Sursis pour le vol d'une touriste endormie à l'aéroport


Tahiti, le 20 juin 2022 – Un sans-abri de 21 ans a été présenté en comparution immédiate lundi pour répondre d'une série de vols dont un commis à l'aéroport de Tahiti-Faa'a. Le 26 mai dernier, alors qu'une touriste s'était endormie en attendant son avion, le prévenu lui avait volé le téléphone qui se trouvait dans sa main. Jusque-là inconnu de la justice, le jeune homme a été condamné à quatre mois de prison avec sursis. 
 
Petits vols et grande précarité à la barre du tribunal correctionnel lundi avec quatre affaires de vols impliquant, chacune, des hommes qui avaient en commun d'être jeunes –moins de 30 ans– et de vivre dans la rue. Parmi ces prévenus, le cas d'un primo-délinquant de 21 ans poursuivi pour une série de vols. 
 
Les 4 et 5 février derniers, ce jeune homme sans domicile fixe s'était introduit au sein d'une colocation située à Faa'a où il avait volé des vêtements, un téléphone, deux cartes de crédit ainsi qu'une paire de sandales. La nuit suivant, le prévenu était revenu au sein de la même habitation et s'était endormi sur un fauteuil situé sur la terrasse de la maison. Réveillé par l'un des occupants de la colocation, l'homme avait tenté de prendre la fuite mais avait finalement été immobilisé par la victime dans l'attente de l'arrivée des gendarmes. Un peu plus de deux mois après ces premiers vols, le jeune homme –entre-temps remis en liberté dans l'attente de sa comparution– s'était rendu dans le hall de l'aéroport de Tahiti-Faa'a en pleine nuit. Alors qu'une touriste venait de s'endormir avec son téléphone dans la main, l'homme le lui avait subtilisé. Un appareil revendu, de son propre aveu, pour 5000 Fcfp. 
 
Aucune structure familiale
 
À la barre lundi, le prévenu a de nouveau reconnu l'intégralité des vols face à la présidente du tribunal qui a estimé qu'il était “presque étonnant” que son casier ne comporte aucune condamnation. Tel que l'a rappelé la magistrate, le prévenu a été élevé par ses grands-parents et s'est retrouvé à la rue lorsque ces derniers sont décédés. “Vous êtes si jeune. Vous avez l'avenir devant vous. Pourquoi ne pas essayer de vous insérer ?” a-t-elle demandé au prévenu avant de concéder qu'il “faut y mettre du sien” quand on n'a “aucune structure familiale autour de soi”.
 
Partageant les doutes de la présidente du tribunal sur les antécédents du prévenu, car “on ne s'improvise pas voleur”, le procureur a assuré lors de ses réquisitions que le jeune homme allait devoir “rendre des comptes”.Il a requis un an de prison dont six mois de sursis ainsi que le maintien en détention au regard du “véritable risque de réitération”. Des réquisitions que l'avocate du mis en cause, Me Da Silveira, a jugées “très sévères”.“Mon client n'a pas cassé de vitre ou agressé les victimes. La problématique –et le tribunal le sait– c'est que nous avons affaire à des jeunes dont les familles ne s'occupent plus et qui se retrouvent à la rue”. Enfin, l'avocate a tenu à rappeler que le jeune homme était en détention depuis trois semaines à Nuutania qui n'est ni une “maison de vacances”, ni “une terre d'accueil pour les jeunes en détresse”. Elle a d'ailleurs expliqué au tribunal que le Bon Samaritain était prêt à accueillir le prévenu afin qu'il ait un toit.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le jeune homme à quatre mois de prison avec sursis et 130 heures de travail d'intérêt général.

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 20 Juin 2022 à 19:50 | Lu 2079 fois