Tahiti, le 22 juillet 2022 – Le Cluster maritime, créé en 2014, a présenté au Conseil économique, social, environnemental et culturel, mercredi, un bilan de ses actions. L'occasion de faire un point sur l'économie bleue en Polynésie avec Stanley Ellacott, membre fondateur et vice-président du Cluster maritime à sa création, et représentant du Cluster au Cesec depuis quatre ans.
Le Cluster maritime a été créé en 2014. Quel était son objectif ?
"C'est de regrouper tous les professionnels des différents secteurs d'activité de l'économie bleue. On a fait un point de situation pour voir quelle est la part de l'économie bleue dans l'économie polynésienne. Le Cluster a permis une prise de conscience sur le fait qu'il fallait faire quelque chose en matière d'économie liée à l'océan. C'est depuis ça qu'on a eu un ministre pas seulement de la Mer mais de l'Économie bleue. On est monté crescendo dans nos activités. Maintenant, on est régulièrement consulté par le gouvernement sur les grands projets concernant l'économie bleue. On a intégré le réseau du Cluster France, c'est un canal très intéressant pour faire remonter très vite les dossiers avec un suivi particulier du ministère et du Cluster France."
Quelle est la part de l'économie bleue dans l'économie polynésienne aujourd'hui ?
"Notre approche est différente de celle de l'Institut de la statistique qui regarde secteur par secteur, nous on englobe tout, avec le tourisme nautique par exemple. Ça représente 10 % du produit intérieur brut [5,2 % du PIB en 2019 selon l'ISPF, NDLR] et 40 milliards de Fcfp en revenus propres à la Polynésie. Ce n'est pas négligeable."
Le secteur n'a pas échappé à la crise Covid ?
"Non, mais on a su réagir très vite. On a une soixantaine de professionnels, aussi bien dans le public que dans le privé. C'est la "task force" du Cluster. On a travaillé très vite sur les faiblesses qu'on pouvait avoir pour réagir dans tous les secteurs d'activité."
L'économie bleue a encore un potentiel de progression ?
"Énormément. Au niveau maritime, il y a le secteur de la pêche qu'on veut développer bien sûr, mais il y a aussi le secteur de l'exploitation des minerais. Pour cela, il va falloir d'abord passer par des études d'exploration. Mais il y a un énorme potentiel. Même pour le tourisme nautique, il y a encore du potentiel. Après il y a des secteurs plus en berne, comme la perliculture. Mais le Cluster permet d'amener régulièrement des tables rondes."
Il y a une augmentation des bateaux de pêche, avec 72 bateaux hauturiers en 2021 contre 61 en 2015 selon l'institut de la statistique. La pêche est un secteur qui séduit ?
"Oui, beaucoup maintenant visent l'export. Certains bateaux deviennent beaucoup plus grands avec l'objectif d'exporter nos poissons qui sont d'excellente qualité. Après, comme pour toute activité maritime, il peut y avoir un problème de personnel. Aussi bien dans la marine nationale qu'ailleurs, partir quelques mois ou quelques semaines en mer, ce n'est pas toujours évident…"
Pourtant, les exportations ont baissé ?
"Oui, mais c'est encore l'effet Covid."
Est-ce qu'en Polynésie, on a la capacité de concurrencer les autres pays en matière d'exportation ?
"Dans le poisson de qualité, oui. On travaille toujours sur la création d'un label. Une fois qu'on sera reconnu au niveau international, notre export va encore doubler, voire tripler."
Quels sont les marchés vers lesquels on exporte ?
"Actuellement, les États-Unis et l'Europe."
Peut-on exploiter durablement l'océan ?
"Dans notre zone économique exclusive (ZEE), on ne pêche qu'un léger pourcentage par rapport à la ressource existante. On a 70 bateaux qui pêchent en Polynésie. Ce n'est rien par rapport aux milliers qui sont tout autour de la ZEE. Alors il ne faut pas venir demander à la Polynésie de limiter la pêche. D'abord, on ne pêche pas à la senne, car ça, ce n'est pas écologique. La pêche moyenne d'un senneur, c'est 30 tonnes, une bonne pêche c'est 50 tonnes. Mais dedans, on trouve de tout, de la tortue, du dauphin… C'est rejeté, mais mort. On estime dans le Grand-Pacifique à 100 000 le nombre de dispositifs de concentration de poissons. Mais pas dans notre zone économique ! Nous, on prend à peine 30 % du potentiel de la pêche.
Le commandant supérieur des forces armées en Polynésie française a déclaré, début juillet à Tahiti Infos, qu'il n'y avait pas de pêche illégale au fenua. Vous partagez ce constat ?
"Je ne pense pas, effectivement, qu'il y ait de pêche illégale. Quand on va voir le nombre de bateaux présents dans les eaux polynésiennes sur le site Internet Marine Traffic, on voit bien qu'il y a très peu de bateaux étrangers et donc que c'est respecté. Maintenant, les bateaux ont le droit de passage et en transit, s'ils tombent sur un banc de poissons, est-ce qu'ils pêchent ? C'est possible. Mais il n'y a pas de grosse pêche."
Le Cluster a participé à la stratégie de l'innovation 2030 du Pays. Qu'est-ce qui peut être mis en place en termes d'innovation au sein de l'économie bleue ?
"Il y a encore des études à mener sur la biodiversité marine. Actuellement, la Polynésie travaille en partenariat avec l'État, au travers l'IRD [Institut de recherche pour le développement, NDLR] et le Criobe. Mais je pense qu'à un moment donné, la Polynésie doit se doter d'un centre d'études qui regroupe tout. On a une université américaine qui est installée à Moorea, beaucoup d'étudiants étrangers sont là, à l'IRD et au Criobe aussi. Est-ce qu'il n'y a pas un potentiel à développer, faire un centre d'études international pour accueillir toute la partie recherches ?"
