Tolga Akmen / POOL / AFP
Mogadiscio, Somalie | AFP | jeudi 07/04/2022 - Le Premier ministre et le président somaliens se sont livrés jeudi à une nouvelle passe d'armes, qui menace d'attiser les tensions dans ce pays qui attend depuis plus d'un an une élection présidentielle et connaît un regain d'activité des islamistes radicaux shebab.
La rivalité entre les deux hommes avait déjà menacé à plusieurs reprises le fragile équilibre politique et sécuritaire de ce pays de la Corne de l'Afrique l'an dernier.
Au petit matin, le bureau du Premier ministre Mohamed Roble a annoncé dans un communiqué que le représentant de l'Union africaine (UA) en Somalie, Francisco Madeira, était "persona non grata pour s'être livré à des actes incompatibles avec son statut", lui ordonnant de quitter le pays dans les 48 heures.
Aucune explication n'a été donnée pour justifier cette décision visant le diplomate mozambicain, représentant spécial de la Commission de l'UA en Somalie depuis 2015.
Dans les heures qui ont suivi, le président Mohamed Abdullahi Mohamed, connu sous le nom de Farmajo, a annoncé dans un communiqué qu'il "invalidait" cette "action illégale qui menace nos relations avec la communauté internationale".
"Farmajo est le gardien et le garant de la souveraineté du pays", a affirmé la présidence, indiquant qu'il chargeait le ministre des Affaires étrangères "de transmettre les excuses du gouvernement fédéral à l'UA pour la décision illégitime et imprudente d'un service non autorisé" à le faire.
Ce bras de fer public au sommet de l'exécutif fait suite à des précédents en septembre et décembre - qui avaient vu le président suspendre les pouvoirs de son Premier ministre - et fait craindre que le pays ne bascule dans la guerre civile.
Différends électoraux
Ce nouveau bras de fer "montre que le gouvernement est toujours profondément divisé et l'absence de consensus empêche d'avancer sur à peu près tout, y compris les élections", estime Omar Mahmood, analyste à l'International Crisis Group.
Le mandat du président Farmajo est arrivé à échéance en février 2021 sans qu'il soit parvenu à organiser un scrutin, plongeant le pays dans une profonde crise politique. Depuis, le processus avance péniblement.
Selon le complexe système électoral somalien, les assemblées des Etats et des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président.
Les élections de la chambre haute ont été terminées fin 2021.
Avec 247 sièges pourvus sur 275, l'élection à la chambre basse est achevée à 89,8%.
Mercredi, 177 législateurs avaient été officiellement enregistrés, permettant théoriquement la poursuite du processus vers l'élection des présidents des chambres, dernière étape avant l'élection du président.
Mais des obstacles politiques demeurent.
Les élections pour quatre sièges à la chambre basse ont été récemment suspendues, dont celle d'un intime de Farmajo, Fahad Yasin, limogé de son poste de chef du renseignement par Roble en septembre.
Seize sièges restent également à pourvoir dans l'Etat méridional du Jubaland, où un différend entre les autorités régionales dirigées par Ahmed Madobe et le gouvernement fédéral dure depuis plus de deux ans.
Une résolution rapide de ce différend "sera difficile car il n'y a quasiment aucune place pour le compromis dans aucun des deux camps", estime Omar Mahmood.
Selon lui, "le meilleur des cas (pour une élection présidentielle) serait réalistiquement vers le milieu de l'année".
Pressions internationales
Les reports à répétition inquiètent la communauté internationale, qui estime qu'ils détournent l'attention des autorités d'autres sujets cruciaux pour le pays, comme la sévère sécheresse en cours et l'insurrection des islamistes radicaux des shebab.
Les Etats-Unis ont notamment annoncé restreindre les visas pour des personnalités accusées "d'obstructions" dans le processus électoral.
Ces derniers mois, les shebab, affiliés à Al-Qaïda et qui restent implantés dans de vastes zones rurales, ont intensifié leurs attaques dans le pays, revendiquant notamment deux spectaculaires attaques le 24 mars.
