PAPEETE, le 28 janvier 2017 - Lauréate du concours Créadie 2016 dans la catégorie développement durable, l'agricultrice exploite avec son oncle, sa tante et son neveu, quatre hectares à Moorea. Sur ces terres, la famille s'est lancée dans le bio. Pour Sophia Toofa, cela relève parfois du parcours du combattant.
Ongles soignés, mains sculptées par l'effort et peau tanée par le soleil. Sophia Toofa, agricultrice à Moorea, a le visage dur et le regard sévère. Assise au café de la gare maritime, la quinquagénaire retrace le film de son demi-siècle, de la presqu'île à l'île sœur. "Mon parcours? Ha, j'espère que tu as du temps parce que c'est long", balance-t-elle nonchalante.
Tout a commencé à la presqu'île. Adolescente, Sophia Toofa aide son père dans l'entreprise familiale. Un père dur et sévère qui inculque parfois les règles de la vie par les coups. "Il avait une entreprise de fabrication de parpaings. Je travaillais avec lui. Il fallait sortir 6000 parpaings à la journée, il fallait les soulever, ça faisait mal. Quand il n'était pas content, il le faisait savoir… C'était dur", souffle-t-elle. Quatre ans plus tard, Sophia Toofa obtient la gérance du magasin familial. "Au fil des années, je ne m'entendais plus avec mon père, c'était trop dur. A 18 ans, je suis partie à Papeete. J'ai travaillé dans une entreprise de nettoyage."
Après quatre années d'indépendance, son père la rattrape. Elle retravaille avec lui pendant sept ans. Ne tenant plus sous les coups, elle décide de prendre son véritable envol. "Mon père était quelqu'un de très sérieux, très carré… Je suis son miroir, j'ai le même caractère que lui", confie-t-elle le visage serré.
De retour à Papeete, Sophia Toofa démarre une carrière de commerciale puis ouvre sa boutique de vente de skateboards. A la presqu'île, son père est en grande difficulté financière. Sophia Toofa lui donne la main pour l'aider. "C'est quand même mon père, je ne pouvais pas le laisser tomber! C'est mon pilier. J'ai appris à lui pardonner et maintenant, je ne lui en veux plus…" Une fois toutes ses affaires réglées, Sophia Toofa prend le ferry direction Moorea. Après plusieurs années à enchaîner les missions de caissière et gestionnaire de stocks, elle prend le chemin des prés.
Ongles soignés, mains sculptées par l'effort et peau tanée par le soleil. Sophia Toofa, agricultrice à Moorea, a le visage dur et le regard sévère. Assise au café de la gare maritime, la quinquagénaire retrace le film de son demi-siècle, de la presqu'île à l'île sœur. "Mon parcours? Ha, j'espère que tu as du temps parce que c'est long", balance-t-elle nonchalante.
Tout a commencé à la presqu'île. Adolescente, Sophia Toofa aide son père dans l'entreprise familiale. Un père dur et sévère qui inculque parfois les règles de la vie par les coups. "Il avait une entreprise de fabrication de parpaings. Je travaillais avec lui. Il fallait sortir 6000 parpaings à la journée, il fallait les soulever, ça faisait mal. Quand il n'était pas content, il le faisait savoir… C'était dur", souffle-t-elle. Quatre ans plus tard, Sophia Toofa obtient la gérance du magasin familial. "Au fil des années, je ne m'entendais plus avec mon père, c'était trop dur. A 18 ans, je suis partie à Papeete. J'ai travaillé dans une entreprise de nettoyage."
Après quatre années d'indépendance, son père la rattrape. Elle retravaille avec lui pendant sept ans. Ne tenant plus sous les coups, elle décide de prendre son véritable envol. "Mon père était quelqu'un de très sérieux, très carré… Je suis son miroir, j'ai le même caractère que lui", confie-t-elle le visage serré.
