Sommet de Cancún : le Pacifique reste sur sa faim.

Un accord in extremis sur les changements climatiques.


CANCUN, lundi 13 décembre 2010 (Flash d'Océanie) – Un an après la précédente édition de Copenhague d’un sommet sur les changements climatiques réuni sous l’égide des Nations-Unies, le sommet de Cancún a débouché, au Mexique, ce week-end, sur un accord a minima et in extremis caractérisé sur la mise en place d’un fonds mondial « Vert » d’aide à l’adaptation aux changements climatiques, doté à l’horizon 2020 de cent milliards de dollars, ainsi qu’à l’engagement des pays adhérents à faire en sorte de contenir leurs émissions de gaz à effet de serre pour ne pas dépasser une augmentation de la température mondiale à moins de deux degrés Celsius, e! n espérant atteindre ultérieurement l’objectif d’1,5 degré Celsius.
Cet accord, largement perçu comme ayant le mérite de ne pas mettre en danger des négociations restant à tenir, notamment sur l’après-Kyoto (qui arrive à terme en 2012), concerne environ quatre vingt pays.
Dans la région Pacifique, il a été salué par les deux plus grands pays de la région, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
En Australie, le ministre chargé des questions de changements climatiques, Greg Combet, évoquant la « responsabilité internationale » de son pays, a d’ores et déjà estimé que le projet déjà tenté par el gouvernement actuel de mettre en place un système d’échange de crédits-carbone, devait désormais être rapidement remis sur les rails.
En Nouvelle-Zélande, les ministres chargés des questions de changements climatiques, Tim Groser et Nick Smith, évoquent un « pas en avant » dans la direction d’un accord ultérieur plus contraignant, même si les attentes de Wellington en matière forestière et agricole n’ont pas été entendus, estiment-ils.
Mais la Nouvelle-Zélande s’est également réjouie de la nomination d’un compatriote, le diplomate de carrière Adrian Macey (jusqu’ici ambassadeur de son pays pour les questions de changements climatiques), qui devient le Président des négociations visant à dessiner l’après-Kyoto.
Du côté des organisations non gouvernementales, Don Henry, directeur de l’Australian Conservation Foundation, a évoqué ce week-end, en réaction, un accord « significatif » qui, pour la première fois, inclut aussi la Chine et les États-Unis.
Parmi les pays ayant refusé de se joindre à ce pacte : la Bolivie.
En Nouvelle-Zélande, l’ONG Oxfam, par la voix de son directeur Barry Coates, a pour sa part évoqué une « dynamique positive », par contraste aux affrontements de Copenhague, qui fixe aussi une fourchette d’entre vingt cinq et quarante pour cent de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les pays riches.
Barry Coates a aussi rappelé que dans le Pacifique, plusieurs États insulaires dont l’élévation des terres ne dépasse pas les quatre mètres (comme Tuvalu, les îles Carteret en Papouasie-Nouvelle-Guinée) étaient d’ores et déjà directement menacés par les effets des changements climatiques, qui font monter le niveau de l’Océan.

Le Pacifique reste sur sa faim

Pour cette conférence de Cancún, les pays insulaires océaniens avaient une nouvelle fois rejoint le groupe, plus large, de l’alliance des petits pays insulaires (Alliance of Small Islands States, AOSIS), dont Tuvalu et Grenade assuraient à cette occasion la coprésidence.
À l’issue de la conférence, en réaction, certains diplomates océaniens ont émis quelques doutes quant à la dotation effective du nouveau « Fonds Vert » annoncé.
Ces petits pays portent désormais leur regard vers l’Afrique du Sud, où ils espèrent renforcer le contenu d’un accord à venir, en 2012, pour le rendre plus contraignant, en particulier au plan juridique.
Tout au long de la conférence de Cancún, le message des petits États insulaires a été clair : pour eux, les questions de changement climatique ne sont pas un débat philosophique : « c’est une question de survie, pour nous », a rappelé le porte-parolat du groupe AOSIS.
Afin de souder leur équipe, dix neuf pays océaniens avaient, début novembre 2010, tenu une « aller-réunion » à Tarawa (Kiribati), qui avait débouché sur une « déclaration d’Ambo » afin d’affirmer leur position commune.
Les grands axes de cette déclaration, à laquelle ont notamment souscrit des pays comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon ou la Chine : s’attaquer aux effets immédiats des changements climatiques, en débloquant notamment les moyens financiers nécessaires et promis en 2009 par le sommet de Copenhague.
Aux îles Marshall, le gouvernement a annoncé début novembre 2010 son intention de construire un mur, en forme de digue, pour protéger son lagon de Majuro des attaques de plus en plus violentes des marées.
Coût de ce projet : une vingtaine de millions de dollars US.
Fin novembre 2010, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le gouvernement prévoit le début des opérations de relogement des habitants des petits îlots Carteret (tout roches de l’ile de Bougainville), progressivement submergés par la montée du niveau des océans et où certains habitants ont déjà dû déplacer leur maison vers l’intérieur des terres.
Une quarantaine de familles seraient concernées, chaque année, sur une période de douze ans à venir, a estimé le gouvernement autonome de Bougainville, qui entend donner le coup d’envoi de cette opération dès 2011, rapporte le quotidien papou The National.
Une parcelle de neuf cent hectares située sur une ancienne plantation de cocotiers, sur Bougainville, aurait dès maintenant été identifiée et devraient faire l’objet d’un accord foncier avec le gouvernement de cette province.
La prochaine conférence mondiale devrait avoir lieu en 2011 en Afrique du Sud.

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Rédigé par PaD le Dimanche 12 Décembre 2010 à 16:52 | Lu 490 fois