Tahiti Infos

Sommet du Groupe Mélanésien Fer de Lance : la Nouvelle-Calédonie à l’honneur


Charles Washetine au centre des discussions (délégation du FLNKS) avec (de gauche à droite) Sato Kilman, Premier ministre de Vanuatu, Don Polye, ministre des affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Danny Philip, Premier ministre des île
Charles Washetine au centre des discussions (délégation du FLNKS) avec (de gauche à droite) Sato Kilman, Premier ministre de Vanuatu, Don Polye, ministre des affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Danny Philip, Premier ministre des île
SUVA, vendredi 1er avril 2011 (Flash d'Océanie) – Le 18ème Sommet du Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL, qui regroupe Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon, Vanuatu et le Front de Libération Nationale Kanak Socialiste -FLNKS- de Nouvelle-Calédonie s’est achevé jeudi sur un communiqué final orienté à la fois sur une volonté de renforcer et d’emmener plus loin la coopération dans les domaines politique, policier, commercial et culturel, mais aussi sur une large place faite, dans ce document, à la situation en Nouvelle-Calédonie.
Cette région subrégionale, qui rassemble les représentants des États les plus peuplés du Pacifique, était placée sous la Présidence de Fidji et de son Premier ministre, le Contre-amiral Franck Bainimarama.
Ce dernier, depuis un an, n’avait pas caché son intention de donner une nouvelle impulsion, voire d’élargir le champ de perspective du GMFL, en l’ouvrant notamment à de nouveaux membres.
Lors de l’édition 2011, le 31 mars, l’entrée de l’Indonésie et du Timor oriental, en tant qu’observateurs, a ainsi été officialisée dans le communiqué final.
Ce sommet a aussi vu la participation, en tant qu’invité spécial, du Grand Duché du Luxembourg.
Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Sir Michael Somare, qui doit faire l’objet, à compter du 4 avril, d’une suspension de fonctions de deux semaines dans le cadre d’une peine prononcée il y a quelques jours par un tribunal des dirigeants de son pays, s’était fait représenter par son ministre des affaires étrangères, Don Polye.
Le Premier ministre des îles Salomon, Danny Philip, se trouvait à Suva jusqu’en milieu de semaine.
Mais, confronté à une motion de censure, il a lui aussi dû déléguer la phase finale de ce sommet à son chef de la diplomatie, Peter Shanel.
Le seul chef de gouvernement restant était, en fin de semaine, Sato Kilman, Premier ministre de Vanuatu.
La délégation du FLNKS, d’abord conduite par Victor Tutugoro, porte-parole de cette organisation pour les questions du GMFL (mais qui a dû quitter Fidji précipitamment en raison du décès de son épouse), a ensuite été assurée par Charles Washetine (Parti de Libération Kanak –PALIKA, l’une des composantes du mouvement indépendantiste-).
Charles Pidjot, Président de l’Union Calédonienne (UC, autre composante du FLNKS) était également présent cette semaine à Suva.
Concernant la Nouvelle-Calédonie, le texte final des dirigeants mélanésiens lui accorde une place de choix en annonçant son intention de « demander au FLNKS de fournir des statistiques concernant le personnel Kanak qualifié qui ont été formés dans des institutions tertiaires depuis la signature de l’Accord de Nouméa ».
Cet accord, signé en 1998 entre le gouvernement français et les partis locaux, à la fois pro-France et indépendantistes, trace depuis une feuille de route vers l’émancipation de cette collectivité française du Pacifique, avec à la clé un processus de « transfert de compétences » et un référendum d’autodétermination pouvant intervenir à partir de 2014 et jusqu’en 2018.
Il jette aussi les bases d’un « rééquilibrage » socio-économique et au plan de la répartition des richesses entre la province Sud de Nouvelle-Calédonie et celle du Nord, moins favorisée, qui passe principalement par la mise en place d’une usine de nickel (actuellement en construction) dans la province Nord.
Le communiqué final du GMFL annonce aussi son intention de demander d’autres statistiques socio-économiques « permettant d’identifier les déséquilibres existant entre Kanak et non-Kanak », ainsi que sur les résultats de l’opération « Cadres-Avenir » ou encore sur « les modalités de financement du Sénat Coutumier » .
Les dirigeants mélanésiens ont aussi décidé de « fournir une assistance dans le processus de réconciliation entre les communautés Kanak et les autres populations » de Nouvelle-Calédonie, et de proposer des actions de « formation spécialisée », de « stages » ou de bourses d’études en faveur de bénéficiaires Kanak en cas de demande de la part du FLNKS.
Les pays membres du GMFL, dans leur communiqué final, tout en soulignant la pertinence du processus actuel de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa, évoquent aussi la possibilité d’ « inviter le FLNKS et le peuple Kanak dans des pays membres pour y étudier les structures politiques, économiques et sociales qui s’y trouvent et ainsi recueillir une impression de première main sur les processus politiques dans ces pays membres ».
Le FLNKS a aussi été désigné comme étant l’entité hôte de la prochaine édition du sommet des dirigeants du GMFL, qui se tiendra en 2013.
Le GMFL, lors de sa création en 1988, affichait l’une de ses raisons d’être (notamment, à l’époque, sous l’impulsion du révérend père Premier ministre de Vanuatu Walter Lini) comme étant le soutien de la cause indépendantiste en Nouvelle-Calédonie.