De retour à Papeete, Sophia Toofa démarre une carrière de commerciale puis ouvre sa boutique de vente de skateboards. A la presqu'île, son père est en grande difficulté financière. Sophia Toofa lui donne la main pour l'aider. "C'est quand même mon père, je ne pouvais pas le laisser tomber! C'est mon pilier. J'ai appris à lui pardonner et maintenant, je ne lui en veux plus…" Une fois toutes ses affaires réglées, Sophia Toofa prend le ferry direction Moorea. Après plusieurs années à enchaîner les missions de caissière et gestionnaire de stocks, elle prend le chemin des prés.
Une histoire de famille
Dans la baie d'Opunohu, sa tante Maima et son oncle Hubert tiennent une exploitation agricole. Lui, agriculteur conventionné, est dans le métier depuis plus de 30 ans. Ils proposent à leur nièce de gérer l'exploitation pendant leur absence. "Quelques années plus tard, j'ai demandé à avoir une petite parcelle à gérer. Le SDR (Service du développement rural) est venu nous voir pour que l'on devienne ferme-pilote dans un programme d'agriculture biologique. Nous avons créé l'association Mou'a roa heaven bio. Depuis, nous nous efforçons de faire du bio." C'est ainsi qu'une autre histoire commence pour cette femme active et débordante d'idées.
La famille délaisse les pesticides, insecticides et autres substances chimiques dans son exploitation. "Mon oncle a travaillé pendant 30 ans comme agriculteur conventionné et aujourd'hui, il est très malade. Pour lui, produire une alimentation saine et équilibrée, c'est une évidence. C'est pour cette raison que nous avons choisi le bio. Mais au départ, les gens nous prenaient pour des fous! Pour moi, ce n'est ni plus ni moins un retour à la manière dont nos aïeux cultivaient la terre…" explique l'agricultrice, son visage éclairé par un sourire.
Quand elle était jeune, Sophia Toofa passait des après-midis auprès de son arrière-grand-père, originaire de Raiatea. Il cultivait la terre et ne mangeait que ce qui sortait de son fa'a'apu. "Il n'a jamais mangé de produits en boîte! Il a vécu jusqu'à 118 ans. C'est pour cela que je crois dans le bio. Mon père aussi, d'ailleurs, après lui, cultivait ses propres légumes."
Engagée dans la démarche avec toute sa famille, elle est encore dans l'attente de la garantie bio, délivrée par le SDR. Sophia Toofa voit tout de même ses efforts récompensés. La quinquagénaire vient de recevoir un prix de l'Adie, organisme de microcrédit qui la soutient, dans la catégorie développement durable du concours Créadie 2016. "On m'a appelé la veille de Noël pour m'annoncer que j'avais gagné! C'était un très beau cadeau. Je suis très contente. Ces 120 000 francs vont nous permettre d'améliorer le système d'irrigation."
Toujours à la recherche du meilleur pour sa terre, elle picore des idées dans les livres et sur Internet. L'agricultrice espère que l'année 2017 sera synonyme de réussite. Après quelques mois difficiles, où le rendement a été gâché par la pluie, elle a pour objectif de fournir une centaine de paniers bios à ses clients, qui, à l'heure actuelle, n'en reçoivent qu'une trentaine. "J'espère aussi pourvoir augmenter le nombre de serres, avoir un poulailler mobile et peut-être acquérir un tracteur."
Derrière ses fines lunettes, les yeux marron de Sophia Toofa s'illuminent à l'énoncé de ces projets. Son visage s'adoucit. Elle jette un coup d'œil à sa montre. Son rendez-vous avec sa conseillère du Sefi approche. D'un pas décidé, elle s'engage vers la sortie de la gare maritime. A la question de la retraite, elle esquisse un sourire et répond : "Je ne peux pas m'arrêter de travailler. Il faut que je bouge. Je sens parfois mon corps qui fatigue mais c'est supportable. Dans l'agriculture, nous n'avons pas de week-end, c'est interdit d'être malade et nous n'avons pas de vacances! Je ne sais pas ce que je pourrais faire d'autre… J'ai encore beaucoup à apprendre!"
La famille délaisse les pesticides, insecticides et autres substances chimiques dans son exploitation. "Mon oncle a travaillé pendant 30 ans comme agriculteur conventionné et aujourd'hui, il est très malade. Pour lui, produire une alimentation saine et équilibrée, c'est une évidence. C'est pour cette raison que nous avons choisi le bio. Mais au départ, les gens nous prenaient pour des fous! Pour moi, ce n'est ni plus ni moins un retour à la manière dont nos aïeux cultivaient la terre…" explique l'agricultrice, son visage éclairé par un sourire.
