Tahiti Infos

Tahiti d’antan : Mahina, Haapape


MAHINA, le 31 mars 2017. Tahiti Heritage et Vahineitaria continuent leur périple autour de Tahiti en franchissant le col du Tahara’a et arrivant à Mahina, une ville chargée d’histoires.

Le district de Mahina a connu diverses appellations au fil des ans : Haavai, Haapape, Mahina ou encore Uparu.
L’ancien nom était Uparu qui signifie le centre de la sagesse et de la connaissance de l’histoire des divinités. C’est là qu’était implantée la plus importante école de toute la Polynésie, celle où le héros légendaire Hiro reçut les sept connaissances.

Plus tard le nom de Uparu fut changé en Haavai. Puis, à l’époque du roi Vaituarii, qui décéda par étouffement et brûlure après avoir avalé du fruit de l’arbre à pain (uru) de la vallée de la Tuauru, la coutume interdit d’employer le mot « vai « . Haavai devint donc Haapape parce que les femmes en grand nombre passaient leur temps dans l’eau, qu’elles appréciaient grandement.

Longtemps après, lorsque l’enfant Tefaumarama fut tué par son père le grand prêtre lors d’une cérémonie sur le marae Mahina, le nom du district fut encore changé et fut appelé Mahina.
La baie de Matavai vu du col du Tahara'a en 1792. Aquarelle de George Tobin
La baie de Matavai vu du col du Tahara'a en 1792. Aquarelle de George Tobin

One tree hill, la colline de l’arbre solitaire

Le promontoire de Tahara’a à Mahina était appelé par Wallis et Cook « One tree hill » (Colline de l’arbre solitaire). En effet, un arbre solitaire qui se dressait au milieu des fougères sur la colline fut à l’origine de ce nom. C’était un Erythrina, ou Atae, appelé l’arbre aux baleines car à partir de juillet, l’arbre perd totalement son feuillage pour se parer de magnifiques fleurs rouges écarlates. Sa floraison est le signal de l’arrivée des baleines.
Gravure de Sydney Parkinson “View of Matavai Bay, Tahiti.” London. c. 1784.
Gravure de Sydney Parkinson “View of Matavai Bay, Tahiti.” London. c. 1784.

Phare de la Pointe Vénus, Teara o Tahiti

Le phare de la pointe Vénus, que l’on appelle Teara o Tahiti ou Tepa’inavemiti, a été construit en 1867, par le Capitaine du Génie militaire de La Taille avec une main-d’œuvre constituée de maçons mangaréviens, qui à cette époque étaient les seuls à savoir construire des édifices en pierre de taille. Pour la construction, ils ont utilisé des pierres provenant des exploitations de grès de sable de l’archipel des Gambier.
Le phare de la pointe Vénus en 1906. Photo Coulon
Le phare de la pointe Vénus en 1906. Photo Coulon

Orgues basaltiques de la Tuauru, Te piha

Au fond de la vallée, dans laquelle coule la rivière Vaipatu, se trouve le site des orgues de prismes basaltiques. Sur une quarantaine de mètres de haut et 80 m de long environ, descendent des orgues de basalte. Elles se sont formées par refroidissement des laves accumulées dans le couloir qu’offrait le canyon de la rivière Vaipatu à l’époque volcanique.

Dumont d’Urville, dans son livre Voyage pittoresque autour du Monde, décrit son excursion de « marcheur ardent et infatigable » jusqu’à la muraille des prismes basaltiques, qu’il appelle te piha (la chambre).
Te Piha, dessin de M. de Sainson, dessinateur de l’Astrolabe. 1826.
Te Piha, dessin de M. de Sainson, dessinateur de l’Astrolabe. 1826.

Fort Vénus de Cook

Cook fit édifier en mai 1769, Pointe Vénus un fortin qu’il baptisa Fort-Vénus. A l’intérieur, se dressaient une douzaine de tentes. C’était une véritable forteresse avec des murs d’enceinte épais d’un mètre et demi, des tranchées profondes et des palissades infranchissables ! En prenant ces précautions Cook redoutait moins une bien improbable attaque des Tahitiens que leurs excessives et permanentes démonstrations d’amitié qui risquaient de perturber les travaux astronomiques des Anglais.
Fort Vénus. A journal of a voyage to the South Seas by Sydney Parkinson. London, 1784
Fort Vénus. A journal of a voyage to the South Seas by Sydney Parkinson. London, 1784

George Tobin, the observatory, Pointe Venus 1792.
George Tobin, the observatory, Pointe Venus 1792.

Ancien musée de la découverte Pointe Vénus

Le musée de la découverte, un grand fare en niau, était installé sur le site historique de la pointe vénus à Mahina dans les années 70. Il racontait la « découverte » de la « Nouvelle Cythère » par Bougainville et les grands navigateurs du XVIIIe siècle.

Deux des quatre canons de la caravelle espagnole San Lesmes trouvés sur l’atoll de Amanu, étaient exposés. Ce serait les plus anciens vestiges de l’arrivée des européens en Polynésie, en 1595.
le musée de la découverte situé Pointe Vénus dans les années 1970.
le musée de la découverte situé Pointe Vénus dans les années 1970.

