Crédit TNTV.
Tahiti, le 26 juin 2020 - Créée le 29 juin 2000, Tahiti Nui Télévision souffle ses 20 bougies dans quelques jours. En deux décennies, la chaîne a su se faire une très belle place dans le paysage audiovisuel polynésien. Figure emblématique du média, la directrice de TNTV, Mateata Maamaatuaiahutapu, revient sur l’histoire et les faits marquants de la chaîne.
TNTV fête ses 20 ans. On dit que 20 ans, c’est le plus bel âge, est-ce le cas ?
"C’est le plus bel âge. En 20 ans, nous sommes devenus leaders et cela après des moments très difficiles. Personne n’aurait cru en 2000, lors de la création de la chaîne, que 20 ans après nous serions encore là, leaders, et que nous serions diffusés sur des boxes en métropole".
Comment va se dérouler l’anniversaire de la chaîne pour le public ?
"Nous avions prévu une fête populaire, mais étant donné la conjoncture, nous avons tout annulé (…). Le 29 juin, nous allons diffuser un documentaire de 52 minutes qui retrace l’histoire de la chaîne, ainsi qu’un concert enregistré en studio. J’ai souhaité que l’on reste sobre".
Comment la chaîne a-t-elle été créée ?
"La chaîne a été lancée le 29 juin 2000, Gaston Flosse souhaitait que la Polynésie ait sa propre télévision. A l’époque, le pluralisme de l’information n’était pas à la mode, il y avait le monopole de RFO [Réseau France Outre-Mer] qui était là depuis 30 et les gens étaient habitués à n’avoir qu’une seule chaîne. Au départ, personne ne soutenait Gaston Flosse, mais il a su imposer son idée et la chaîne a été montée en quelques mois seulement. Il a fait venir de France une société spécialisée dans le montage de chaînes de télévision, l’IMCA [International Média Consultants Associés], dirigée à l’époque par Pascal Josèphe. Ensuite, il a fallu embaucher des personnes, j’étais la première Polynésienne diplômée de journalisme, Gaston Flosse m’a proposé de devenir rédactrice en chef et j’ai dit ‘oui, pourquoi pas, mais je n’ai pas d’expérience’, et il m’a répondu ‘ allez, on y va !’".
Comment se sont passés les débuts ?
"Des formateurs de l’IMCA nous ont accompagnés. C’était une télévision innovante sous tous ses aspects. On travaillait en numérique, avec des petites caméras, on tournait tout seul, on faisait les interviews, on montait, on enregistrait notre voix, alors que chaque étape est une spécialisation, on a du apprendre tous ces métiers. Au début, les gens se moquaient de nous, on arrivait avec nos petites caméras numériques, on ne savait pas filmer, mais on a tenu le coup, on a courbé l’échine et on a avancé (…). Ensuite, il y a eu le Taui et l’instabilité politique. Cela a été criminel pour la chaîne. Avec des budgets erratiques, la chaîne s’est retrouvée à moins un milliard de Fcfp, il a fallu alors faire un plan social au début de l’année 2010 (…). Cela a été très compliqué humainement, un vrai traumatisme".
Le rapport Bolliet préconisait la fermeture de la chaîne ?
"Effectivement, le rapport Bolliet, mandaté pour trouver des pistes d’économies, demandait la fermeture pure et simple de la chaîne avant la fin du mois de novembre 2010. La population s’est mobilisée, une pétition a réuni 21 000 signatures, cela ne s’était jamais vu à l’époque. Le gouvernement a alors décidé de sortir TNTV du rapport et a sauvé la chaîne. Cela fut compliqué, car il a fallu faire la même chose, mais avec 30% d’effectifs en moins. Mais, on y est arrivé (…). Il y a une vraie solidarité des équipes".
En 2018, vous devenez la première télévision du fenua ?
"Je ne m’y attendais pas, cela a été un choc. Je suis arrivée à la direction de la chaîne en 2015, je m’étais donnée cinq ans pour y arriver, nous l’avons fait au bout de trois ans".
Quels ont été les moments marquants de la chaîne ?