Quand elle était jeune, Sophia Toofa passait des après-midis auprès de son arrière-grand-père, originaire de Raiatea. Il cultivait la terre et ne mangeait que ce qui sortait de son fa'a'apu. "Il n'a jamais mangé de produits en boîte! Il a vécu jusqu'à 118 ans. C'est pour cela que je crois dans le bio. Mon père aussi, d'ailleurs, après lui, cultivait ses propres légumes."
Engagée dans la démarche avec toute sa famille, elle est encore dans l'attente de la garantie bio, délivrée par le SDR. Sophia Toofa voit tout de même ses efforts récompensés. La quinquagénaire vient de recevoir un prix de l'Adie, organisme de microcrédit qui la soutient, dans la catégorie développement durable du concours Créadie 2016. "On m'a appelé la veille de Noël pour m'annoncer que j'avais gagné! C'était un très beau cadeau. Je suis très contente. Ces 120 000 francs vont nous permettre d'améliorer le système d'irrigation."
Toujours à la recherche du meilleur pour sa terre, elle picore des idées dans les livres et sur Internet. L'agricultrice espère que l'année 2017 sera synonyme de réussite. Après quelques mois difficiles, où le rendement a été gâché par la pluie, elle a pour objectif de fournir une centaine de paniers bios à ses clients, qui, à l'heure actuelle, n'en reçoivent qu'une trentaine. "J'espère aussi pourvoir augmenter le nombre de serres, avoir un poulailler mobile et peut-être acquérir un tracteur."
Derrière ses fines lunettes, les yeux marron de Sophia Toofa s'illuminent à l'énoncé de ces projets. Son visage s'adoucit. Elle jette un coup d'œil à sa montre. Son rendez-vous avec sa conseillère du Sefi approche. D'un pas décidé, elle s'engage vers la sortie de la gare maritime. A la question de la retraite, elle esquisse un sourire et répond : "Je ne peux pas m'arrêter de travailler. Il faut que je bouge. Je sens parfois mon corps qui fatigue mais c'est supportable. Dans l'agriculture, nous n'avons pas de week-end, c'est interdit d'être malade et nous n'avons pas de vacances! Je ne sais pas ce que je pourrais faire d'autre… J'ai encore beaucoup à apprendre!"
Informations
Sur Facebook : Assocation Mou' roa heaven bio
Par telephone : Maima, la tante, 87 73 18 86
Par telephone : Maima, la tante, 87 73 18 86
Comment devenir un bon agriculteur bio?
Sophia Toofa travaille aux côtés de son neveu Tim, 19 ans. "Il est très motivé, il travaille beaucoup. Heureusement que nous l'avons car sinon ce serait difficile! Il souhaite reprendre le flambeau et c'est très bien." Pour ceux qui, comme Tim, voudraient se lancer. Sophia Toofa a quelques conseils à donner aux jeunes qui voudraient se lancer dans une exploitation agricole bio :
- Aimer la terre, aimer ce qu'on fait
- Avoir de la motivation
- Ne pas avoir peur du soleil et de la pluie, il faut toujours se battre contre le temps
- Ne pas baisser les bras et recommencer si ça ne marche pas tout de suite
- Ne pas compter ses heures
- Aimer la terre, aimer ce qu'on fait
- Avoir de la motivation
- Ne pas avoir peur du soleil et de la pluie, il faut toujours se battre contre le temps
- Ne pas baisser les bras et recommencer si ça ne marche pas tout de suite
- Ne pas compter ses heures
La semaine du microcrédit
Sophia Toofa a contracté un crédit auprès de l'Adie, un organisme de microcrédit. Elle rembourse tous les mois à l'organisme, qui a pour but de financer les projets des personnes qui n'entrent pas dans le circuit traditionnel des banques. Du 30 janvier au 3 février, c'est la semaine du microcrédit.
Le programme :
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