Londres, Royaume-Uni | AFP | jeudi 19/04/2023 - Dans son laboratoire de l'Imperial College de Londres, Jessica Wade passe ses journées entourées de spectromètres, d'oscilloscopes et... d'hommes. Le soir, elle combat l'invisibilité des chercheuses sur internet en rédigeant des biographies sur l'encyclopédie Wikipédia.
"On ne peut pas se contenter de réclamer davantage de femmes scientifiques, il faut honorer et célébrer celles que nous avons. Ecrire leur histoire. S'assurer que le monde reconnaît ce qu'elles ont accompli est une manière très importante de le faire", explique-t-elle à l'AFP sur le campus londonien où elle travaille depuis 2016.
Cette physicienne de 34 ans participe au développement de semi-conducteurs de nouvelle génération à base de carbone pour fabriquer des dispositifs optiques ou électroniques (téléviseurs, panneaux solaires...) plus efficaces et moins gourmands en énergie.
Elle dirige une équipe de cinq personnes, intégrées dans un groupe de 15 chercheurs parmi lesquels elles ne sont que deux femmes.
La science "reste très dominée par les hommes", constate Jessica Wade, regrettant le peu d'intérêt des jeunes filles dont les parents ne sont pas scientifiques.
"Quand je suis entrée dans un département de physique composé en majorité d'hommes et de personnes de milieux blancs privilégiés, je me suis rendu compte que tout le monde n'avait pas les mêmes chances d'étudier la physique", ajoute-t-elle.
"Ce manque de diversité a des conséquences sur la recherche, sur les questions que l'on se pose, les directions vers lesquelles nous allons, comment les innovations influent sur la société et (...) à qui elles bénéficient", insiste-t-elle.
- Près de 2.000 biographies -
Cherchant à élargir le public de la science, elle a constaté les "lacunes" de l'encyclopédie collaborative et gratuite en ligne Wikipédia.
Seules "19% des biographies en anglais sont celles de femmes", affirme Jessica Wade, qui y voit un lien avec le fait que "90%" des contributeurs de la plateforme sont des hommes.
Alors, depuis 2018, elle s'est attelée à corriger cela et a déjà écrit près de 2.000 pages, en raison d'une par soirée chez elle après le dîner.
"Cela me demande plus d'une heure pour chacune, ce qui représente déjà trop d'heures de ma vie", dit-elle en riant ajoutant qu'elle "ne se voit pas arrêter" à brève échéance.
La première biographie qu'elle a écrite a été celle de la climatologue américaine Kim Cobb, après l'avoir écoutée durant une conférence et avoir constaté qu'elle n'était pas répertoriée sur Wikipédia.
- Reconnaissance -
La présence d'une personne et de son travail sur internet signifie qu'elle a une chance d'être connue de tous, souligne la chercheuse, qui participe désormais à un réseau de rédactrices et anime des ateliers sur la manière d'écrire sur Wikipédia.
"Les jeunes filles qui font des recherche sur Google, par exemple sur les oursins, vont aller de clic en clic et atterrir sur la page Wikipédia d'une fantastique scientifique qui a contribué" à la connaissance de cette espèce, explique-t-elle.
En parallèle, l'existence d'une biographie sur Wikipédia peut permettre d'augmenter la visibilité et la reconnaissance des femmes au sein même de la communauté scientifique.
Et Jessica Wade évoque notamment la mathématicienne afro-américaine Gladys West, 92 ans, une des premières femmes sur lesquelles elle s'est penchée.
A partir de 1956, elle a travaillé pendant plus de 40 ans sur les systèmes de navigation marins et ses calculs ont contribué au développement du GPS.
"J'ai fait des recherche sur Gladys pour écrire sa biographie et il n'y avait que peu de choses. Elle avait près de 90 ans et personne ne lui avait rendu hommage. Je l'ai mise sur Wikipédia en février 2018 et en mai 2018 elle est apparue dans le classement des 100 femmes les plus importantes du monde de la BBC", témoigne-t-elle.
