Six ans après le décès de leur enfant, une famille indemnisée par l'hôpital


L'ex hôpital de Mamao.
PAPEETE, le 6 octobre 2014. Un adolescent âgé de 16 ans, hospitalisé en 2007 à l'ancien hôpital de Mamao, atteint par un rarissime cas de syndrome de Lyell, décédait trois mois plus tard en métropole. Les parents avaient porté plainte estimant que leur fils avait contracté à l'hôpital une infection nosocomiale et que son évacuation sanitaire vers un centre spécialisé pour les grands brûlés avait été tardive.

La décision rendue il y a une dizaine de jours par le tribunal administratif de Papeete n'est pas un soulagement pour la famille mais revêt néanmoins un caractère symbolique, en pointant des responsabilités. Six ans après, la perte de leur fils, frère ou petit-fils reste un traumatisme. Le 21 novembre 2007, ce garçon de 16 ans, jusque-là en excellente santé était hospitalisé à Mamao après avoir fait une réaction allergique massive à un antibiotique. Atteint d'un syndrome de Lyell, provoquant un décollement général de l'épiderme, le garçon se retrouve dans la situation d'un grand brûlé sur 70% de son corps. A Tahiti, les soins aux grands brûlés ne sont pas possibles car il faut une structure spécialisée. Mais le garçon n'est pas évasané immédiatement vers la Nouvelle-Zélande ou la France. Pendant deux mois, il reste hospitalisé à Mamao, car son état n'est pas jugé assez stable par les médecins pour supporter un déplacement par avion de plusieurs heures.

Deux mois plus tard, cependant, lorsque le garçon est enfin évacué, sa situation médicale ne s'est pas arrangée. Au contraire : dès le début décembre 2007, il était atteint d'une infection nosocomiale par une bactérie multi-résistante. Ce qui motive le refus d'un hôpital de Nouvelle-Zélande de l'accueillir. Ce sera donc en France, après plus de 20 heures d'avion et un certain nombre de complications, qu'il était finalement admis à l'hôpital Mondor fin janvier 2008, puis au centre des grands brûlés de Percy. La longueur de ce voyage a dégradé son état de santé et compliqué l'infection nosocomiale existante. L'instruction conclut néanmoins qu'il ne s'agit pas d'une "faute dans l'organisation et le fonctionnement du service".

Pour la justice, il n'y a pas donc de faute commise sur le retard de l'évacuation sanitaire, cependant la responsabilité du Centre hospitalier de Polynésie française peut être engagée sur l'infection nosocomiale. Pour cela, la famille s'est vue attribuer un total de 2,4 millions de Fcfp pour le préjudice moral subi. Le jeune garçon meurt le 21 février 2008 d'une septicémie généralisée : il n'était admis que depuis une semaine seulement au service des grands brûlés de l'hôpital d'instruction des armées de Percy. L'absence de soins spécifiques pour les grands brûlés durant les douze premières semaines de son calvaire n'a pas été prise en compte par le tribunal administratif de Papeete, mais la famille semble décidée à poursuivre la bataille judiciaire devant la cour d'appel de Paris.


Rédigé par Mireille Loubet le Dimanche 5 Octobre 2014 à 18:08 | Lu 3335 fois