Le Cluster maritime a été créé en 2014. Quel était son objectif ?
"C'est de regrouper tous les professionnels des différents secteurs d'activité de l'économie bleue. On a fait un point de situation pour voir quelle est la part de l'économie bleue dans l'économie polynésienne. Le Cluster a permis une prise de conscience sur le fait qu'il fallait faire quelque chose en matière d'économie liée à l'océan. C'est depuis ça qu'on a eu un ministre pas seulement de la Mer mais de l'Économie bleue. On est monté crescendo dans nos activités. Maintenant, on est régulièrement consulté par le gouvernement sur les grands projets concernant l'économie bleue. On a intégré le réseau du Cluster France, c'est un canal très intéressant pour faire remonter très vite les dossiers avec un suivi particulier du ministère et du Cluster France."
Quelle est la part de l'économie bleue dans l'économie polynésienne aujourd'hui ?
"Notre approche est différente de celle de l'Institut de la statistique qui regarde secteur par secteur, nous on englobe tout, avec le tourisme nautique par exemple. Ça représente 10 % du produit intérieur brut [5,2 % du PIB en 2019 selon l'ISPF, NDLR] et 40 milliards de Fcfp en revenus propres à la Polynésie. Ce n'est pas négligeable."
Le secteur n'a pas échappé à la crise Covid ?
"Non, mais on a su réagir très vite. On a une soixantaine de professionnels, aussi bien dans le public que dans le privé. C'est la "task force" du Cluster. On a travaillé très vite sur les faiblesses qu'on pouvait avoir pour réagir dans tous les secteurs d'activité."
L'économie bleue a encore un potentiel de progression ?
"Énormément. Au niveau maritime, il y a le secteur de la pêche qu'on veut développer bien sûr, mais il y a aussi le secteur de l'exploitation des minerais. Pour cela, il va falloir d'abord passer par des études d'exploration. Mais il y a un énorme potentiel. Même pour le tourisme nautique, il y a encore du potentiel. Après il y a des secteurs plus en berne, comme la perliculture. Mais le Cluster permet d'amener régulièrement des tables rondes."
Il y a une augmentation des bateaux de pêche, avec 72 bateaux hauturiers en 2021 contre 61 en 2015 selon l'institut de la statistique. La pêche est un secteur qui séduit ?
"Oui, beaucoup maintenant visent l'export. Certains bateaux deviennent beaucoup plus grands avec l'objectif d'exporter nos poissons qui sont d'excellente qualité. Après, comme pour toute activité maritime, il peut y avoir un problème de personnel. Aussi bien dans la marine nationale qu'ailleurs, partir quelques mois ou quelques semaines en mer, ce n'est pas toujours évident…"
Pourtant, les exportations ont baissé ?
"Oui, mais c'est encore l'effet Covid."
Est-ce qu'en Polynésie, on a la capacité de concurrencer les autres pays en matière d'exportation ?
"Dans le poisson de qualité, oui. On travaille toujours sur la création d'un label. Une fois qu'on sera reconnu au niveau international, notre export va encore doubler, voire tripler."
Quels sont les marchés vers lesquels on exporte ?
"Actuellement, les États-Unis et l'Europe."
Peut-on exploiter durablement l'océan ?
"Dans notre zone économique exclusive (ZEE), on ne pêche qu'un léger pourcentage par rapport à la ressource existante. On a 70 bateaux qui pêchent en Polynésie. Ce n'est rien par rapport aux milliers qui sont tout autour de la ZEE. Alors il ne faut pas venir demander à la Polynésie de limiter la pêche. D'abord, on ne pêche pas à la senne, car ça, ce n'est pas écologique. La pêche moyenne d'un senneur, c'est 30 tonnes, une bonne pêche c'est 50 tonnes. Mais dedans, on trouve de tout, de la tortue, du dauphin… C'est rejeté, mais mort. On estime dans le Grand-Pacifique à 100 000 le nombre de dispositifs de concentration de poissons. Mais pas dans notre zone économique ! Nous, on prend à peine 30 % du potentiel de la pêche.
Le commandant supérieur des forces armées en Polynésie française a déclaré, début juillet à Tahiti Infos, qu'il n'y avait pas de pêche illégale au fenua. Vous partagez ce constat ?
"Je ne pense pas, effectivement, qu'il y ait de pêche illégale. Quand on va voir le nombre de bateaux présents dans les eaux polynésiennes sur le site Internet Marine Traffic, on voit bien qu'il y a très peu de bateaux étrangers et donc que c'est respecté. Maintenant, les bateaux ont le droit de passage et en transit, s'ils tombent sur un banc de poissons, est-ce qu'ils pêchent ? C'est possible. Mais il n'y a pas de grosse pêche."
Le Cluster a participé à la stratégie de l'innovation 2030 du Pays. Qu'est-ce qui peut être mis en place en termes d'innovation au sein de l'économie bleue ?
"Il y a encore des études à mener sur la biodiversité marine. Actuellement, la Polynésie travaille en partenariat avec l'État, au travers l'IRD [Institut de recherche pour le développement, NDLR] et le Criobe. Mais je pense qu'à un moment donné, la Polynésie doit se doter d'un centre d'études qui regroupe tout. On a une université américaine qui est installée à Moorea, beaucoup d'étudiants étrangers sont là, à l'IRD et au Criobe aussi. Est-ce qu'il n'y a pas un potentiel à développer, faire un centre d'études international pour accueillir toute la partie recherches ?"