Après une attaque sur l'aéroport de Mogadiscio, lieu le plus sécurisé du pays, qui a fait trois morts, un double attentat dans le centre du pays a fait ce jour-là au moins 48 morts, dont la députée d'opposition Amina Mohamed Abdi.
La rivalité entre les deux hommes avait déjà menacé à plusieurs reprises le fragile équilibre politique et sécuritaire de ce pays de la Corne de l'Afrique l'an dernier.
Au petit matin, le bureau du Premier ministre Mohamed Roble a annoncé dans un communiqué que le représentant de l'Union africaine (UA) en Somalie, Francisco Madeira, était "persona non grata pour s'être livré à des actes incompatibles avec son statut", lui ordonnant de quitter le pays dans les 48 heures.
Aucune explication n'a été donnée pour justifier cette décision visant le diplomate mozambicain, représentant spécial de la Commission de l'UA en Somalie depuis 2015.
Dans les heures qui ont suivi, le président Mohamed Abdullahi Mohamed, connu sous le nom de Farmajo, a annoncé dans un communiqué qu'il "invalidait" cette "action illégale qui menace nos relations avec la communauté internationale".
"Farmajo est le gardien et le garant de la souveraineté du pays", a affirmé la présidence, indiquant qu'il chargeait le ministre des Affaires étrangères "de transmettre les excuses du gouvernement fédéral à l'UA pour la décision illégitime et imprudente d'un service non autorisé" à le faire.
Ce bras de fer public au sommet de l'exécutif fait suite à des précédents en septembre et décembre - qui avaient vu le président suspendre les pouvoirs de son Premier ministre - et fait craindre que le pays ne bascule dans la guerre civile.
Différends électoraux
Ce nouveau bras de fer "montre que le gouvernement est toujours profondément divisé et l'absence de consensus empêche d'avancer sur à peu près tout, y compris les élections", estime Omar Mahmood, analyste à l'International Crisis Group.
Le mandat du président Farmajo est arrivé à échéance en février 2021 sans qu'il soit parvenu à organiser un scrutin, plongeant le pays dans une profonde crise politique. Depuis, le processus avance péniblement.
Selon le complexe système électoral somalien, les assemblées des Etats et des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président.
Les élections de la chambre haute ont été terminées fin 2021.
Avec 247 sièges pourvus sur 275, l'élection à la chambre basse est achevée à 89,8%.
Mercredi, 177 législateurs avaient été officiellement enregistrés, permettant théoriquement la poursuite du processus vers l'élection des présidents des chambres, dernière étape avant l'élection du président.
Mais des obstacles politiques demeurent.
Les élections pour quatre sièges à la chambre basse ont été récemment suspendues, dont celle d'un intime de Farmajo, Fahad Yasin, limogé de son poste de chef du renseignement par Roble en septembre.
Seize sièges restent également à pourvoir dans l'Etat méridional du Jubaland, où un différend entre les autorités régionales dirigées par Ahmed Madobe et le gouvernement fédéral dure depuis plus de deux ans.
Une résolution rapide de ce différend "sera difficile car il n'y a quasiment aucune place pour le compromis dans aucun des deux camps", estime Omar Mahmood.
Selon lui, "le meilleur des cas (pour une élection présidentielle) serait réalistiquement vers le milieu de l'année".
Pressions internationales
Les reports à répétition inquiètent la communauté internationale, qui estime qu'ils détournent l'attention des autorités d'autres sujets cruciaux pour le pays, comme la sévère sécheresse en cours et l'insurrection des islamistes radicaux des shebab.
Les Etats-Unis ont notamment annoncé restreindre les visas pour des personnalités accusées "d'obstructions" dans le processus électoral.
Ces derniers mois, les shebab, affiliés à Al-Qaïda et qui restent implantés dans de vastes zones rurales, ont intensifié leurs attaques dans le pays, revendiquant notamment deux spectaculaires attaques le 24 mars.
Après une attaque sur l'aéroport de Mogadiscio, lieu le plus sécurisé du pays, qui a fait trois morts, un double attentat dans le centre du pays a fait ce jour-là au moins 48 morts, dont la députée d'opposition Amina Mohamed Abdi.