Crédit photo : Rudy Bessard
PARIS, le 23 novembre 2015. Le sommet France-Océanie est organisé demain et jeudi. « Cette réunion avant la Cop21 pourra permettre au chef de l’Etat de parler en direct à ces petits Etats du Pacifique qui se sentent parfois un peu isolés et victimes du changement climatique », précise la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin. A la veille de cette réunion, à laquelle sera présent Edouard Fritch, la Guadeloupéenne reconnaît que « le problème spécifique des petites îles où les gens sont installés au bord de la mer avec très peu de hauteur est plus urgent que celui du reste de la planète » mais est prudente sur les décisions qui seront prises lors de la COP 21. « Si on arrive à avoir des engagements permettant d’approcher les deux degrés, on aura déjà limité les dégâts », ajoute-t-elle.
A quoi va servir cette réunion autour du chef de l’Etat ? Est-ce un sommet pour porter la parole des petits Etats insulaires, et des territoires français face au changement climatique ?
C’est une rencontre qui avait existé dans le passé et les responsables de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie ont souhaité que l’on retrouve cet espace d’échanges. Le fait que ces territoires soient totalement immergés dans leur environnement est quelque chose de très positif. Et ils peuvent apporter aux petits Etats insulaires des savoir-faire et des ouvertures importantes.
Ce sommet concernera les enjeux climatiques. C’est d’autant plus important que des territoires comme les îles de la Polynésie ou de la Calédonie, partagent avec les autres petits pays avoisinant la préoccupation d’être des petits Etats insulaires qui peuvent être submergés par la montée des eaux. Cette réunion avant la Cop21 pourra permettre au chef de l’Etat de parler en direct à ces petits Etats du Pacifique qui se sentent parfois un peu isolés et victimes du changement climatique. Ceci dit, ce sommet est maintenu mais nous ne savons pas ce que sera l’actualité de la semaine prochaine et par conséquent, le président Hollande avait prévu d’être présent assez longtemps mais il est possible que sa présence soit écourtée.
Le président de la République insiste sur l’intégration régionale des collectivités françaises du Pacifique. Quel est l’intérêt pour la Polynésie mais aussi pour la France ?
Durant très longtemps, lorsque l’on était dans les Outre-mers, on était en ligne directe avec la métropole et on ne regardait pas ses voisins. Et on s’est aperçu que même si les ultramarins se sentent fondamentalement français, ils sont quand même dans une zone géographique et ont souvent une identité proche de leurs voisins. On a intérêt à ce qu’ils soient mieux insérés dans leur espace géographique.
Dans le Pacifique, il est indiscutable que les Polynésiens ou les Calédoniens dans leur majorité sont Français et contents de l’être mais ils sont aussi des personnes qui vivent dans le Pacifique et se sentent aussi profondément de l’Océanie.
Mais la diplomatie est une compétence de l’Etat…
Ce sont des compétences partagées. Lorsque je suis allée au Forum du Pacifique, je me suis exprimée en tant que représentante de la France mais en étant coordonnée avec les responsables de Polynésie, de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna parce qu’ils sont les bases avancées de la France dans ces régions et, par conséquent, leur avis a énormément de poids.
Les petits Etats du Pacifique voudraient voir le réchauffement climatique limité à +1,5 degré pour garantir leur survie, alors que l’objectif initial de +2 degrés semble déjà compliqué à atteindre pour les grands pays. Est-ce que, du point de vue de ces petits États du Pacifique, on se dirige vers un échec de la Cop21 ?
Il faut que l’on trouve un accord avec tous les pays du monde. Donc, il faut arriver à des actions convergentes pour faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Il est vrai que le problème spécifique des petites îles où les gens sont installés au bord de la mer avec très peu de hauteur est plus urgent que celui du reste de la planète. Mais si on arrive à avoir des engagements permettant d’approcher les deux degrés, on aura déjà limité les dégâts. Il est possible que, et c’est sans doute le cas pour le Pacifique, et c’est à craindre pour d’autres îles comme les Antilles, que les populations qui avaient l’habitude de vivre au bord de la mer, doivent reculer. Essayons déjà d’améliorer les choses et d’avoir des engagements pour deux degrés. Si on peut faire mieux, ce sera évidemment mieux pour les petits Etats.
La Polynésie française n’est éligible ni aux fonds nationaux ni aux fonds internationaux pour l’aider dans sa transition énergétique. Vous avez évoqué la solution de l’Agence française pour le développement (AFD) mais son nouveau statut n’est pas encore bien défini. Quels financements, pour quels projets pourraient être concernés ?
