Politiques, techniciens et société civile du fenua ont fait le déplacement pour ce séminaire d'une semaine sur la durabilité des systèmes alimentaires.
Tahiti, le 6 octobre 2023 – Après une semaine d'ateliers, de visites sur le terrain et de débats, le séminaire régional sur la durabilité des systèmes alimentaires du Pacifique s’est refermé vendredi et dresse son bilan. Organisée par le Projet régional océanien des territoires pour la gestion durable des écosystèmes, cette rencontre entre voisins du Pacifique se voulait être le début d'une collaboration plus appuyée sur les problématiques climatiques et alimentaires, d'aujourd'hui et de demain, dans la région.
Sommes-nous prêts à changer nos habitudes alimentaires ? Si aujourd'hui, la situation du Pays ne le suggère pas, l'avenir, quant à lui, nous invite à faire des efforts. En effet, la région Pacifique est confrontée à des niveaux élevés de maladies non transmissibles, d'incapacités prématurées et de décès liés à la suralimentation et la malnutrition. En cause, une incapacité des pays du Pacifique à maintenir des systèmes alimentaires adéquats et efficaces, garantissant la disponibilité d'une alimentation suffisante, sûre et nutritive pour tous. Une problématique large, à laquelle se sont confrontés cette semaine responsables politiques, techniciens et membres de la société civile, lors du séminaire régional sur la durabilité des systèmes alimentaires du Pacifique. Organisé par le Projet régional océanien des territoires pour la question durable des écosystèmes (Protege), et financé par le fonds européen de développement, l'événement rassemblait pour l'occasion des délégations des îles Fidji, Samoa, Kiribati, Wallis-et-Futuna et de la Nouvelle-Calédonie. L'occasion pour la Polynésie française de s'inspirer de ses voisins océaniens, mais également de partager son expérience sur ces problématiques alimentaires.
Des forces de proposition
Le séminaire régional a permis de mettre en avant les différentes approches des différents pays, tous victimes des mêmes problématiques concernant la durabilité des systèmes alimentaires, face à cette situation de crise en devenir. Les participants ont été divisés en groupes de travail, puis chaque équipe s'est vu attribuer un thème de réflexion : Comment produire à plus grande échelle, et de meilleure qualité nutritive et sanitaire, des produits locaux afin de répondre aux besoins de la population locale ? Comment faire en sorte que les Océaniens préservent leur santé et leur environnement en mangeant ? Comment concilier production et protection des ressources naturelles, des sols et de la biodiversité ? Comment garantir plus d'équitabilité et d'inclusion au sein des filières alimentaires ? Ou encore, comment garantir la sécurité alimentaire ?
Autant de questions qui ont, heureusement, suscité bon nombre de propositions. À l'exemple de la mise en place d'unités de stockage et de transformation pour permettre une offre de produits locaux sur la durée, ou encore la planification des productions en fonction des besoins de la restauration collective pour produire mieux et selon les besoins. Il était également question de favoriser la participation des jeunes au système alimentaire afin de renforcer la performance de ces filières, ou encore de structurer les acteurs pour garantir de meilleurs prix et améliorer la chaîne des valeurs.
Toutefois, si les problématiques étaient nombreuses, celle concernant l'éducation de la population et de la jeunesse semblait être parmi les plus complexes. “L'éducation alimentaire doit commencer in utero, puis dans la famille, et doit se poursuivre jusque dans les cantines de l'école”, expliquait Matthieu Juncker, membre du Protege. “Le but étant que les enfants intègrent de bons comportements alimentaires dès le plus jeune âge. Mais il s'agit bien là d'un effort collectif. Éduquer les enfants ne sert à rien, si les parents, l'entourage, l'école ne jouent pas le jeu.” Réaliste, le coordinateur régional du Protege sait qu'il faudra d'abord réussir à convaincre une population adulte peu encline à troquer son café pain beurre pour des fruits et des légumes : “Il faut rendre les assiettes attractives et convaincre par le goût. Il va falloir être créatif, mais c'est un axe fort sur lequel nous comptons beaucoup.”
