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"Tahiti ia Ruru Tū Noa" rend hommage à Tāfa'i


La troupe d'Olivier Lenoir rendra hommage à Tāfa'i, un guerrier légendaire connu dans le Pacifique.
La troupe d'Olivier Lenoir rendra hommage à Tāfa'i, un guerrier légendaire connu dans le Pacifique.
PAPEETE, le 9 juillet 2018 - Tāfa'i est un héros légendaire. Pour leur participation au Heiva i Tahiti 2018, la troupe d'Olivier Lenoir a décidé de mettre en avant cet homme qui a transgressé plusieurs lois dans sa vie. "Tāfa'i 'i'o 'ura" (Tāfa'i de chair et de sang), c'est le thème de Tahiti ia Ruru Tū Noa.

Créé en décembre 2015, "Tahiti i Ruru Tū Noa" revient cette année avec un thème légendaire qui met en avant le pouvoir de Tāfa'i.

Pour la rédaction de son thème, Olivier Lenoir a fait appel à Mirose Paia, professeur de Reo mā'ohi. "Je suis heureux d'avoir travaillé avec elle, c'est une professionnelle. Et les mots qu'elle a utilisé sont puissants", raconte le chef de la troupe.

"Tāfa'i 'i'o 'ura" retrace l'histoire de ce guerrier légendaire, "depuis sa naissance, sa jeunesse avec ses cousins, et particulièrement son passage dans le monde du "Pō" (le monde des Dieux), pour retrouver son père", explique Mirose Paia, auteur de "Tahiti ia Ruru Tū Noa".

"Ce thème m'a été donné par ma belle-mère Simone Grand, il y a deux ans", explique Olivier Lenoir, chef du groupe. "Je me suis dit qu'un jour, je le mettrai dans un de mes spectacles. Et nous l'avons fait, cette année", rajoute-t-il.

UN GUERRIER PAS COMME LES AUTRES

"Beaucoup de personnes ont déjà entendu parler de Tāfa'i, que ce soit aux Marquises, aux Tuamotu, à Hawaii, à Raroto'a… C'est un guerrier. On dit aussi que c'est lui qui a pêché toutes les îles", souligne Olivier Lenoir.

La troupe a choisi de développer quelques épisodes de la vie de ce "toa" (guerrier).

"Je parle de sa naissance, ou plutôt d'une mauvaise naissance puisqu'il est né dans le placenta et ce fœtus est sorti avec la chair rouge", indique l'auteur. Une différence qui fera de Tāfa'i, un homme exceptionnel. "Il sera jalousé par ses cousins ainés, qui vont le tuer et l'enterrer vivant."

Mais notre héros va réussir à s'en sortir vivant. Une fois chez lui, "sa mère se mit en colère et fit des reproches à son mari." Celui-ci décida de mettre fin à ses jours pour que son fils soit sauvé. "En allant sur la colline, les mauvais esprits se saisirent de lui et l'emportèrent dans le "Pō". Là-bas, le papa de Tāfa'i fut maltraité. Ses yeux lui ont été enlevés et envoyés chez les filles de Ta'aroa", raconte Mirose Paia.

Quelques années plus tard, Tāfa'i devint un grand guerrier, mais il n'a jamais oublié son père. Un jour, il décida d'aller le chercher dans le monde des Dieux. "Il a dû se battre avec une de ses ancêtres ainsi qu'avec les mauvais esprits. Il défia aussi les Dieux en allant chercher les yeux avec les filles de Ta'aroa. Puis, il ramena son père vivant dans le "ao" (le monde présent)."

Au travers de cette légende, l'auteur souhaite attirer l'attention sur la profondeur de ce récit. Un texte qui met en avant un héros qui n'a pas froid aux yeux et qui ira jusqu'à transgresser les lois pour sauver son père. "La première transgression, c'est le moment où il a affronté ses cousins ainés, alors qu'on sait que les ainés ont le pouvoir. Au moment aussi, où il va dans le "Pō", c'est une transgression. Il défie les Dieux, alors que ce monde n'est pas destiné aux humains. Enfin, le fait qu'il soit né dans un placenta, c'est déjà une transgression à la base. Il faut savoir que sa mère est une déesse du "Pō" et son père est un humain du "Ao"."

"Comment prend on possession du Mana, du pouvoir et du 'ura ? Tāfa'i, te 'i'o 'ura, c'est plus une métaphore que quelque chose de physique. C'est la prise du pouvoir depuis la naissance jusqu'à la fin", rajoute Mirose Paia.

QUATRE TABLEAUX ET DES COULEURS INATTENDUES

Cette année, la troupe de "Tahiti ia Ruru Tū Noa" sera composée de 130 éléments, dont 72 danseuses et 36 danseurs. "Ce n'est pas évident de trouver des danseurs. On sait qu'ils ne viennent pas, parce qu'ils ont honte. Alors qu'il y en a pas mal qui font de la danse moderne. On se demande pourquoi ? J'espère que dans les années futures, la tendance changera", regrette Olivier Lenoir.

Pour les filles, le problème ne se pose pas, "elles viennent naturellement". "Et les chefs de groupe préfèrent quand des personnes viennent parce qu'elles aiment le 'ori tahiti. On a besoin de personnes qui le font par passion", souligne le chef de la troupe.

Olivier Lenoir a travaillé durant plusieurs mois avec son groupe de danse, pour présenter un spectacle correct mais surtout "puissant" sur la scène de To'atā.

Il a donc défini quatre tableaux pour représenter son thème.

"Le premier parlera de la naissance de Tāfa'i, le second de son adolescence. Le troisième tableau reviendra sur son voyage dans le monde des Dieux pour sauver son père. Enfin, dans le dernier tableau, nous raconterons ses exploits en tant que guerrier".

Plusieurs couleurs seront mises en avant par la troupe, mais il y a bien une qui est du moins inattendue. "J'essayerai de représenter la couleur verte que l'on retrouve dans la boue molle, comme ce qu'il y a dans les champs de taro."

Des tenues originales que vous pourrez admirer mercredi soir, à To'atā.


Comme dans la plupart des groupes, trouver des danseurs n'est pas une mince affaire.
Comme dans la plupart des groupes, trouver des danseurs n'est pas une mince affaire.

Pour son grand costume, Olivier Lenoir utilisera des plumes rouges, du pandanus tressé, la nacre, la coque de coco… pour symboliser le sacre du héros.
Pour son grand costume, Olivier Lenoir utilisera des plumes rouges, du pandanus tressé, la nacre, la coque de coco… pour symboliser le sacre du héros.

Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 9 Juillet 2018 à 16:51 | Lu 220 fois