Photo d'archives. Crédit Ludovic MARIN / AFP
Nouméa, France | AFP | jeudi 05/06/2024 - Dans la douceur de la nuit, une dizaine de personnes, cabas à la main, attendent la levée des rideaux métalliques du marché municipal de Nouméa, fermé depuis le 13 mai et les émeutes qui ont mis le Caillou en ébullition. Lieu d'ordinaire convivial, l'ambiance n'y est désormais plus tout à fait la même.
"On se dit bonjour, mais c'est pas ça... La Nouvelle-Calédonie a vraiment subi un chaos", regrette Sine, qui remarque que pour "certaines personnes, c'est pas vraiment la joie" sur le marché, jeudi.
Originaire de Lifou, une île appartenant aux îles Loyauté, à l'est de la Nouvelle-Calédonie, cette femme de 55 ans est venue comme beaucoup acheter du poisson, des fruits et légumes frais. L'information a largement circulé la veille sur les réseaux sociaux: le marché rouvre enfin.
Avec ses échoppes organisées en étoile, le marché attire quotidiennement de nombreux Calédoniens, qui se pressent en masse les weekends. Mais depuis trois semaines, le lieu était sans vie en raison des événements qui ont secoué l'île, sans précédent depuis 40 ans, faisant sept morts et causant plus d'un milliard d'euros de dégâts, notamment dans le Grand Nouméa.
Le soleil encore couché, les habitants affluent dès le couvre-feu terminé, à 06H00. Dans une atmosphère assez silencieuse, ils font la queue devant les quelques étals garnis de bananes, de courgettes, de pommes de terre mais aussi de saumons des dieux, becs de cane ou bossus, des poissons du Pacifique très prisés.
"Les crevettes sont extraordinaires, j'en ai très envie", glisse Emilie, 42 ans, impatiente de renouer avec son marché favori.
Arrivée il y a deux ans en Nouvelle-Calédonie, cette employée de banque, sac à dos rouge sur le dos et sac de course sous le bras, ne cache pas son besoin de "reprendre une vie normale" après avoir eu "les larmes au yeux" il y a deux jours en voyant le quartier de Tuband dévasté.
- "Cicatrices" -
Elle espérait vraiment retrouver la convivialité du marché, chère également à Yvan Ritterszki, retraité.
Venu avec son épouse et leur chien, l'homme de 77 ans, installé là depuis 1968, se désole. "Ca a toujours été un lieu très convivial, où on se croisait tous, il n'y avait rien entre nous, tout se passait bien".
La confiance est-elle brisée dans l'archipel? "Oui, dit-il. le retour de la confiance, je ne le vois pas, il va rester des cicatrices très très profondes et le meilleur des cataplasmes ne va pas guérir ça." "C'est incompréhensible", répète le septuagénaire qui vit dans l'un des plus vieux quartiers de Nouméa, celui très populaire de la Vallée-du-Tir.
Soane, originaire de l'île polynésienne de Wallis, avait fait un petit stock de poissons à la maison mais les jours passant, il avait hâte de revenir sur le marché, "un lieu où on se rencontre tous, où on vient avec les familles".
"Mais là... Ca laisse des traces tout ce qu'il s'est passé. Jamais on va oublier ça", dit le quinquagénaire, la queue d'un énorme poisson dépassant de son sac.
Christophe Pierron, pêcheur, a vendu 300 kg de poisson en l'espace de deux heures, contre quatre jours habituellement.
"Ce n'est pas les affluences auxquelles on est habitué. En même temps, ça nous fait un peu mal au cœur parce qu'on voit que les gens (se pressent) pour acheter des denrées alimentaires. C'est quand même triste", relève-t-il.
Au centre du marché, un artiste coiffé de dreadlocks gratte sur sa guitare une chanson de Francis Cabrel. "C'est un hameau perdu sous les étoiles", chantonne-t-il.
"On se dit bonjour, mais c'est pas ça... La Nouvelle-Calédonie a vraiment subi un chaos", regrette Sine, qui remarque que pour "certaines personnes, c'est pas vraiment la joie" sur le marché, jeudi.
Originaire de Lifou, une île appartenant aux îles Loyauté, à l'est de la Nouvelle-Calédonie, cette femme de 55 ans est venue comme beaucoup acheter du poisson, des fruits et légumes frais. L'information a largement circulé la veille sur les réseaux sociaux: le marché rouvre enfin.
Avec ses échoppes organisées en étoile, le marché attire quotidiennement de nombreux Calédoniens, qui se pressent en masse les weekends. Mais depuis trois semaines, le lieu était sans vie en raison des événements qui ont secoué l'île, sans précédent depuis 40 ans, faisant sept morts et causant plus d'un milliard d'euros de dégâts, notamment dans le Grand Nouméa.
Le soleil encore couché, les habitants affluent dès le couvre-feu terminé, à 06H00. Dans une atmosphère assez silencieuse, ils font la queue devant les quelques étals garnis de bananes, de courgettes, de pommes de terre mais aussi de saumons des dieux, becs de cane ou bossus, des poissons du Pacifique très prisés.
"Les crevettes sont extraordinaires, j'en ai très envie", glisse Emilie, 42 ans, impatiente de renouer avec son marché favori.
Arrivée il y a deux ans en Nouvelle-Calédonie, cette employée de banque, sac à dos rouge sur le dos et sac de course sous le bras, ne cache pas son besoin de "reprendre une vie normale" après avoir eu "les larmes au yeux" il y a deux jours en voyant le quartier de Tuband dévasté.
- "Cicatrices" -
Elle espérait vraiment retrouver la convivialité du marché, chère également à Yvan Ritterszki, retraité.
Venu avec son épouse et leur chien, l'homme de 77 ans, installé là depuis 1968, se désole. "Ca a toujours été un lieu très convivial, où on se croisait tous, il n'y avait rien entre nous, tout se passait bien".
La confiance est-elle brisée dans l'archipel? "Oui, dit-il. le retour de la confiance, je ne le vois pas, il va rester des cicatrices très très profondes et le meilleur des cataplasmes ne va pas guérir ça." "C'est incompréhensible", répète le septuagénaire qui vit dans l'un des plus vieux quartiers de Nouméa, celui très populaire de la Vallée-du-Tir.
Soane, originaire de l'île polynésienne de Wallis, avait fait un petit stock de poissons à la maison mais les jours passant, il avait hâte de revenir sur le marché, "un lieu où on se rencontre tous, où on vient avec les familles".
"Mais là... Ca laisse des traces tout ce qu'il s'est passé. Jamais on va oublier ça", dit le quinquagénaire, la queue d'un énorme poisson dépassant de son sac.
Christophe Pierron, pêcheur, a vendu 300 kg de poisson en l'espace de deux heures, contre quatre jours habituellement.
"Ce n'est pas les affluences auxquelles on est habitué. En même temps, ça nous fait un peu mal au cœur parce qu'on voit que les gens (se pressent) pour acheter des denrées alimentaires. C'est quand même triste", relève-t-il.
Au centre du marché, un artiste coiffé de dreadlocks gratte sur sa guitare une chanson de Francis Cabrel. "C'est un hameau perdu sous les étoiles", chantonne-t-il.