PARIS, 9 mars 2012 (AFP) - 140 caractères pour raconter sa rétention : un jeune Gabonais sans papiers livre sur Twitter une chronique insolite et désabusée de son séjour forcé au centre du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) depuis son arrestation mardi entre Paris et Reims.
Son compte @soloNecrozis sur le site de micro-blogging révèle le brusque changement intervenu dans son existence. Mardi, il envoie un message anodin ("I'm at Porte de Charenton") avant de poster quelques heures plus tard un laconique "garde à vue" suivi de "tweet depuis le Mesnil-Amelot, centre de détention (en réalité rétention, ndlr) provisoire pour sans-papiers".
Etudiant en France depuis 2008, Gil Juwu vient alors d'être arrêté sur la route de Reims, où il réside. "Je revenais de Paris en co-voiturage et il y a eu un contrôle de gendarmerie", explique au téléphone à l'AFP ce jeune homme de 23 ans, féru de heavy-metal, de jazz et de philosophie.
Conduit en centre de rétention administrative (CRA), M. Juwu conserve un accès à son téléphone portable deux heures par jour et en profite pour confier ses impressions sur son compte Twitter, réservé jusque-là à des badinages sans gravité.
"Centre quasi neuf. Confort spartiate mais appréciable. 3 repas/jour. 2 par chambre. infirmerie. Distributeur pr tabac, chocolats, sodas", ou encore: "Rétention administrative et non détention. L'accent est mis en permanence sur cette différence ici. Nous ne sommes pas prisonniers ici".
"Les tweets ne m'apportent pas un réconfort particulier. L'expérience que je vis dans ce centre me marque beaucoup plus que les tweets", confie-t-il au téléphone à l'AFP. "Ici, tout le monde a des histoires incroyables à raconter et chacun a l'espoir que ça s'arrange", ajoute-t-il.
L'étudiant à la coiffure ébouriffée profite aussi de Twitter pour faire part de sa surprise concernant l'attitude des forces de l'ordre au CRA. "Les policiers ici sont exemplaires. À l'écoute, souriants, très souvent amicaux. Loin des clichés de la tv", a-t-il posté jeudi.
"Je ne suis là que depuis deux jours mais je suis le premier étonné. Il y a du vouvoiement et même de l'humour, je n'ai pas vu d'animosité", précise-t-il à l'AFP.
Selon l'association la Cimade, présente au CRA du Mesnil-Amelot, ce témoignage est sans précédent. "C'est une très bonne chose parce que les centres de rétention sont des lieux cachés au public et où la société civile n'a qu'un accès très restreint", assure une porte-parole de l'association.
"C'est vrai qu'il y a de l'humanité de la part de policiers mais cela tranche radicalement avec la logique violente des expulsions", estime cette porte-parole.
Sur son compte, Gil Juwu se permet également quelques facéties en notant que le baby foot du CRA est "mal graissé" et en commentant la venue dans le centre d'une délégation allemande accompagnée du préfet de Seine-et-Marne. "C'est drôle de voir en +vrai+ celui qui nous expulse", écrit-il.
Son témoignage lui a valu une flopée de messages de soutien sur le Net et a été notamment salué par Maître Eolas, un avocat très influent dans la blogosphère, qui a évoqué "une expérience extraordinaire". Depuis jeudi après-midi, le nombre de ses "followers" (suiveurs) a quasiment triplé.
Selon RESF, M. Juwu doit comparaître vendredi devant le tribunal administratif de Melun qui doit examiner les conditions de son placement en rétention.
jt/dd/bg
Son compte @soloNecrozis sur le site de micro-blogging révèle le brusque changement intervenu dans son existence. Mardi, il envoie un message anodin ("I'm at Porte de Charenton") avant de poster quelques heures plus tard un laconique "garde à vue" suivi de "tweet depuis le Mesnil-Amelot, centre de détention (en réalité rétention, ndlr) provisoire pour sans-papiers".
Etudiant en France depuis 2008, Gil Juwu vient alors d'être arrêté sur la route de Reims, où il réside. "Je revenais de Paris en co-voiturage et il y a eu un contrôle de gendarmerie", explique au téléphone à l'AFP ce jeune homme de 23 ans, féru de heavy-metal, de jazz et de philosophie.
Conduit en centre de rétention administrative (CRA), M. Juwu conserve un accès à son téléphone portable deux heures par jour et en profite pour confier ses impressions sur son compte Twitter, réservé jusque-là à des badinages sans gravité.
"Centre quasi neuf. Confort spartiate mais appréciable. 3 repas/jour. 2 par chambre. infirmerie. Distributeur pr tabac, chocolats, sodas", ou encore: "Rétention administrative et non détention. L'accent est mis en permanence sur cette différence ici. Nous ne sommes pas prisonniers ici".
