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Surveillance de la pêche illicite en Océanie : Wellington veut une alliance de type « ANZUS »


Surveillance de la pêche illicite en Océanie : Wellington veut une alliance de type « ANZUS »
WELLINGTON, mercredi 23 février 2011 (Flash d'Océanie) – Murray McCully, ministre néo-zélandais des affaires étrangères, a lancé en début de semaine un appel explicite aux États-Unis pour rejoindre une alliance comprenant aussi l’Australie en matière de surveillance et de police maritime dans le grand Océan Pacifique, afin de lutter contre la recrudescence de la pêche illicite et non signalée.
S’exprimant lundi à l’occasion d’un « forum de partenariat » qui se tenait à Christchurch (île du Sud) avec les États-Unis, M. McCully a rappelé que les ressources halieutiques représentaient chaque année des revenus de l’ordre de deux milliards de dollars, mais que le montant en valeur des prises illégales représentait pas moins de quatre cent millions de dollars, pour la zone de souveraineté des pays du Forum des Îles du Pacifique.
« La Nouvelle-Zélande est le premier fournisseur de surveillance aérienne pour les zones exclusives économiques du Pacifique et les Garde Côtes américains sont un partenaire de premier plan et pragmatique dans ces efforts. Je pense que le temps est venu pour la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et l’Australie de renforcer de manière radicale nos activités collectives de surveillance dans la région, afin de fournir une attaque concertée contre les activités illégales dans notre région », a-t-il ajouté en soulignant que « le temps presse ».
Cette alliance tripartite remet en avant l’alliance baptisée « ANZUS », qui prédominait jusqu’au milieu des années 1980 mais avait depuis de facto été mise en veille.

ANZUS ou FRANZ ?

Depuis fin 1992, par ailleurs, la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont signataires d’un accord baptisé « FRANZ » (pour France, Australie, Nouvelle-Zélande) qui prévoit un mécanisme coordonné et harmonisé d’intervention au bénéfice des États insulaires océaniens riverains frappés notamment par des catastrophes naturelles.
Ces cinq dernières années, la possibilité d’étendre la compétence de FRANZ au domaine de surveillance maritime régionale avait été évoquée, mais n’a jamais abouti.
La France, à partir de ses bases en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, effectue également des missions de surveillance régulière, soit aérienne, soit maritime, des eaux de souveraineté de plusieurs États voisins.
Par contre, M. McCully a cité la France comme l’un des acteurs régionaux dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue dans la région, avec l’apparition de substances nouvelles comme les cristaux de métamphétamines (communément appelés « ice »).
« Clairement, ces drogues ne sont pas destinées aux marchés domestiques du Pacifique, et nous sommes déterminés à travailler en étroite collaboration avec les Garde-côtes américains, ainsi que nos collègues australiens, français et océaniens, afin d’éradiquer de genre d’activités illégales », a-t-il poursuivi.
Tout en accueillant favorablement « la présence accrue des États-Unis dans la région Pacifique », il a aussi évoqué les problématiques de développement et de stabilité dans la région, y compris la situation post-putsch à Fidji, archipel dirigé depuis décembre 2006 par un gouvernement issu de ce coup d’État et la nécessité d’une « étroite collaboration avec les États-Unis et le reste de la communauté internationale ».
La Nouvelle-Zélande poursuit actuellement un mouvement de réchauffement notable dans ses relations avec les États-Unis, assombries ces vingt dernières années par un contentieux concernant l’interdiction faite à tout bâtiment américain à propulsion nucléaire de faire escale dans un port néo-zélandais.
Début novembre 2010, la visite en Nouvelle-Zélande de la Secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait été considérée comme un temps fort dans ce processus.
À l’occasion de cette visite en Nouvelle-Zélande, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait alors scellé avec son homologue néo-zélandais Murray McCully un pacte qualifié de « hautement symbolique » qui marque le retour officiel de relations de « partenariat » entre les États-Unis et la Nouvelle-Zélande.
Le principal point de contentieux (dans le cadre de relations par ailleurs plus que cordiales) entre Wellington et Washington remontait à 1986 et tenait principalement à la posture néo-zélandaise sur le dossier du nucléaire, interdisant notamment l’accès dans les ports de bâtiments militaires dotés de cette arme ou de moyens de propulsion utilisant cette technologie.
La doctrine néo-zélandais avait, de fait, mis entre parenthèse de nombreux pans de l’alliance militaire tripartite ANZUS, qui regroupe les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Outre les aspects de coopération militaire, l’accord, intitulé « Déclaration de Wellington », couvre aussi des domaines de coopération renforcée, en matière de lutte contre les effets des changements climatiques, mais aussi en vue de coordonner les actions de ces deux pays en matière d’aide au développement dans la zone du Pacifique insulaire.
En guise d’entrée en matière de son voyage dans la région, Mme Clinton avait annoncé la réactivation (avec la dotation d’un budget initial de 21 millions de dollars US) d’un bureau régional de son agence d’aide au développement international, UsAid, qui sera basé à Suva (Fidji).
Tout au long de son voyage, Mme Clinton était accompagnée du secrétaire adjoint pour la zone Asie-Pacifique, Kurt Campbell.
Ce dernier, lors d’une intervention récente fin septembre 2010 devant la commission des affaires étrangères du Congrès, avait souligné la volonté des États-Unis d’entamer un processus de réengagement visible dans la zone Asie-Pacifique, avec un accent fort sur la composante « Pacifique ».
Évoquant alors les « acteurs régionaux » que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande, il avait affiché la volonté de coopération régionale avec eux, en tant que partenaires privilégiés « pour faire avancer la stabilité, la prospérité et la liberté des peuples et nations des îles du Pacifique ».
« Les États-Unis reconnaissent le rôle très réel de leadership que jouent l’Australie et la Nouvelle-Zélande dans la région du Pacifique Sud (…) Une coopération et une coordination étroites avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande continuera de marquer notre stratégie pour le Pacifique (…) Nous accueillons aussi favorablement le rôle de plus en plus prééminent de nouveaux acteurs, en particulier le Japon, qui est en pointe sur les dossiers d’énergies renouvelables et de changements climatiques. Nous sommes aussi heureux de pouvoir consulter régulièrement l’Union Européenne, qui est de plus en plus engagée dans cette région, sur les évolutions et les politiques dans le Pacifique », avait-il alors précisé.
Évoquant d’autres nouveaux acteurs influents comme la Chine, de plus en plus présente dans le Pacifique insulaire (et notamment à Fidji depuis le coup d’État de décembre 2006), ou encore la Russie, M. Campbell parlait d’ « intérêts partagés » et rejetait toute notion de « compétition ».
« Nous cherchons plutôt à identifier des domaines potentiels de coopération pour la stabilité régionale, la sécurité et la prospérité du Pacifique », insistait-il alors.


pad

Rédigé par PAD le Mercredi 23 Février 2011 à 14:36 | Lu 785 fois