Léproserie Tony Bambridge d’Orofara

L’écrivain A T’Serstevens dans son livre “Tahiti et sa couronne” paru en 1950 décrit de façon élogieuse le village d’Orofara :
« Je ne puis pas le dire d’une autre façon, si je veux être sincère avec moi-même : le village est riant. Une petite fontaine joyeuse, à vasque fleurie, chantonne à l’entrée, près d’une maisonnette en tons clairs, la coopérative. Tout y est gai à l’œil : l’église et le temple, qui semblent sortis d’une boîte de jouets ; l’école, grande ouverte, car il y a six enfants et une institutrice, tous lépreux; les maisons des couples, proprettes, fraîchement peintes, les lits bien nets, les nattes sans une déchirure. L’allée monte toute droite vers le fond de la vallée, large de cinq pieds, entièrement cimentée, et, comme le ruisseau, s’égare en méandres chuchotant, coupée de petits ponts d’un gris argenté. Tout y est verdure et fleurs, chaque demeure dans son jardin, et l’allée ombragée de grands arbres. Si l’on y entrait par la montagne, sans savoir qui l’habite, on se dirait que c’est un bien joli village et on aurait envie de s’y installer. »

Les malades d’Orofara étaient soignés par des diaconesses protestantes et aidés par des amis animés par Tony Bambridge, leur grand bienfaiteur.
Le préau-salle de récréation offert aux lépreux d’Orofara par l’association des Dames françaises de la Croix-Rouge. A gauche, l’église Saint-Lazare ; à droite le temple protestant.
Le préau-salle de récréation offert aux lépreux d’Orofara par l’association des Dames françaises de la Croix-Rouge. A gauche, l’église Saint-Lazare ; à droite le temple protestant.

Infirmière de la mission protestante à Orofara vers 1951. Coll DEFAP
Infirmière de la mission protestante à Orofara vers 1951. Coll DEFAP

Cine Tony

Bienvenue chez Tony. Dans chacune des agglomérations, on trouvait un bâtiment peint en bleu, immuablement. C’était le cinéma. Mais les habitués des salles bleues ne connaissent pas le plus beau, le plus précieux des Cinés Tony .

L’histoire commence en 1931. L’acteur américain Douglas Fairbanks était venu à Tahiti pour tourner un film. Au retour d’un banquet, il passa devant la léproserie de Orofara et s’arrêta pour dire un mot d’amitié. Il demanda : « Que puis-je faire pour vous ? » . Et ceux-ci, de répondre : « Nous voudrions voir un de vos films » Avant de quitter Tahiti, Douglas Fairbanks laissa au Consul des U.S.A. 2,500 francs pour réaliser ce projet. Et il repartit. Mais le plus difficile n’était pas fait. Qui acceptera d’aller faire du cinéma chez les lépreux ?

Il y avait alors à Tahiti, un certain Tony. Avec son unique et modeste appareil, il donnait, çà et là, des représentations. « Il faut en donner une aux malades d’Orofara » , lui dit la femme du Consul. Tony se rendit donc à la léproserie, avec l’opérateur. Ils entrèrent ensemble et virent les malades en haillons avec sur les plaies atroces, des pansements faits avec des feuilles de bananiers… Le film fut projeté. « Tapiti, Tapiti » (recommencez, recommencez !) criaient les lépreux. On recommença. Heureux d’un très doux, d’un nouveau bonheur, Tony revint chez la femme du Consul américain qui lui tendit le salaire convenu. – « Non, dit Tony, c’est moi qui aurais dû y penser plus tôt ».
Portrait de Tony Bambridge
Portrait de Tony Bambridge

Cimetière des lépreux d’Orofara

L’ancien cimetière dit des « lépreux » est situé sur le plateau Vaipiihoro sur la gauche de la vallée de Orofara. Il a accueilli les défunts de la léproserie jusque dans les années 1960-70. Plusieurs tombes sont enfouies sous la végétation. Parmi elles on peut reconnaitre les noms de grandes familles tahitiennes.
Tombes du cimetière des lépreux
Tombes du cimetière des lépreux

Maison blanche de Hitimahana

De 1869 à 1872, John Brander a constitué à Hitimahana un grand domaine agricole de 65 hectares où l’on cultivait notamment la canne à sucre. Il y a édifié une magnifique résidence connue sous le nom de Maison blanche.

En 1949, Yves Martin de l’Electricité Martin ex Electricité de Tahiti) le nouveau propriétaire et la maison est désormais appelée Villa Martin.

En 1989, la commune de Mahina achète la propriété pour y installer sa mairie et un centre de loisirs nautiques. Mais la maison et le grand terrain sont rapidement squattés. La Maison blanche a perdu sa blancheur et cette bonne idée ne s’est jamais concrétisée. Bien triste fin pour une si belle propriété.
La maison Blanche. Photo coll. Astrid Brander Hoffmann
La maison Blanche. Photo coll. Astrid Brander Hoffmann

Le Tamarin de Cook

Le Tamarinier est un très grand arbre originaire de l’Afrique de l’Est, qui fut introduit en 1769 par le capitaine Cook et qui planta un pied à la Pointe Vénus. Le tamarinier doit son nom au mot arabe, tamâr hindi, qui signifie « datte de l’Inde », parce que les Arabes comparaient cette pulpe à celle des dattes séchées.
Le tamarinier planté par Cook à la pointe Vénus en 1880. Photo Hoane.
Le tamarinier planté par Cook à la pointe Vénus en 1880. Photo Hoane.

La route de ceinture à la hauteur de Orofara en 1940
La route de ceinture à la hauteur de Orofara en 1940

Retrouvez d’autres légendes sur le site Tahiti Heritage http://www.tahitiheritage.pf ou sur la page Facebook de Tahiti Heritage https://www.facebook.com/tahitiheritage2

Rédigé par TAHITI HERITAGE le Vendredi 31 Mars 2017 à 11:40 | Lu 4181 fois