Surf – Michel Bourez : C’est parti pour la saison 2015 : Interview.

A quelques jours du début de saison, Michel Bourez a reçu Tahiti Infos chez lui pour une interview. Après une 5ème place au championnat du monde 2014, il aborde la saison 2015 avec beaucoup de détermination et de lucidité, prêt à en découdre avec les meilleurs surfeurs de la planète.


PAEA, le 24 février 2015. La première étape du championnat du monde de surf, la Quiksilver Pro Gold Coast, commence le samedi 28 février en Australie, sur le spot de Snapper Rocks. Cette année, le championnat du monde comportera 10 étapes au lieu de 11, c’est l’étape de Santa Cruz en Californie qui disparaît. Rachetée courant 2013 par le groupe ZoSea, l’ASP change de nom et devient la World Surf League (WSL).
 
Après une trêve passée à se ressourcer en famille, à surfer les vagues tahitiennes et à faire du jiu jitsu chez lui où il s’est aménagé un véritable dojo, Michel Bourez sera au rendez vous samedi à Snapper Rocks pour le début de saison. 5ème meilleur surfeur mondial en 2014, Michel est au mieux de sa forme, prêt à en découdre avec l’élite du surf professionnel.
 
Après avoir remporté le concours Tahiti Infos ATN Challenger 2014 grâce aux votes du public, devant Rete Ebb et Anne Caroline Graffe, il nous a ouvert les portes de la maison familiale pour une interview, entre une session de surf et un entrainement de jiu jitsu avec son coach Yannick Beven et ses amis.

Michel Bourez, au micro de Tahiti Infos :
 
Quels ont été les moments clés de cette saison 2014 fabuleuse ?
 
« Cette première victoire à Margaret River suivie d'une contre performance m'a vraiment fait comprendre qu'il faut apprendre à gérer ses émotions. C'est vrai que j'étais physiquement fatigué car le spot de Margaret River est éloigné du bord donc il faut ramer beaucoup. Le fait de gagner une étape c'était vraiment un de mes objectifs principaux avant d'arrêter ma carrière donc je n'arrivais pas à y croire, je l'avais fait. Je n'étais quelque part pas trop préparé à cette victoire. Je ne suis pas 'redescendu' assez rapidement après ce moment fort. »
 
Tu dois cette année fantastique en partie à ton nouveau coach Yannick Beven, spécialiste du jiu jitsu ?
 
« J'ai eu beaucoup de chance, je connaissais ses compétences, le jiu jitsu m'a toujours attiré mais je n'avais jamais eu le temps de m'y mettre car je n'étais jamais sur le territoire et quand j'y étais, il fallait se concentrer sur le surf. Depuis que j'ai pu m'y mettre, je me suis fait plein d'amis qui ont cette même passion. On partage tous les cotés positifs du jiu jitsu, pas seulement le côté self défense mais la philosophie, le respect et tout ce qui va avec, c'est ce que j'apprécie dans ce sport. »
 
Cela t'aide au niveau concentration ?
 
« Avec Yannick on travaille sur tout. Il arrive à trouver des similitudes entre le surf et le jiu jitsu. On est en situation difficile dans la série, j'ai besoin d'un gros score et il reste 5 minutes ? Il faut à ce moment là savoir se calmer. C'est pareil en jiu jitsu, quand tu es dans une posture difficile, il faut toujours savoir garder son calme. Il y a un gros travail de respiration à faire, c'est ce que l'on fait avec Yannick pendant les entrainements ou dans la vie de tous les jours. »
 
Quel est ton objectif pour la saison à venir, le top 3 ?
 