Des opportunités de coopération
Fort de ces échanges, le ministre de l'Agriculture, Taivini Teai, assurait être déjà à l'œuvre : “Nous nous sommes déjà entretenus avec Fidji pour la signature de conventions de collaboration. De plus, nous prévoyons déjà de faire partir deux agents du service de la direction de l'agriculture, afin d'établir une expertise et de partager nos compétences.” En effet, dans un contexte de sol et de climat similaires, les approches techniques, sociales et économiques peuvent être transposées d'un pays à l'autre. Ce qui représente une économie de temps, mais aussi d'argent, d'un point de vue expérimental pour ces différents espaces insulaires. Pour la Nouvelle-Calédonie, ce forum fut une aubaine : “C'est l'occasion pour nous tous de réactiver des liens, peut-être distendus aujourd'hui après le passage du Covid, et de travailler de nouveau ensemble. De plus, on a pu voir que certains pays étaient plus avancés dans certains domaines, notamment dans tout ce qui concerne les circuits courts, c'est une opportunité pour nous de s'en inspirer. Et nous serons ravis d'accueillir à notre tour nos voisins océaniens pour montrer nos avancées dans d'autres domaines.”
Selon Éric Adams, spécialiste en aquaponie sur le territoire, il faut regarder plus loin : “Nous avons vu durant les différents échanges que pour le moment, nous sommes dans la réaction. On réagit à des besoins que l'on avait et que l'on a toujours. Je pense qu'il faut que l'Océanie s'unisse davantage pour penser à demain. Penser à répondre aux besoins que l'on aura demain et qui arriveront plus vite qu'on ne le pense, en raison du changement climatique. Nous ne sommes pas encore assez dans cette réflexion.” Et pour le technicien, il reste également du travail à accomplir au niveau local : “Personnellement, il a fallu que je vienne à ce séminaire pour prendre connaissance d'autres initiatives locales, ou d’équipements locaux superbement efficaces. Ce sont des choses qu'il faut diffuser au plus grand nombre, et que les foyers aient accès à ces équipements.” Reste donc, une fois de plus, à joindre davantage les actes à la parole.
Sommes-nous prêts à changer nos habitudes alimentaires ? Si aujourd'hui, la situation du Pays ne le suggère pas, l'avenir, quant à lui, nous invite à faire des efforts. En effet, la région Pacifique est confrontée à des niveaux élevés de maladies non transmissibles, d'incapacités prématurées et de décès liés à la suralimentation et la malnutrition. En cause, une incapacité des pays du Pacifique à maintenir des systèmes alimentaires adéquats et efficaces, garantissant la disponibilité d'une alimentation suffisante, sûre et nutritive pour tous. Une problématique large, à laquelle se sont confrontés cette semaine responsables politiques, techniciens et membres de la société civile, lors du séminaire régional sur la durabilité des systèmes alimentaires du Pacifique. Organisé par le Projet régional océanien des territoires pour la question durable des écosystèmes (Protege), et financé par le fonds européen de développement, l'événement rassemblait pour l'occasion des délégations des îles Fidji, Samoa, Kiribati, Wallis-et-Futuna et de la Nouvelle-Calédonie. L'occasion pour la Polynésie française de s'inspirer de ses voisins océaniens, mais également de partager son expérience sur ces problématiques alimentaires.
Des forces de proposition
Le séminaire régional a permis de mettre en avant les différentes approches des différents pays, tous victimes des mêmes problématiques concernant la durabilité des systèmes alimentaires, face à cette situation de crise en devenir. Les participants ont été divisés en groupes de travail, puis chaque équipe s'est vu attribuer un thème de réflexion : Comment produire à plus grande échelle, et de meilleure qualité nutritive et sanitaire, des produits locaux afin de répondre aux besoins de la population locale ? Comment faire en sorte que les Océaniens préservent leur santé et leur environnement en mangeant ? Comment concilier production et protection des ressources naturelles, des sols et de la biodiversité ? Comment garantir plus d'équitabilité et d'inclusion au sein des filières alimentaires ? Ou encore, comment garantir la sécurité alimentaire ?