Le Fonds vert avait été initialement prévu pour les pays en développement qui n’ont pas les moyens de faire les investissements nécessaires pour s’opposer au réchauffement climatique. La Polynésie comme la Nouvelle-Calédonie peuvent compter sur la solidarité nationale. S’il y a des investissements à réaliser, il est clair que la solidarité nationale jouera. Mais j’ai l’impression que la Polynésie comme la Calédonie ne sont pas de très gros émetteurs. On a besoin de faire attention lorsque l’on fait des équipements, et par exemple des hôtels, à ce que ce ne soit pas uniquement de l’électricité à partir de l’énergie fossile, donc on a à développer les énergies renouvelables dans ces territoires mais les équipements nécessaires pourront être développés par les voies habituelles.
Le rapprochement AFD/Caisse des dépôts a été davantage imaginé pour faciliter le financement du Fonds vert pour les investissements dans les pays du tiers-monde et beaucoup moins pour nos territoires d’outre-mer. Aujourd’hui, il est vrai que l’AFD a un rôle très important pour financer nos collectivités locales et il ne faut pas que le nouveau régime de l’AFD puisse nuire au rôle qu’il joue dans les outre-mer. Nous y veillons de très près pour préserver la capacité d’intervention de l’AFD auprès des collectivités d’outre-mer.
Des parlementaires ultramarins intégreront-ils la délégation française de la Cop21 ?
Je l’espère. Nous nous attelons à cela mais il est vrai que les organisateurs de la conférence estiment que les délégations françaises sont pour l’instant trop nombreuses. Mais notre souhait est que les représentants des outre-mer soient présents au maximum dans la délégation française puisque c’est grâce aux outre-mer que la biodiversité est préservée, que les océans peuvent jouer leur rôle de stabilisateurs pour le climat. Donc, nous insistons pour que les Outre-mer puissent être présents. Mais il faut bien se rendre compte que comme ce sont des délégations nationales, il n’y a pas forcément une expression individualisée de chaque territoire dans la délégation française.
Mais la France portera le message des outre-mer…
Tout à fait.
Un directeur de recherche de l’Institut de recherche pour le développement s’est inquiété des conséquences environnementales du projet aquacole de Hao. A quelques jours de la Cop21, quelle est la position de l’Etat sur ce grand projet de développement économique qui risque d’avoir des conséquences environnementales ?
Je pense qu’aujourd’hui, on commence à être assez attentif à ce qu’il n’y ait pas de très gros projets parce que cela peut être intéressant pour les profits mais cela peut aussi créer des déséquilibres. Quels que soient les projets de très grande envergure, on doit les examiner en prenant en compte les considérations écologiques. Il est vrai que si ce projet devait avoir l’importance que l’on nous a dit, ce pourrait être pour l’environnement quelque chose de compliqué. Mais il semble aussi peu vraisemblable, dans l’état actuel des choses, que l’on arrive à moyen ou à court terme à faire des projets de l’importance qui a été annoncée. Donc, je pense que la raison prévaudra.
A quoi va servir cette réunion autour du chef de l’Etat ? Est-ce un sommet pour porter la parole des petits Etats insulaires, et des territoires français face au changement climatique ?
C’est une rencontre qui avait existé dans le passé et les responsables de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie ont souhaité que l’on retrouve cet espace d’échanges. Le fait que ces territoires soient totalement immergés dans leur environnement est quelque chose de très positif. Et ils peuvent apporter aux petits Etats insulaires des savoir-faire et des ouvertures importantes.
Ce sommet concernera les enjeux climatiques. C’est d’autant plus important que des territoires comme les îles de la Polynésie ou de la Calédonie, partagent avec les autres petits pays avoisinant la préoccupation d’être des petits Etats insulaires qui peuvent être submergés par la montée des eaux. Cette réunion avant la Cop21 pourra permettre au chef de l’Etat de parler en direct à ces petits Etats du Pacifique qui se sentent parfois un peu isolés et victimes du changement climatique. Ceci dit, ce sommet est maintenu mais nous ne savons pas ce que sera l’actualité de la semaine prochaine et par conséquent, le président Hollande avait prévu d’être présent assez longtemps mais il est possible que sa présence soit écourtée.
Le président de la République insiste sur l’intégration régionale des collectivités françaises du Pacifique. Quel est l’intérêt pour la Polynésie mais aussi pour la France ?
Durant très longtemps, lorsque l’on était dans les Outre-mers, on était en ligne directe avec la métropole et on ne regardait pas ses voisins. Et on s’est aperçu que même si les ultramarins se sentent fondamentalement français, ils sont quand même dans une zone géographique et ont souvent une identité proche de leurs voisins. On a intérêt à ce qu’ils soient mieux insérés dans leur espace géographique.