Depuis, cette scientifique a été distinguée par l'US Air Force et décorée par l'Académie Royale d’Ingénierie britannique, une première pour une femme.
"On ne peut pas se contenter de réclamer davantage de femmes scientifiques, il faut honorer et célébrer celles que nous avons. Ecrire leur histoire. S'assurer que le monde reconnaît ce qu'elles ont accompli est une manière très importante de le faire", explique-t-elle à l'AFP sur le campus londonien où elle travaille depuis 2016.
Cette physicienne de 34 ans participe au développement de semi-conducteurs de nouvelle génération à base de carbone pour fabriquer des dispositifs optiques ou électroniques (téléviseurs, panneaux solaires...) plus efficaces et moins gourmands en énergie.
Elle dirige une équipe de cinq personnes, intégrées dans un groupe de 15 chercheurs parmi lesquels elles ne sont que deux femmes.
La science "reste très dominée par les hommes", constate Jessica Wade, regrettant le peu d'intérêt des jeunes filles dont les parents ne sont pas scientifiques.
"Quand je suis entrée dans un département de physique composé en majorité d'hommes et de personnes de milieux blancs privilégiés, je me suis rendu compte que tout le monde n'avait pas les mêmes chances d'étudier la physique", ajoute-t-elle.
"Ce manque de diversité a des conséquences sur la recherche, sur les questions que l'on se pose, les directions vers lesquelles nous allons, comment les innovations influent sur la société et (...) à qui elles bénéficient", insiste-t-elle.
- Près de 2.000 biographies -
Cherchant à élargir le public de la science, elle a constaté les "lacunes" de l'encyclopédie collaborative et gratuite en ligne Wikipédia.
Seules "19% des biographies en anglais sont celles de femmes", affirme Jessica Wade, qui y voit un lien avec le fait que "90%" des contributeurs de la plateforme sont des hommes.
Alors, depuis 2018, elle s'est attelée à corriger cela et a déjà écrit près de 2.000 pages, en raison d'une par soirée chez elle après le dîner.
"Cela me demande plus d'une heure pour chacune, ce qui représente déjà trop d'heures de ma vie", dit-elle en riant ajoutant qu'elle "ne se voit pas arrêter" à brève échéance.
La première biographie qu'elle a écrite a été celle de la climatologue américaine Kim Cobb, après l'avoir écoutée durant une conférence et avoir constaté qu'elle n'était pas répertoriée sur Wikipédia.
- Reconnaissance -
La présence d'une personne et de son travail sur internet signifie qu'elle a une chance d'être connue de tous, souligne la chercheuse, qui participe désormais à un réseau de rédactrices et anime des ateliers sur la manière d'écrire sur Wikipédia.
"Les jeunes filles qui font des recherche sur Google, par exemple sur les oursins, vont aller de clic en clic et atterrir sur la page Wikipédia d'une fantastique scientifique qui a contribué" à la connaissance de cette espèce, explique-t-elle.
En parallèle, l'existence d'une biographie sur Wikipédia peut permettre d'augmenter la visibilité et la reconnaissance des femmes au sein même de la communauté scientifique.
Et Jessica Wade évoque notamment la mathématicienne afro-américaine Gladys West, 92 ans, une des premières femmes sur lesquelles elle s'est penchée.
A partir de 1956, elle a travaillé pendant plus de 40 ans sur les systèmes de navigation marins et ses calculs ont contribué au développement du GPS.
"J'ai fait des recherche sur Gladys pour écrire sa biographie et il n'y avait que peu de choses. Elle avait près de 90 ans et personne ne lui avait rendu hommage. Je l'ai mise sur Wikipédia en février 2018 et en mai 2018 elle est apparue dans le classement des 100 femmes les plus importantes du monde de la BBC", témoigne-t-elle.
Depuis, cette scientifique a été distinguée par l'US Air Force et décorée par l'Académie Royale d’Ingénierie britannique, une première pour une femme.