Surf – La nouvelle génération en marche


Tahiti, le 23 juin 2024 – Dans le cadre du programme "PacificAus Sports" mis en place par le gouvernement Australien et son consulat local, la Fédération Tahitienne de Surf a accueilli le coach australien Montgomery "Monty" Tait pour un partage d'expérience. L'occasion pour la fédération locale de surf de profiter d'un regard extérieur et faire un état des lieux du niveau de ses jeunes athlètes en devenir.
 
L'organisation des épreuves olympiques de surf à Teahupo'o marque un tournant décisif dans l'histoire du surf local. Un engouement rare, unique même, sur lequel la Fédération Tahitienne de Surf (FTS) se doit de capitaliser. Et si jusqu'à ce jour il a beaucoup été question de valoriser l'histoire du surf local et ses champions d'hier et d'aujourd'hui, la FTS entend désormais parler de son avenir, ou plus précisément celui de ses athlètes. En effet, alors que le 'aito Michel Bourez officialisait la fin de sa carrière professionnelle à l'occasion de la cérémonie du relais de la flamme olympique, une question se pose : Qui sont les athlètes capables de prendre sa relève ?

Si dans un futur proche l'attention des médias se porte essentiellement sur Kauli Vaast et Vahine Fierro, la FTS, quant à elle, concentre désormais toute son attention sur une génération en plein essor, ses minimes (-14 ans).
Un choix légitimé par le coach de surf australien Montgomery "Monty" Tait, récemment de passage sur le fenua dans le cadre du programme de partage d'expérience "PacificAus Sports" : " J'ai passé deux semaines en Polynésie et j'ai eu un peu l'occasion de faire le tour et d'observer les surfeurs, il y a un bon niveau général car ici tout le monde surf depuis leur enfance et ça se voit " assure le coach australien qui est également catégorique sur un point : " Ici, le vrai potentiel, c'est chez les plus jeunes de moins de 14 ans. Ils se situent vraiment dans les standards du niveau mondial actuel. S'il y a quelque chose à faire, c'est avec cette génération."

Et si effectivement certains noms sortent déjà du lot de par leurs performances locales et internationales, à l'image de Liam Sham Koua chez les garçons et de Kiara Goold chez les filles, il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg. À l'exemple des frères Pierson, Kavei et Naiki, Anuaiterai Gatien, Tauirai Henriou Oopa et Teravanui Thornton chez les garçons, et les sœurs Simon, Kahili et Miliani, ou encore Kelia Galina et Takihei Ellacott chez les filles, qui portent également ce renouveau tant attendu.

Un contexte difficile

Si le potentiel est là, la route vers les sommets du surf mondial sera difficile. Un contexte compliqué à bien des égards selon Monty : " De nos jours, en surf, il faut vraiment être bien équipé pour espérer progresser convenablement. Le surf est une discipline qui exige de renouveler régulièrement ses planches. Une vielle planche perd en réactivité et donc en performance, on ne peut pas surfer la même planche un an ou deux et s'attendre à élever son niveau de surf, ce n'est pas possible. Et ici, c'est très compliqué de faire venir de bonnes planches avec les taxes mises en place, cela revient très cher pour ses jeunes surfeurs. " Une réalité que soulignait également Michel Bourez dans les lignes de notre journal en janvier dernier.
Vient ensuite la question de l'école. À l'heure où les grandes nations du surf n'hésitent pas à orienter très tôt leurs jeunes adolescents dans des carrières professionnelles, d'autres accusent une tout autre réalité. " Il faut être honnête, sur l'ensemble des jeunes qui tentent l'aventure, même dans des grands pays du surf comme le notre, beaucoup n'y parviennent pas " confie Monty. " Et ceux qui ont eu le malheur de ne pas avoir assuré un minimum à l'école se retrouve dans des situations très compliquées lors de leur reconversion professionnelle. Pour ma part, je conseille toujours aux jeunes d'assurer sur les deux tableaux. Et on ne le dit pas assez souvent mais avoir une tête bien remplie et structurée, c'est également avoir plus de chance de percer, compétitivement parlant."

Des points à travailler et des atouts à faire valoir

Interrogé après une après midi entière d'entraînement avec les jeunes espoirs du surf polynésien, le coach australien a bien voulu se mouiller un peu et donner son avis sur les points à travailler pour les jeunes 'aito : " Le niveau technique est vraiment bon chez ces jeunes, maintenant tout l'enjeu pour eux sera d'améliorer leur lecture de vague. Placer les bonnes manœuvres au bon endroit. Certains sont encore dans la retenu et n'osent pas attaquer la partie la plus critique de la vague. Or, à l'international, c'est la base : faire une grosse manœuvre d'entrée de jeu puis finir la vague par une autre grosse manœuvre. C'est essentiel et ça a d'ailleurs été le thème de notre entrainement cette après-midi. " 

Toutefois, les surfeurs locaux ont également de sérieux atouts qui pourront sans aucun doute faire la différence selon Monty : " L'avantage de ces jeunes c'est qu'ils sont bons à la fois sur les vagues de récif et sur les vagues de plage. C'est un réel avantage que beaucoup de pays n'ont pas. Aujourd'hui, être un surfeur complet et capable de surfer tous types de vague est primordial si l'on veut atteindre le plus haut niveau. " 

À la FTS désormais de prendre des notes.

Rédigé par Wendy Cowan le Dimanche 23 Juin 2024 à 18:29 | Lu 691 fois