Dans le Pacifique, il est indiscutable que les Polynésiens ou les Calédoniens dans leur majorité sont Français et contents de l’être mais ils sont aussi des personnes qui vivent dans le Pacifique et se sentent aussi profondément de l’Océanie.
Mais la diplomatie est une compétence de l’Etat…
Ce sont des compétences partagées. Lorsque je suis allée au Forum du Pacifique, je me suis exprimée en tant que représentante de la France mais en étant coordonnée avec les responsables de Polynésie, de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna parce qu’ils sont les bases avancées de la France dans ces régions et, par conséquent, leur avis a énormément de poids.
Les petits Etats du Pacifique voudraient voir le réchauffement climatique limité à +1,5 degré pour garantir leur survie, alors que l’objectif initial de +2 degrés semble déjà compliqué à atteindre pour les grands pays. Est-ce que, du point de vue de ces petits États du Pacifique, on se dirige vers un échec de la Cop21 ?
Il faut que l’on trouve un accord avec tous les pays du monde. Donc, il faut arriver à des actions convergentes pour faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Il est vrai que le problème spécifique des petites îles où les gens sont installés au bord de la mer avec très peu de hauteur est plus urgent que celui du reste de la planète. Mais si on arrive à avoir des engagements permettant d’approcher les deux degrés, on aura déjà limité les dégâts. Il est possible que, et c’est sans doute le cas pour le Pacifique, et c’est à craindre pour d’autres îles comme les Antilles, que les populations qui avaient l’habitude de vivre au bord de la mer, doivent reculer. Essayons déjà d’améliorer les choses et d’avoir des engagements pour deux degrés. Si on peut faire mieux, ce sera évidemment mieux pour les petits Etats.
La Polynésie française n’est éligible ni aux fonds nationaux ni aux fonds internationaux pour l’aider dans sa transition énergétique. Vous avez évoqué la solution de l’Agence française pour le développement (AFD) mais son nouveau statut n’est pas encore bien défini. Quels financements, pour quels projets pourraient être concernés ?
Le Fonds vert avait été initialement prévu pour les pays en développement qui n’ont pas les moyens de faire les investissements nécessaires pour s’opposer au réchauffement climatique. La Polynésie comme la Nouvelle-Calédonie peuvent compter sur la solidarité nationale. S’il y a des investissements à réaliser, il est clair que la solidarité nationale jouera. Mais j’ai l’impression que la Polynésie comme la Calédonie ne sont pas de très gros émetteurs. On a besoin de faire attention lorsque l’on fait des équipements, et par exemple des hôtels, à ce que ce ne soit pas uniquement de l’électricité à partir de l’énergie fossile, donc on a à développer les énergies renouvelables dans ces territoires mais les équipements nécessaires pourront être développés par les voies habituelles.
Le rapprochement AFD/Caisse des dépôts a été davantage imaginé pour faciliter le financement du Fonds vert pour les investissements dans les pays du tiers-monde et beaucoup moins pour nos territoires d’outre-mer. Aujourd’hui, il est vrai que l’AFD a un rôle très important pour financer nos collectivités locales et il ne faut pas que le nouveau régime de l’AFD puisse nuire au rôle qu’il joue dans les outre-mer. Nous y veillons de très près pour préserver la capacité d’intervention de l’AFD auprès des collectivités d’outre-mer.
Des parlementaires ultramarins intégreront-ils la délégation française de la Cop21 ?
Je l’espère. Nous nous attelons à cela mais il est vrai que les organisateurs de la conférence estiment que les délégations françaises sont pour l’instant trop nombreuses. Mais notre souhait est que les représentants des outre-mer soient présents au maximum dans la délégation française puisque c’est grâce aux outre-mer que la biodiversité est préservée, que les océans peuvent jouer leur rôle de stabilisateurs pour le climat. Donc, nous insistons pour que les Outre-mer puissent être présents. Mais il faut bien se rendre compte que comme ce sont des délégations nationales, il n’y a pas forcément une expression individualisée de chaque territoire dans la délégation française.
Mais la France portera le message des outre-mer…
Tout à fait.
Un directeur de recherche de l’Institut de recherche pour le développement s’est inquiété des conséquences environnementales du projet aquacole de Hao. A quelques jours de la Cop21, quelle est la position de l’Etat sur ce grand projet de développement économique qui risque d’avoir des conséquences environnementales ?
