Washington, Etats-Unis | AFP | lundi 19/03/2018 - L'administration américaine fait mine de ne pas s'en inquiéter et met en scène les préparatifs avant le sommet historique entre Donald Trump et Kim Jong Un. Mais à Washington, les interrogations s'accumulent sur le "silence radio" de Pyongyang.
Plus de dix jours se sont écoulés depuis le tournant spectaculaire dans la crise liée aux ambitions nucléaires de la Corée du Nord: après des mois d'escalade avec les Etats-Unis, le dirigeant du régime reclus Kim Jong Un s'est dit prêt, selon des émissaires sud-coréens qui l'ont rencontré, à un tête-à-tête sans précédent avec le président américain pour discuter d'une dénucléarisation.
Donald Trump, aussitôt informé par Séoul le 8 mars, a accepté, à la surprise générale, de rencontrer celui qu'il appelait encore récemment "petit homme-fusée".
Le président des Etats-Unis a "réitéré" vendredi à son homologue sud-coréen Moon Jae-in "son intention de rencontrer" son ennemi "d'ici la fin du mois de mai", a confirmé la Maison Blanche.
Seul problème, les Nord-Coréens sont restés mutiques pour l'instant: pas un mot dans les médias officiels pour confirmer leurs intentions.
Et les Etats-Unis n'en ont jusqu'ici qu'un compte-rendu de seconde main, celui de Séoul, tandis que ni la date ni le lieu du sommet n'ont été fixés.
La porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert a reconnu en fin de semaine dernière que Washington n'avait reçu aucun message direct de la Corée du Nord via l'un de ses "canaux de communication".
Le département d'Etat a également assuré à l'AFP qu'aucune rencontre entre des responsables des deux pays n'était prévue en marge de la visite en Suède du ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong Ho, qui s'est achevée durant le week-end.
- 'Bénéfice du doute' -
Les seuls contacts rapportés par des médias concernent à ce stade le sort des trois Américains détenus par Pyongyang.
"Cela ne nous inquiète pas", a assuré Heather Nauert. "Kim Jong Un a fait part de ses intentions à la Corée du Sud, cette information nous a été rapportée et nous allons de l'avant avec la conviction qu'une rencontre aura lieu."
La cheffe de la diplomatie sud-coréenne, de passage à Washington, s'est aussi voulue rassurante, estimant que le dirigeant du Nord "examine désormais la situation". "Nous leur donnons le bénéfice du doute et le temps dont il pourrait avoir besoin pour donner un message public", a dit Kang Kyung-wha.
Des responsables américains sous couvert de l'anonymat assurent que le dirigeant nord-coréen a tout à gagner d'un tel sommet qui lui fera gagner en légitimité, et qui a donc toutes les chances de se tenir.
Washington, qui veut "éviter de répéter les erreurs du passé", multiplie donc les échanges diplomatiques pour montrer que les préparatifs vont bon train: coup de fil Trump-Moon, rencontres avec les ministres japonais et sud-coréenne des Affaires étrangères, accompagnés de communiqués optimistes sur cette "opportunité historique".
- 'Potentiellement incomplet' -
Mais plusieurs experts mettent en garde contre les excès d'optimisme. Pour Abraham Denmark, du Wilson Center, Pyongyang veut "maximiser sa flexibilité en respectant un silence radio".
Cette stratégie des Nord-Coréens, qui n'ont pas même confirmé à leurs propres concitoyens la tenue d'un tel sommet, doit inciter à la prudence, a renchéri une autre chercheuse de ce think tank, Jean Lee.
Mais elle a souligné que, pour la première fois depuis dix ans, les dirigeants des deux Corées ont désormais "une ligne directe", un pas "très important" pour tout processus diplomatique.
L'ex-analyste de la CIA Jung Pak va jusqu'à se demander si Kim Jong Un a vraiment proposé de discuter d'une dénucléarisation avec Donald Trump, comme l'affirme Séoul, tant cette offre semble aux antipodes de la stratégie suivie jusqu'ici.
"Les décideurs s'affairent pour préparer les prochaines étapes sur la base d'un compte-rendu potentiellement incomplet, voire faux", met-elle en garde dans une note de la Brookings Institution.
Cette chercheuse souligne que le président sud-coréen a intérêt, face à son opinion interne, à pousser en faveur d'un dénouement négocié, et que son gouvernement a donc peut-être un peu arrangé le message nord-coréen à sa sauce.
Tous s'accordent toutefois à dire que Kim Jong Un a probablement été surpris par l'immédiateté du feu vert de la Maison Blanche. Les Nord-Coréens "sont peut-être aussi en train de se démener pour bâtir une stratégie afin de tirer parti de l'opportunité qui leur est tombée dessus", estime Jung Pak.