"Les tweets ne m'apportent pas un réconfort particulier. L'expérience que je vis dans ce centre me marque beaucoup plus que les tweets", confie-t-il au téléphone à l'AFP. "Ici, tout le monde a des histoires incroyables à raconter et chacun a l'espoir que ça s'arrange", ajoute-t-il.
L'étudiant à la coiffure ébouriffée profite aussi de Twitter pour faire part de sa surprise concernant l'attitude des forces de l'ordre au CRA. "Les policiers ici sont exemplaires. À l'écoute, souriants, très souvent amicaux. Loin des clichés de la tv", a-t-il posté jeudi.
"Je ne suis là que depuis deux jours mais je suis le premier étonné. Il y a du vouvoiement et même de l'humour, je n'ai pas vu d'animosité", précise-t-il à l'AFP.
Selon l'association la Cimade, présente au CRA du Mesnil-Amelot, ce témoignage est sans précédent. "C'est une très bonne chose parce que les centres de rétention sont des lieux cachés au public et où la société civile n'a qu'un accès très restreint", assure une porte-parole de l'association.
"C'est vrai qu'il y a de l'humanité de la part de policiers mais cela tranche radicalement avec la logique violente des expulsions", estime cette porte-parole.
Sur son compte, Gil Juwu se permet également quelques facéties en notant que le baby foot du CRA est "mal graissé" et en commentant la venue dans le centre d'une délégation allemande accompagnée du préfet de Seine-et-Marne. "C'est drôle de voir en +vrai+ celui qui nous expulse", écrit-il.
Son témoignage lui a valu une flopée de messages de soutien sur le Net et a été notamment salué par Maître Eolas, un avocat très influent dans la blogosphère, qui a évoqué "une expérience extraordinaire". Depuis jeudi après-midi, le nombre de ses "followers" (suiveurs) a quasiment triplé.
Selon RESF, M. Juwu doit comparaître vendredi devant le tribunal administratif de Melun qui doit examiner les conditions de son placement en rétention.
jt/dd/bg
Remis en liberté
-Gil Juwu, le jeune sans-papiers gabonais qui envoyait des tweets depuis le centre de rétention du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), a été remis en liberté vendredi sur décision du tribunal administratif de Melun, a-t-on appris de sources concordantes.
Placé en rétention mardi après un contrôle de gendarmerie, cet étudiant de 23 ans qui a accumulé les soutiens sur Twitter l'a lui même annoncé sur son compte @SoloNecrozis aux alentours de 15H00: "Le jugement est rendu. Je suis libre depuis un quart d'heure."
L'information a été confirmée à l'AFP de source judiciaire. L'ensemble de la procédure et l'obligation de quitter le territoire français (OQTF) prise à son encontre ont été "annulés", a indiqué cette source.
L'avocat de M. Juwu n'était pas joignable dans l'immédiat pour expliquer les motivations du tribunal.
Sur son compte du site de microblogging Twitter, M. Juwu a remercié "du fond du coeur le consulat du Gabon", saluant une "mobilisation rapide et (un) dévouement total".
Il a également indiqué n'avoir "aucune rancoeur". "Tout part de l'irrégularité de ma situation. Le droit a été appliqué, des gens ont fait leur travail", écrit-il sur un des nombreux messages qu'il a postés depuis sa libération.
"Je n'ai cependant pas +gagné+ de carte de séjour pour autant. Beaucoup reste à faire", a-t-il ajouté.
Placé en rétention mardi après un contrôle de gendarmerie, cet étudiant de 23 ans qui a accumulé les soutiens sur Twitter l'a lui même annoncé sur son compte @SoloNecrozis aux alentours de 15H00: "Le jugement est rendu. Je suis libre depuis un quart d'heure."
L'information a été confirmée à l'AFP de source judiciaire. L'ensemble de la procédure et l'obligation de quitter le territoire français (OQTF) prise à son encontre ont été "annulés", a indiqué cette source.
L'avocat de M. Juwu n'était pas joignable dans l'immédiat pour expliquer les motivations du tribunal.
Sur son compte du site de microblogging Twitter, M. Juwu a remercié "du fond du coeur le consulat du Gabon", saluant une "mobilisation rapide et (un) dévouement total".
Il a également indiqué n'avoir "aucune rancoeur". "Tout part de l'irrégularité de ma situation. Le droit a été appliqué, des gens ont fait leur travail", écrit-il sur un des nombreux messages qu'il a postés depuis sa libération.
"Je n'ai cependant pas +gagné+ de carte de séjour pour autant. Beaucoup reste à faire", a-t-il ajouté.