« Oui, cela serait bien de faire le top 3. J'ai bien observé mon année 2014, je sais à peu près ce qu'il va falloir faire pour rester à ce niveau, en évitant tous les côtés négatifs dont on vient de parler, comment vite se reprendre après une victoire ou un mauvais résultat. Je vais essayer d'optimiser mes points forts tout en minimisant mes points faibles. En gros, il faudra arriver à chaque fois en quart de finale minimum. Quand tu vois les gars qui ont fait le top 3, comme Mick Fanning ou encore Gabriel Medina qui a remporté le titre, tu vois qu'il a quelques victoires mais surtout des résultats réguliers en atteignant les quarts au minimum à chaque fois. Si tu fais une 9ème place, ce n'est pas compté comme un bon résultat. »
 
Pas de défaite au round 2 possible dans ce cas ?
 
« Il y aura toujours des moments imprévus, on ne peut pas prévoir la nature, tout peut arriver, il faut juste rester sereins et rester sur le plan établi avec Yannick. »

L'année 2014 a été également marquée par l'accident grave de ton frère Kevin, comment va-t-il ?
 
« Il va mieux, on se parle souvent sur internet. Ca va, ça va, cela a laissé des traces bien sûr, au niveau superficiel, sa nuque est un peu endommagée, il ne peut pas faire de sport jusqu'à présent mais je pense que s'il est sérieux en France, cela va aller. »
 
De toute façon, dans la famille cela a toujours été la priorité aux études ?
 
« Oui, avec mon père le deal c'était que j'aie mon bac, après j'aurais fait ce que je voulais, il a toujours respecté nos choix en nous suivant à 100%, et c'est ce qui se passe pour mon petit frère. Il a voulu faire ‘free surfeur’ à un moment mais il n'a pas voulu continuer, il a vu que cela allait être une voie difficile, mais il se débrouille bien à l'école alors il a voulu continuer dans cette voie et je pense qu'il réussira. »
 
Tu espères quoi pour la jeune génération ?
 
« J'espère qu'ils réussiront mieux que moi. De nos jours, se qualifier pour le WCT c'est dur, y rester c'est pire encore. Il m'a fallu 6 ans pour rentrer dans le top 5, il ne faut pas baisser les bras. Si tu sais que tu as les moyens pour réussir, il n'y personne pour te dire que tu ne peux pas. Il faut se donner les moyens et ne pas changer de route, en faisant attention à ce que tu fais et en choisissant bien les personnes qui peuvent t'y conduire. Tes amis, ton coach...pour que ton environnement contribue à ta réussite. »
 
On t'a vu réagir lors de différents drames, la mort de Ricardo Dos Santos, l'accident de Tuhiti Haumani, tu restes connecté au réel malgré ton statut ?
 
« Il ne faut pas oublier d'où l’on vient, on est une grande famille. Tuhiti c'est un jeune d'ici, on a surfé ensemble souvent. Il est de Papeari, moi de Mataiea. Ce qui lui est arrivé c'est hallucinant car cela peut arriver à n'importe quel surfeur. Il s'est passé exactement la même chose qu'avec Malik Joyeux sauf qu'on a réussi à le sortir de l'eau un peu plus rapidement. J'espère vraiment que cela va aller mieux. Ricardo, je le voyais sur toutes les grandes étapes du circuit, il surfe, il surfait Teahupo'o comme personne. Au Brésil, il était très respecté, ici il était très respectueux dans l'eau, il 'chargeait'…même s'il n'était pas d'ici, sa manière de surfer parlait d'elle même, c'est comme si c'était un local. »
 
Face à certaines réalités rencontrées dans le monde, le surf cela reste le rêve ?
 
« Ce n'est pas donné à tout le monde de pratiquer sa passion, de faire ce que l'on aime et surtout d'être payé pour ça. Venant de Tahiti, c'est dur de trouver des sponsors à cause de notre éloignement. C'est vrai que l'on a de belles vagues ici, mais le buisness du surf n'est pas conséquent à Tahiti donc c'est dur pour nos jeunes de trouver des sponsors, il faut vraiment en vouloir pour y arriver. » SB


Rédigé par SB le Mercredi 25 Février 2015 à 09:25 | Lu 1199 fois