Je pense qu’aujourd’hui, on commence à être assez attentif à ce qu’il n’y ait pas de très gros projets parce que cela peut être intéressant pour les profits mais cela peut aussi créer des déséquilibres. Quels que soient les projets de très grande envergure, on doit les examiner en prenant en compte les considérations écologiques. Il est vrai que si ce projet devait avoir l’importance que l’on nous a dit, ce pourrait être pour l’environnement quelque chose de compliqué. Mais il semble aussi peu vraisemblable, dans l’état actuel des choses, que l’on arrive à moyen ou à court terme à faire des projets de l’importance qui a été annoncée. Donc, je pense que la raison prévaudra.
C'est quoi le Sommet France-Océanie ?
Le concept de sommet « France-Océanie » a été créé en 2003 sur l’initiative du président d’alors, Jacques Chirac. Il avait ensuite été maintenu sur une base triennale, successivement à Papeete (2003), à Paris (2006) et à Nouméa (2009). Puis aucune réunion du type n'avait eu lieu.
Le principal objectif de ce sommet est de « dégager une position commune du Pacifique en vue de la COP 21 », précisait en septembre dernier la ministre des Outre-mer.
Le programme :
Mercredi 25 novembre :
19h55 : Arrivée au Palais des Affaires étrangères. Les chefs de délégation sont salués par le protocole et accueillis par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.
20 h30 : Dîner d'accueil des participants au quatrième sommet France-Océanie.
Jeudi 26 novembre :
10 heures : Ouverture officielle du quatrième Sommet France-Océanie et séance plénière présidée par François Hollande.
13h15 : deuxième séance plénière du quatrième Sommet France-Océanie au Palais de l'Elysée
15h15 : Fin du quatrième Sommet France-Océanie
Le principal objectif de ce sommet est de « dégager une position commune du Pacifique en vue de la COP 21 », précisait en septembre dernier la ministre des Outre-mer.
Le programme :
Mercredi 25 novembre :
19h55 : Arrivée au Palais des Affaires étrangères. Les chefs de délégation sont salués par le protocole et accueillis par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.
20 h30 : Dîner d'accueil des participants au quatrième sommet France-Océanie.
Jeudi 26 novembre :
10 heures : Ouverture officielle du quatrième Sommet France-Océanie et séance plénière présidée par François Hollande.
13h15 : deuxième séance plénière du quatrième Sommet France-Océanie au Palais de l'Elysée
15h15 : Fin du quatrième Sommet France-Océanie
… La nomination de Christian Vernaudon au Conseil économique, social et environnemental
« Une bonne connaissance du territoire »
Christian Vernaudon a été nommé au début du mois au Conseil économique, social et environnemental à Paris. Pourquoi lui, et est-ce que vous avez choisi un opposant à Gaston Flosse ?
Ah oui ? (rires) C’est toujours très difficile de choisir la candidature d’un conseiller économique et social, quel qu’il soit. On a hésité entre un certain nombre de candidats qui étaient tous de qualité. Il y avait quelqu’un qui était au cabinet du président Fritch (Luc Tapeta, NDLR), ce qui aurait pu être un choix plus politique. Une candidature comme celle de Christian Vernaudon, qui a été à la tête d’une entreprise d’aviation importante montre que c’est quelqu’un qui a une bonne connaissance du territoire puisqu’il a été proche des politiques mais qui en même temps a aussi une bonne connaissance du monde économique.
Je crois que dans la situation où on est, j’ai quand même le sentiment que l’élément fondamental n’est plus d’être proche ou pas de Gaston Flosse puisque j’ai un peu le sentiment que ce n’est pas totalement l’avenir de la Polynésie.
Christian Vernaudon a été nommé au début du mois au Conseil économique, social et environnemental à Paris. Pourquoi lui, et est-ce que vous avez choisi un opposant à Gaston Flosse ?
Ah oui ? (rires) C’est toujours très difficile de choisir la candidature d’un conseiller économique et social, quel qu’il soit. On a hésité entre un certain nombre de candidats qui étaient tous de qualité. Il y avait quelqu’un qui était au cabinet du président Fritch (Luc Tapeta, NDLR), ce qui aurait pu être un choix plus politique. Une candidature comme celle de Christian Vernaudon, qui a été à la tête d’une entreprise d’aviation importante montre que c’est quelqu’un qui a une bonne connaissance du territoire puisqu’il a été proche des politiques mais qui en même temps a aussi une bonne connaissance du monde économique.
Je crois que dans la situation où on est, j’ai quand même le sentiment que l’élément fondamental n’est plus d’être proche ou pas de Gaston Flosse puisque j’ai un peu le sentiment que ce n’est pas totalement l’avenir de la Polynésie.