"Je n’oublierai jamais les débuts, la création de la chaîne et quand nous sommes passés leaders en 2018. D’autres moments m’ont également marquée comme l’arrivée de Jacques Chirac en 2003, la diffusion du festival des Marquises ou la course Hawaiki Nui en 2001. C’était la première fois dans l’histoire du fenua que les Polynésiens voyaient cela en direct. Le lancement des boxes en métropole a également été un moment fort (…)."
Le confinement a été une période journalistique particulière ?
"On a mis beaucoup de personnels en télétravail (… ). Les journalistes ont fait un travail exceptionnel, Mike Leyral et Tiare-Nui Pahuiri-Philippon se sont proposés pour assurer tous les directs. J’ai du me fâcher pour qu’un journaliste ne travaille pas et rentre chez lui alors qu’il avait des problèmes de santé. Personne n’a mis en avant son droit de retrait. On a offert une couverture exceptionnelle (…)".
TNTV fête ses 20 ans. On dit que 20 ans, c’est le plus bel âge, est-ce le cas ?
"C’est le plus bel âge. En 20 ans, nous sommes devenus leaders et cela après des moments très difficiles. Personne n’aurait cru en 2000, lors de la création de la chaîne, que 20 ans après nous serions encore là, leaders, et que nous serions diffusés sur des boxes en métropole".
Comment va se dérouler l’anniversaire de la chaîne pour le public ?
"Nous avions prévu une fête populaire, mais étant donné la conjoncture, nous avons tout annulé (…). Le 29 juin, nous allons diffuser un documentaire de 52 minutes qui retrace l’histoire de la chaîne, ainsi qu’un concert enregistré en studio. J’ai souhaité que l’on reste sobre".
Comment la chaîne a-t-elle été créée ?
"La chaîne a été lancée le 29 juin 2000, Gaston Flosse souhaitait que la Polynésie ait sa propre télévision. A l’époque, le pluralisme de l’information n’était pas à la mode, il y avait le monopole de RFO [Réseau France Outre-Mer] qui était là depuis 30 et les gens étaient habitués à n’avoir qu’une seule chaîne. Au départ, personne ne soutenait Gaston Flosse, mais il a su imposer son idée et la chaîne a été montée en quelques mois seulement. Il a fait venir de France une société spécialisée dans le montage de chaînes de télévision, l’IMCA [International Média Consultants Associés], dirigée à l’époque par Pascal Josèphe. Ensuite, il a fallu embaucher des personnes, j’étais la première Polynésienne diplômée de journalisme, Gaston Flosse m’a proposé de devenir rédactrice en chef et j’ai dit ‘oui, pourquoi pas, mais je n’ai pas d’expérience’, et il m’a répondu ‘ allez, on y va !’".
Comment se sont passés les débuts ?
"Des formateurs de l’IMCA nous ont accompagnés. C’était une télévision innovante sous tous ses aspects. On travaillait en numérique, avec des petites caméras, on tournait tout seul, on faisait les interviews, on montait, on enregistrait notre voix, alors que chaque étape est une spécialisation, on a du apprendre tous ces métiers. Au début, les gens se moquaient de nous, on arrivait avec nos petites caméras numériques, on ne savait pas filmer, mais on a tenu le coup, on a courbé l’échine et on a avancé (…). Ensuite, il y a eu le Taui et l’instabilité politique. Cela a été criminel pour la chaîne. Avec des budgets erratiques, la chaîne s’est retrouvée à moins un milliard de Fcfp, il a fallu alors faire un plan social au début de l’année 2010 (…). Cela a été très compliqué humainement, un vrai traumatisme".
Le rapport Bolliet préconisait la fermeture de la chaîne ?
"Effectivement, le rapport Bolliet, mandaté pour trouver des pistes d’économies, demandait la fermeture pure et simple de la chaîne avant la fin du mois de novembre 2010. La population s’est mobilisée, une pétition a réuni 21 000 signatures, cela ne s’était jamais vu à l’époque. Le gouvernement a alors décidé de sortir TNTV du rapport et a sauvé la chaîne. Cela fut compliqué, car il a fallu faire la même chose, mais avec 30% d’effectifs en moins. Mais, on y est arrivé (…). Il y a une vraie solidarité des équipes".
En 2018, vous devenez la première télévision du fenua ?
