par la suite, j’ai créé en 2020 ‘Raw Tahiti’, une plateforme digitale polynésienne qui se veut promouvoir des arts et artistes contemporains du fenua. Aujourd’hui, je pense ouvrir des résidences pour les artistes.
 
Avec l’ambition de faire rayonner la culture polynésienne à l’international ?

Oui, le but est de faire rayonner la Polynésie à l’international dans des pays ou justement très ouverts sur les nouveautés. J’ai été heureuse de parler du triangle polynésien. C’est vrai, nous sommes un peu moins de 300 000 habitants, mais nos îles sont réparties sur un territoire aussi vaste que l’Europe. L’océan fait partie du pays, ce n’est pas juste une distance, c’est la continuité entre les îles. C’est toujours très plaisant de pouvoir parler de la richesse de la culture polynésienne, et de la partager.


Rédigé par Guillaume Marchal le Jeudi 9 Mars 2023 à 18:31 | Lu 2226 fois