Autant de questions qui ont, heureusement, suscité bon nombre de propositions. À l'exemple de la mise en place d'unités de stockage et de transformation pour permettre une offre de produits locaux sur la durée, ou encore la planification des productions en fonction des besoins de la restauration collective pour produire mieux et selon les besoins. Il était également question de favoriser la participation des jeunes au système alimentaire afin de renforcer la performance de ces filières, ou encore de structurer les acteurs pour garantir de meilleurs prix et améliorer la chaîne des valeurs.
Toutefois, si les problématiques étaient nombreuses, celle concernant l'éducation de la population et de la jeunesse semblait être parmi les plus complexes. “L'éducation alimentaire doit commencer in utero, puis dans la famille, et doit se poursuivre jusque dans les cantines de l'école”, expliquait Matthieu Juncker, membre du Protege. “Le but étant que les enfants intègrent de bons comportements alimentaires dès le plus jeune âge. Mais il s'agit bien là d'un effort collectif. Éduquer les enfants ne sert à rien, si les parents, l'entourage, l'école ne jouent pas le jeu.” Réaliste, le coordinateur régional du Protege sait qu'il faudra d'abord réussir à convaincre une population adulte peu encline à troquer son café pain beurre pour des fruits et des légumes : “Il faut rendre les assiettes attractives et convaincre par le goût. Il va falloir être créatif, mais c'est un axe fort sur lequel nous comptons beaucoup.”
Des opportunités de coopération
Fort de ces échanges, le ministre de l'Agriculture, Taivini Teai, assurait être déjà à l'œuvre : “Nous nous sommes déjà entretenus avec Fidji pour la signature de conventions de collaboration. De plus, nous prévoyons déjà de faire partir deux agents du service de la direction de l'agriculture, afin d'établir une expertise et de partager nos compétences.” En effet, dans un contexte de sol et de climat similaires, les approches techniques, sociales et économiques peuvent être transposées d'un pays à l'autre. Ce qui représente une économie de temps, mais aussi d'argent, d'un point de vue expérimental pour ces différents espaces insulaires. Pour la Nouvelle-Calédonie, ce forum fut une aubaine : “C'est l'occasion pour nous tous de réactiver des liens, peut-être distendus aujourd'hui après le passage du Covid, et de travailler de nouveau ensemble. De plus, on a pu voir que certains pays étaient plus avancés dans certains domaines, notamment dans tout ce qui concerne les circuits courts, c'est une opportunité pour nous de s'en inspirer. Et nous serons ravis d'accueillir à notre tour nos voisins océaniens pour montrer nos avancées dans d'autres domaines.”
Selon Éric Adams, spécialiste en aquaponie sur le territoire, il faut regarder plus loin : “Nous avons vu durant les différents échanges que pour le moment, nous sommes dans la réaction. On réagit à des besoins que l'on avait et que l'on a toujours. Je pense qu'il faut que l'Océanie s'unisse davantage pour penser à demain. Penser à répondre aux besoins que l'on aura demain et qui arriveront plus vite qu'on ne le pense, en raison du changement climatique. Nous ne sommes pas encore assez dans cette réflexion.” Et pour le technicien, il reste également du travail à accomplir au niveau local : “Personnellement, il a fallu que je vienne à ce séminaire pour prendre connaissance d'autres initiatives locales, ou d’équipements locaux superbement efficaces. Ce sont des choses qu'il faut diffuser au plus grand nombre, et que les foyers aient accès à ces équipements.” Reste donc, une fois de plus, à joindre davantage les actes à la parole.
Si les produits locaux n'ont rien à envier à ceux venus de l'étranger, la transition alimentaire, quant à elle, se fait toujours attendre.