"Je ne m’y attendais pas, cela a été un choc. Je suis arrivée à la direction de la chaîne en 2015, je m’étais donnée cinq ans pour y arriver, nous l’avons fait au bout de trois ans".
Quels ont été les moments marquants de la chaîne ?
"Je n’oublierai jamais les débuts, la création de la chaîne et quand nous sommes passés leaders en 2018. D’autres moments m’ont également marquée comme l’arrivée de Jacques Chirac en 2003, la diffusion du festival des Marquises ou la course Hawaiki Nui en 2001. C’était la première fois dans l’histoire du fenua que les Polynésiens voyaient cela en direct. Le lancement des boxes en métropole a également été un moment fort (…)."
Le confinement a été une période journalistique particulière ?
"On a mis beaucoup de personnels en télétravail (… ). Les journalistes ont fait un travail exceptionnel, Mike Leyral et Tiare-Nui Pahuiri-Philippon se sont proposés pour assurer tous les directs. J’ai du me fâcher pour qu’un journaliste ne travaille pas et rentre chez lui alors qu’il avait des problèmes de santé. Personne n’a mis en avant son droit de retrait. On a offert une couverture exceptionnelle (…)".
« La création d’une radio »
La directrice de TNTV, Mateata Maamaatuaiahutapu, aux côtés de Mickaël Charlet, directeur administratif et financier de TNTV.
La crise économique touche le Pays, quelle est la situation de TNTV ?
"Pour participer à l’effort collectif, toutes les Sem [société d'économie mixte, ndlr] voient leur budget baisser de 30%, on va devoir faire avec 230 millions en moins. C’est comme cela, la crise touche tout le monde".
Quels sont les projets de TNTV ?
"Je travaille énormément sur la création d’une radio qui laisserait beaucoup de place à la langue tahitienne (…). Nous sommes actuellement en discussion avec un groupe local pour essayer de négocier une fréquence. J’espère que cela va aboutir, car on l’a bien vu pendant l’épidémie du Covid-19, la radio est essentielle pour communiquer, cela touche tout le monde (…). Mon objectif est de faire fonctionner la radio sur fonds propres, sans augmenter notre budget, afin qu’il n’y ait pas d’impact sur notre subvention. Nous avons internalisé notre régie publicitaire qui fonctionne bien et nous sommes en train de calculer quelles seraient nos marges de manœuvre pour autofinancer cette radio (…), sans qu’elle coûte plus chère aux Polynésiens, car nous sommes financés par les deniers publics. On fait très attention à cela".
Comment voyez-vous TNTV dans 20 ans ?
"Je vois toujours une télévision, mais adossée à une structure de formation, un pôle télé, formation, université. C’est un rêve."
C’est une belle aventure ?
"C’est stressant, ce n’est pas facile tous les jours, mais oui, c’est une belle aventure !"
"Pour participer à l’effort collectif, toutes les Sem [société d'économie mixte, ndlr] voient leur budget baisser de 30%, on va devoir faire avec 230 millions en moins. C’est comme cela, la crise touche tout le monde".
Quels sont les projets de TNTV ?
"Je travaille énormément sur la création d’une radio qui laisserait beaucoup de place à la langue tahitienne (…). Nous sommes actuellement en discussion avec un groupe local pour essayer de négocier une fréquence. J’espère que cela va aboutir, car on l’a bien vu pendant l’épidémie du Covid-19, la radio est essentielle pour communiquer, cela touche tout le monde (…). Mon objectif est de faire fonctionner la radio sur fonds propres, sans augmenter notre budget, afin qu’il n’y ait pas d’impact sur notre subvention. Nous avons internalisé notre régie publicitaire qui fonctionne bien et nous sommes en train de calculer quelles seraient nos marges de manœuvre pour autofinancer cette radio (…), sans qu’elle coûte plus chère aux Polynésiens, car nous sommes financés par les deniers publics. On fait très attention à cela".
Comment voyez-vous TNTV dans 20 ans ?
"Je vois toujours une télévision, mais adossée à une structure de formation, un pôle télé, formation, université. C’est un rêve."
C’est une belle aventure ?
"C’est stressant, ce n’est pas facile tous les jours, mais oui, c’est une belle aventure !"