Kirill KUDRYAVTSEV / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 22/08/2024 - "On progresse mais le chemin est encore long" : depuis huit ans, un collectif francophone s'attelle, non sans mal, à redonner toute leur place aux femmes sur Wikipédia en ajoutant des biographies de figures féminines restées jusque-là dans l'ombre sur l'encyclopédie participative.
"En 2016, la part de femmes dans les biographies francophones était seulement de 14%", souligne auprès de l'AFP Natacha Rault, la fondatrice du projet "Les sans pagEs". "Il y a un mois, on a dépassé la barre des 20%, avec 142.979 biographies de femmes au total".
Lancé sur le modèle de l'initiative "Women in Red" centré sur le Wikipédia en anglais, le collectif voit le jour en Suisse en juin 2016 avec un objectif : corriger les biais de genre constatés sur les pages, francophones cette fois, de l'encyclopédie en ligne où l'absence des femmes est particulièrement criante.
Quelque 300 personnes répondent présentes et contribuent d'une manière ou d'une autre au projet. En huit ans, plus de 68.000 biographies sont créées, dont celles d'Alix Payen, ambulancière communarde française, Gracia Alonso de Armiño Riaño, basketteuse espagnole médaillée d'argent aux JO de Paris, ou encore l'écrivaine française Charlotte Delbo.
D'autres biographies, déjà existantes, sont elles "améliorées", à l'image de celle consacrée à Madame de Warens, célèbre espionne suisse mais pendant longtemps présentée uniquement comme muse et maîtresse de Jean-Jacques Rousseau.
Avec ce cap des 20% franchi en juillet, le Wikipédia francophone se rapproche du Wikipédia en espagnol, sur lequel 23,4% des biographies sont dédiées à des femmes, et se place légèrement devant le Wikipédia en anglais (19,8%), relève Natacha Rault.
"Il y a des progrès mais du chemin reste à parcourir", estime la Franco-Britannique, qui pointe entre autres la part toujours minoritaire des contributrices de Wikipédia dont la communauté "reste composée à 90% d'hommes", alimentant "un biais de genre".
- Post mortem -
Autre obstacle auquel l'association est confrontée, le manque persistant de sources.
"Pour qu'un article soit admissible, il faut que le sujet ait été médiatisé dans deux médias d'envergure nationale ou internationale, et ce dans un laps de temps de deux ans", explique Natacha Rault. "Une simple mention dans Le Monde ou une interview dans Le Figaro ne suffit pas, seules les sources secondaires, comme les articles, sont acceptées".
Et sans sources secondaires, pas d'article possible. Résultat, il n'est pas rare de voir des articles être publiés uniquement post mortem. Décédée en mars 2022, la scientifique française pionnière en informatique Marion Créhange n'a ainsi eu droit à sa page Wikipédia qu'à sa mort.
Face à ce constat, l'association, financée notamment par la Fondation Wikimédia, exhorte écrivains et journalistes francophones à écrire davantage sur les femmes, "surtout des nouvelles qu'on ne connaît pas encore".
"Si on reprend tout le temps Ada Lovelace", première codeuse de l'Histoire, et "Marie Curie, on ne va pas s'en sortir et la proportion de femmes marquera toujours le pas. Ce qu'il faut c'est chercher celles qui sont moins connues", estime Natacha Rault. "Il y a un vrai travail à faire pour les écrivains et les journalistes, il faut éviter au maximum de faire du remâché".
"Ca pose plus largement la question de la manière dont la presse et les écrivains et écrivaines traitent des femmes et de leurs réalisations", ajoute-t-elle.
"En 2016, la part de femmes dans les biographies francophones était seulement de 14%", souligne auprès de l'AFP Natacha Rault, la fondatrice du projet "Les sans pagEs". "Il y a un mois, on a dépassé la barre des 20%, avec 142.979 biographies de femmes au total".
Lancé sur le modèle de l'initiative "Women in Red" centré sur le Wikipédia en anglais, le collectif voit le jour en Suisse en juin 2016 avec un objectif : corriger les biais de genre constatés sur les pages, francophones cette fois, de l'encyclopédie en ligne où l'absence des femmes est particulièrement criante.
Quelque 300 personnes répondent présentes et contribuent d'une manière ou d'une autre au projet. En huit ans, plus de 68.000 biographies sont créées, dont celles d'Alix Payen, ambulancière communarde française, Gracia Alonso de Armiño Riaño, basketteuse espagnole médaillée d'argent aux JO de Paris, ou encore l'écrivaine française Charlotte Delbo.
D'autres biographies, déjà existantes, sont elles "améliorées", à l'image de celle consacrée à Madame de Warens, célèbre espionne suisse mais pendant longtemps présentée uniquement comme muse et maîtresse de Jean-Jacques Rousseau.
Avec ce cap des 20% franchi en juillet, le Wikipédia francophone se rapproche du Wikipédia en espagnol, sur lequel 23,4% des biographies sont dédiées à des femmes, et se place légèrement devant le Wikipédia en anglais (19,8%), relève Natacha Rault.
"Il y a des progrès mais du chemin reste à parcourir", estime la Franco-Britannique, qui pointe entre autres la part toujours minoritaire des contributrices de Wikipédia dont la communauté "reste composée à 90% d'hommes", alimentant "un biais de genre".
- Post mortem -
Autre obstacle auquel l'association est confrontée, le manque persistant de sources.
"Pour qu'un article soit admissible, il faut que le sujet ait été médiatisé dans deux médias d'envergure nationale ou internationale, et ce dans un laps de temps de deux ans", explique Natacha Rault. "Une simple mention dans Le Monde ou une interview dans Le Figaro ne suffit pas, seules les sources secondaires, comme les articles, sont acceptées".
Et sans sources secondaires, pas d'article possible. Résultat, il n'est pas rare de voir des articles être publiés uniquement post mortem. Décédée en mars 2022, la scientifique française pionnière en informatique Marion Créhange n'a ainsi eu droit à sa page Wikipédia qu'à sa mort.
Face à ce constat, l'association, financée notamment par la Fondation Wikimédia, exhorte écrivains et journalistes francophones à écrire davantage sur les femmes, "surtout des nouvelles qu'on ne connaît pas encore".
"Si on reprend tout le temps Ada Lovelace", première codeuse de l'Histoire, et "Marie Curie, on ne va pas s'en sortir et la proportion de femmes marquera toujours le pas. Ce qu'il faut c'est chercher celles qui sont moins connues", estime Natacha Rault. "Il y a un vrai travail à faire pour les écrivains et les journalistes, il faut éviter au maximum de faire du remâché".
"Ca pose plus largement la question de la manière dont la presse et les écrivains et écrivaines traitent des femmes et de leurs réalisations", ajoute-t-elle.