Source de nuisances, le Biovator sera déplacé


Moetai Brotherson a quitté la séance du conseil des ministres délocalisé pour rencontrer l’association des parents d’élèves du collège de Teva i Uta (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 25 avril 2024. L’association des parents d’élèves du collège Tinomana Ebb a obtenu gain de cause auprès du président du Pays, ce mercredi, à la mairie de Teva i Uta.

Inauguré en novembre dernier sur une parcelle domaniale à Mataiea, le Biovator est un éco-digesteur qui valorise à chaque cycle des centaines de kilos de déchets de poisson issus de l’industrie de la pêche, sous forme de compost. Problème vis-à-vis de cette initiative privée soutenue par le Pays : les nuisances olfactives sont plus importantes qu’annoncées. Eugénie Barff, résidente du lotissement Atimaono et conseillère municipale, témoigne : « Chez moi et dans mon fa’a’apu, je baigne dans cette odeur nauséabonde de cadavre… C’est très désagréable ! Ça impacte le collège et plusieurs lotissements, jusqu’aux golfeurs et aux rameurs selon les heures et la direction du vent. Même des automobilistes se sont plaints ».
 

« Avant deux mois »

Un constat confirmé mercredi matin par le ministre de l’Agriculture, Taivini Teai, en marge du conseil des ministres délocalisé à Teva i Uta. Le président de la Polynésie française a d’ailleurs quitté la séance pour rencontrer des membres de l’association des parents d’élèves (APE) du collège Tinomana Ebb, rassemblés à la mairie de Mataiea. « Nous avons contacté l’entrepreneur et porteur de projet du Biovator, qui est tout à fait d’accord pour déplacer son installation. Nous sommes en train de mener deux démarches : tout d’abord au niveau de la Diren (Direction de l’environnement, NDLR), avec une étude commandée pour savoir pourquoi ces mauvaises odeurs se dégagent, alors que ce n’est pas censé être le cas. Est-ce que c’est un défaut de l’installation ou des process d’utilisation ? En même temps, on est en train d’identifier des terrains qui appartiennent au Pays, car nous avons confirmé que ce serait délocalisé. Ça devrait pouvoir se faire avant deux mois », nous a indiqué Moetai Brotherson à l’issue des échanges.
 

Des larmes de soulagement

Pour Adeline Sabatier, présidente de l’APE émue aux larmes, c’est un soulagement après plusieurs courriers restés sans effet. « La situation dure depuis sept mois. Aujourd’hui, le président nous a entendus et il a pris la meilleure décision pour tout le monde : les enfants, le personnel et les habitants autour de ce site qui a causé énormément de souffrance. Le collège compte 583 élèves. C’est parfois insoutenable au point de devoir fermer toutes les fenêtres. C’était le cas lors du brevet blanc et nous craignons que ça se reproduise durant l’épreuve officielle, en fin d’année. Cette situation nuit aux apprentissages », remarque-t-elle, soutenue par la présidente de la Fédération des associations des parents d’élèves (FAPEEP), Tahia Chang-Tien, présente sur place. « Nous ne sommes pas contre ce projet, qui est louable pour l’avenir du Fenua, mais ce n’est pas le bon endroit ».
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Jeudi 25 Avril 2024 à 14:53 | Lu 3761 fois