Tahoeraa : Jacques Raioha, en transit par le Tapura pour accéder au gouvernement ?


Jacques Raioha, représentant de la section des Tuamotu de l'Est, a signé vendredi sa démission du Tahoera'a pour rejoindre le groupe Tapura Huiraatira à l'assemblée.
PAPEETE, 22 août 2015 – Le représentant Jacques Raioha a signé vendredi soir son adhésion au groupe Tapura Huiraatira. Après Henri Flohr en juin, c'est le deuxième élu à poser sa démission du Tahoera'a, depuis la constitution du groupe des pro-Fritch. Plusieurs élus orange pourraient emprunter la voie qu’il ouvre à quelques semaines de la session budgétaire. On pense notamment à Evans Haumani, Rudolph Jordan ou encore Charles Fong Loi.
Le jeune élu de la section des Tuamotu de l’Est nous explique les raisons de son choix.

Comment en êtes-vous venu à signer, vendredi, cette adhésion au groupe Tapura Huiraatira ?

Jacques Raioha : Je ne souhaite pas renier mes origines politiques. J’ai été élu aux Tuamotu en étant sur une liste Tahoera’a. Mais en même temps, je ne peux pas trahir les attentes de cette population qui a voté en masse pour cette liste. Aujourd’hui, cette population attend beaucoup de nous. J’ai été élu pour porter la voix des Paumotu. La décision que j’ai prise est de travailler dans l’intérêt de cette population. J’ai longuement réfléchi mais il m’apparaît plus important de mettre en avant l’intérêt de la population. Vendredi soir j’ai signé en trois exemplaires ma démission du Tahoera’a et mon intégration au groupe Tapura Huiraatira.

Est-ce dur de travailler pour la population d’un archipel, lorsque l’on se trouve dans un groupe d’opposition au gouvernement ?

Jacques Raioha : Je crois que la réalité c’est que si tu n’as pas de bilan en fin de mandature, tu ne peux pas prétendre être réélu aux prochaines élections territoriales. De nombreux tavana des Tuamotu de l’Est sont mécontents de ce conflit politique entre pro-Flosse et pro-Fritch. On a été élu à l’assemblée pour porter la voix de ces populations avec la promesse que nous serions garants d’une stabilité politique. Personne ne veut revivre la situation de l’après-2004. Ma décision est mûrement réfléchie : je ne la prends dans l’intérêt du Pays.

En mai dernier, vous étiez pourtant cosignataire, avec plusieurs élus Tahoera’a, d’une lettre commune déclarant que jamais vous ne rejoindriez le groupe Tapura. Comment change-t-on de position en si peu de temps ?

Jacques Raioha : On va dire que des éléments nouveaux ont surgi entre-temps. Aujourd’hui, on me laisse la possibilité de pouvoir servir au mieux la population qui m’a fait confiance.
Edouard me propose l’opportunité, peut-être à travers un ministère, de pouvoir porter la voix des archipels. Je suis Marquisien d’origine et je vis depuis une vingtaine d’années au Tuamotu. Je porte ces populations dans mon cœur. Edouard m’a proposé de récupérer le ministère du Développement des archipels. J'y vois l’opportunité de travailler pour ceux qui m’ont élu. Tout récemment, nous avons voté le collectif budgétaire. En épluchant les financements à destination des Tuamotu, je me suis aperçu que nombreux étaient en baisse et que des projets ont été retirés. Que peut-on faire pour inverser cette tendance ? Pour m’être entretenu de cela avec les tavana des Tuamotu, il est clair que pour soutenir nos projets nous avons besoins du gouvernement. Edouard me donne cette opportunité.

Dans cette perspective, pensez-vous que le suivant de liste, dans votre section électorale, serait disposé à rejoindre le groupe Tapura en montant à l’assemblée ?

Jacques Raioha : Aux élections sénatoriales partielles, Ernest Teagai, le tavana de Tatakoto, a déjà soutenu les candidats proposés par Edouard Fritch...

Le groupe Tapura compte 17 élus avec votre renfort. Cela porte à 25 les soutiens du gouvernement à l’assemblée. Ce n’est pas encore suffisant pour lui assurer l’appui d’une majorité de 29. Lancez-vous aujourd’hui un appel aux élus Tahoera’a ?

Jacques Raioha : Je pense que d'autres vont suivre. C’est mon sentiment en tout cas. C’est vrai qu’il nous faut encore trois ou quatre élus pour conforter cette majorité. (...) De nombreux élus restent au Tahoera’a parce que leur conviction est toujours forte. Mais si on me demande de choisir entre une conviction et la population, il me semble que l’intérêt de la population passe avant tout. Et puis cette situation ne concerne que deux personnes : Edouard et Gaston Flosse.

Pensez-vous que votre départ du groupe Tahoera’a fera beaucoup de remous ?

Jacques Raioha : Gaston Flosse a toujours espéré que nous resterions solidaires dans le groupe Tahoera’a. Aujourd’hui, ce combat de clans c’est une chose ; mais moi je préfère regarder l’intérêt des populations.

Le Tapura n’est pas un parti politique. Ne pensez-vous pas que cette démission du Tahoera’a met en péril vos chances de réélection en 2018 ?

Jacques Raioha : Vous savez, lorsque vous devez aller en tournée, surtout aux Tuamotu, vous avez plutôt intérêt à avoir un bilan favorable à présenter aux populations, sinon c’est pas la peine. (…) Quand vous avez un bon bilan, la population est derrière vous. C'est pour travailler à cela que de nombreux tavana m’ont incité à rejoindre le Tapura.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 22 Aout 2015 à 13:13 | Lu 3437 fois