Soutien au régime fidjien

Concernant la situation post-putsch (5 décembre 2006) à Fidji et le processus de rétablissement de la démocratie par voie d’élections, les dirigeants mélanésiens, sur le mode « compréhensif » et de l’ »engagement », ont officiellement approuvé la feuille de route annoncée depuis juillet 2009 par le Contre-amiral Bainimarama et qui prévoit des élections à partir de septembre 2014.
Ce scrutin devrait être précédé, selon les plans annoncés par l’homme fort de Suva, d’importantes réformes constitutionnelles et institutionnelles notamment concernant le mode d’élections.
Par ailleurs, les dirigeants mélanésiens ont mis un accent particulier sur le renforcement de leur coopération, à commencer par un élargissement prévu d’accords commerciaux initialement mis en place dans les années 1990 et qui devrait à terme inclure la notion de services et de marché commun de l’emploi.
Ce projet, encore à l’étude, viserait aussi, selon le GMFL, à favoriser une intégration subrégionale au sein d’un ensemble de pays possédant, au plan insulaire océanien, les économies les plus importantes.
Entre-temps, le GMFL a aussi apporté un soutien fort à Fidji, en exigeant qu’à l’avenir, et malgré sa suspension de son statut de membre plein prononcée par le Forum des Îles du Pacifique (FIP) en mai 2009 (pour cause de non retour rapide à la démocratie), ce pays puisse pleinement participer aux réunions de négociations dans le cadre de la conclusion d’un accord de partenariat économique (APE) avec l’Union Européenne, ce qui n’a pas été le cas au cours des quatre dernières années.
Faute de quoi, les dirigeants mélanésiens annoncent leur intention d’ « envisager sérieusement » un déménagement du bureau de négociations dans le cadre de ce cycle ACP-UE.
Au plan du maintien de l’ordre, le groupe mélanésien a entériné le principe de la création d’une « unité policière » subrégionale et d’une école de police.
Ces projets relatifs au maintien de l’ordre ont été justifiés par d’éventuels troubles civils dans les pays concernés, mais aussi par la montée de la criminalité transnationale, les activités de pêche illicite et on signalée ou encore la nécessité récurrente de porter assistance aux populations frappées par des catastrophes naturelles (cyclones, séismes, tsunamis, inondations, éruptions volcaniques).
Dans cet esprit et en marge du sommet, mais aussi d’une réunion des chefs des polices mélanésiennes, le chef des forces de l’ordre de Fidji, le général de brigade Iowane Naivaluarua, a signé jeudi avec le directeur du centre de gestion des catastrophes naturelles de Vanuatu, Job Esau, un accord portant sur la sécurité régionale et des action de formation en matière de police de proximité.
Les Mélanésiens ont aussi soutenu la mise en place, à venir, de « Jeux de la Mélanésie », qui constitueraient alors le pendant subrégional aux Jeux du Pacifique.
Tout au long de ce sommet, le Contre-amiral Bainimarama a aussi à plusieurs reprises défendu l’idée selon laquelle compte tenu de la taille de ses populations et de ses économies, et sur la base d’une « fraternité » et d’une « solidarité » mélanésienne, cette région du Pacifique devait désormais jouer un rôle de « leader » pour tous les autres pays insulaires de la grande région océanienne.
En juillet 2010, alors que Fidji était sur le point d’accueillir, comme il était prévu, ce sommet des dirigeants du GMFL, le Premier ministre de Vanuatu de l’époque, Edward Natapei, avait refusé de passer la Présidence tournante au Contre-amiral Bainimarama, invoquant un « conflit » entre les valeurs du GMFL et la situation politique à Fidji.
Le régime de Suva avait alors rapidement réagi en maintenant sa réunion régionale, mais en la rebaptisant « S’engager pour Fidji ».
Fin 2010, M. Natapei était renversé par motion de censure et remplacé par le Premier ministre actuel, Sato Kilman.
Ce dernier avait rapidement lancé un processus de réconciliation avec Fidji.

pad


********* Le texte intégral et original du communiqué (en anglais) est accessible à l’adresse suivante
http://www.fiji.gov.fj/index.php?option=com_docman&task=cat_view&Itemid=158&gid=113&orderby=dmdate_published

ou dans notre nouvelle section « Press Release » de notre site
http://newspad-pacific.info

PHOTO : Charles Washetine au centre des discussions (délégation du FLNKS) avec (de gauche à droite) Sato Kilman, Premier ministre de Vanuatu, Don Polye, ministre des affaires étrangères de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Danny Philip, Premier ministre des îles Salomon et le Contre-amiral Franck Bainimarama, Premier ministre de Fidji.

Rédigé par Pad le Vendredi 1 Avril 2011 à 15:16 | Lu 1471 fois