Plus de dix jours se sont écoulés depuis le tournant spectaculaire dans la crise liée aux ambitions nucléaires de la Corée du Nord: après des mois d'escalade avec les Etats-Unis, le dirigeant du régime reclus Kim Jong Un s'est dit prêt, selon des émissaires sud-coréens qui l'ont rencontré, à un tête-à-tête sans précédent avec le président américain pour discuter d'une dénucléarisation.
Donald Trump, aussitôt informé par Séoul le 8 mars, a accepté, à la surprise générale, de rencontrer celui qu'il appelait encore récemment "petit homme-fusée".
Le président des Etats-Unis a "réitéré" vendredi à son homologue sud-coréen Moon Jae-in "son intention de rencontrer" son ennemi "d'ici la fin du mois de mai", a confirmé la Maison Blanche.
Seul problème, les Nord-Coréens sont restés mutiques pour l'instant: pas un mot dans les médias officiels pour confirmer leurs intentions.
Et les Etats-Unis n'en ont jusqu'ici qu'un compte-rendu de seconde main, celui de Séoul, tandis que ni la date ni le lieu du sommet n'ont été fixés.
La porte-parole de la diplomatie américaine Heather Nauert a reconnu en fin de semaine dernière que Washington n'avait reçu aucun message direct de la Corée du Nord via l'un de ses "canaux de communication".
Le département d'Etat a également assuré à l'AFP qu'aucune rencontre entre des responsables des deux pays n'était prévue en marge de la visite en Suède du ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong Ho, qui s'est achevée durant le week-end.
- 'Bénéfice du doute' -
Les seuls contacts rapportés par des médias concernent à ce stade le sort des trois Américains détenus par Pyongyang.
"Cela ne nous inquiète pas", a assuré Heather Nauert. "Kim Jong Un a fait part de ses intentions à la Corée du Sud, cette information nous a été rapportée et nous allons de l'avant avec la conviction qu'une rencontre aura lieu."
La cheffe de la diplomatie sud-coréenne, de passage à Washington, s'est aussi voulue rassurante, estimant que le dirigeant du Nord "examine désormais la situation". "Nous leur donnons le bénéfice du doute et le temps dont il pourrait avoir besoin pour donner un message public", a dit Kang Kyung-wha.
Des responsables américains sous couvert de l'anonymat assurent que le dirigeant nord-coréen a tout à gagner d'un tel sommet qui lui fera gagner en légitimité, et qui a donc toutes les chances de se tenir.
Washington, qui veut "éviter de répéter les erreurs du passé", multiplie donc les échanges diplomatiques pour montrer que les préparatifs vont bon train: coup de fil Trump-Moon, rencontres avec les ministres japonais et sud-coréenne des Affaires étrangères, accompagnés de communiqués optimistes sur cette "opportunité historique".
- 'Potentiellement incomplet' -
Mais plusieurs experts mettent en garde contre les excès d'optimisme. Pour Abraham Denmark, du Wilson Center, Pyongyang veut "maximiser sa flexibilité en respectant un silence radio".
Cette stratégie des Nord-Coréens, qui n'ont pas même confirmé à leurs propres concitoyens la tenue d'un tel sommet, doit inciter à la prudence, a renchéri une autre chercheuse de ce think tank, Jean Lee.
Mais elle a souligné que, pour la première fois depuis dix ans, les dirigeants des deux Corées ont désormais "une ligne directe", un pas "très important" pour tout processus diplomatique.
L'ex-analyste de la CIA Jung Pak va jusqu'à se demander si Kim Jong Un a vraiment proposé de discuter d'une dénucléarisation avec Donald Trump, comme l'affirme Séoul, tant cette offre semble aux antipodes de la stratégie suivie jusqu'ici.
"Les décideurs s'affairent pour préparer les prochaines étapes sur la base d'un compte-rendu potentiellement incomplet, voire faux", met-elle en garde dans une note de la Brookings Institution.
Cette chercheuse souligne que le président sud-coréen a intérêt, face à son opinion interne, à pousser en faveur d'un dénouement négocié, et que son gouvernement a donc peut-être un peu arrangé le message nord-coréen à sa sauce.
Tous s'accordent toutefois à dire que Kim Jong Un a probablement été surpris par l'immédiateté du feu vert de la Maison Blanche. Les Nord-Coréens "sont peut-être aussi en train de se démener pour bâtir une stratégie afin de tirer parti de l'opportunité qui leur est tombée dessus", estime Jung Pak.