Suite colloque du genre à l’ISEPP : relations sociales au sein des sociétés océaniennes


Ce mardi après-midi, il a été question des spécificités en terme de relations sociales dans les différentes ethnies vivant en Océanie. Tour à tour, Serge Tcherkezoff (ethnologue), Jacques Vernaudon (Maître de conférences de linguistique océanienne) et Margaret Jolly, professeur australienne, ont évoqué les spécificités relationnelles propres aux îles du Pacifique.

Les problématiques que l’on retrouve dans le Pacifique Sud ont été dévoilés et surtout approfondies par l’ethnologue Serge Tcherkezoff, qui connait bien le sujet de la sexualité au sein de la société polynésienne, qu’il a décrit dans son livre « Tahiti – 1768, Jeunes filles en pleurs , la face cachée des premiers contacts et la naissance du mythe occidental ». Ici, il a abordé l’endogamie dit « de village », c’est-à-dire le fait pour une jeune fille d’un village samoan, de se marier ou se fiancer avec un membre du même village. Bien que cela ne représente pas forcément un acte incestueux, il est considéré comme « très mauvais » par les chefs de tribus.

Dans ces régions, la classification est un fait et clairement affichée. Le sexe fort s’impose fortement face aux femmes. Il y a tout d’abord les chefs (qu’il y ait des hommes et, ou alors des femmes également), ensuite les « ladies » comme les nomment les britanniques, des femmes qui mangent ensemble mais qui excluent aussi celles venant d’autres tribus. En troisième position, on retrouve les hommes (ceux qui ne font pas partie des ari’i (des chefs)) puis le dernier groupe lequel rassemble uniquement les épouses des chefs. Ici, la distinction entre les hommes et les femmes est flagrante, mais sans appel car il s’agit d’une organisation sociétale fondamentale dans ces contrées. Toutefois, chacun de ces groupes peut représenter, à lui seul, le village entier.

Une demi-heure plus tard, le linguiste Jacques Vernaudon a soulevé la question du genre grammatical ainsi que la vision genrée du monde. Dans son exposé, ce dernier a effectué des comparaison entre des termes européens et polynésiennes. Pour cette partie, il a mis en évidence l’absence de genre. Les exemples de mots tels que ‘ōna (qui désigne aussi bien un homme qu’une femme) démontrant là aussi l’asexualisation du genre, sauf le contexte biologique qui peut être indiqué ( par exemple pour dire homme = tāne ou alors femme = vahine. Ici, le genre est clairement défini).

Mais d’une manière plus personnelle, Jacques Vernaudon a voulu expliquer l’implication normale de la distinction du genre et ce, presque « automatiquement », par les enfants. Pour ce faire, il a donné l’exemple de sa petite fille qui, un jour lui demanda : « Papa, est-ce qu’on dit « une table » parceque c’est une fille ? ». Et parfois, les remarques relèvent presque de la discrimination comme cet exemple de remarques à l’adresse des raerae : « il est belle. ». Autant d’éléments qui délimitent clairement la position de chaque genre.

Enfin, la dernière intervention de Margaret Jolly, professeur à l’Université Nationale d’Australie a mis en évidence les effets des premiers contacts entre les européens et les polynésiens. Le plupart des commandants de navire étaient étonnés, voire surpris du comportement « permissif » qu’ils ont qualifié à maintes reprises de « dépravement ». Sauf que certains analystes ont préféré revisiter certaines terminologies. Plutôt que d’utiliser celles déjà existantes et qui font foi auprès du plus grand nombre, ils se tournent vers une redéfinition des actes par rapport à l’histoire et aux coutumes d’antan.

Les débat concernant nos considérations et notions sur le genre, la sexualité et leur interrelation font partie de cet ensemble d’interprétations, comme c’est le cas pour la transgenre (raerae par exemple) et du désir pour le même sexe. Une notion incomprise par les navigateurs de l’époque. Ils utilisisaient donc le terme de : sodomite.

La sodomie était punie par une pendaison, ce qui était synonyme de débaûche par la société britannique du 18ème siècle. Un chef hawaien aurait proposé 6 cochons au capitaine wallace pour coucher avec le lieutenant King. Ces actes étaient considérés de « dépravés » par les missionnaires anglais.
La seconde journée portera sur le genre, grand G, la sexualité et les sexualités. Il y sera question, entre autres, de la présence des femmes-à-la-manière-des-hommes et de la vitalité du phénomène transgenre tel qu’il existe sur le fenua, ancrée dans une réalité sociales.

TP

Rédigé par TP le Mardi 24 Septembre 2013 à 17:20 | Lu 590 fois