Tahiti Infos

Sit-in devant l’assemblée : « Je mettrai le Smig à 300 000 fcp ! » clame Max Tohutika


A gauche, Max Tohutika et son compagnon Pito.
A gauche, Max Tohutika et son compagnon Pito.
PAPE'ETE, le 11 août 2014 - Depuis ce lundi matin, un ancien agent de la sûreté du CEA (Commissariat de l’Energie Atomique) a planté une banderole de revendication place Taraho’i. Il demande au Haut-commissaire l’instauration d’un nouveau gouvernement apolitique lequel appliquerait, entre autres, un Smig à…300 000 fcp.

Max Tohutika, 70 ans, est en colère et il le montre. Depuis 7h ce lundi matin, le syndicaliste également président de l’association « Le rayonnement ionisant atomique de Moruroa et Fangataufa » fait un sit-in place Taraho’i, à quelques pas seulement du hall de l’assemblée. A voir le nom de l’association, on croirait à une revendication liée aux essais nucléaires, mais pas du tout. Cet ancien travailleur de Mururoa devenu syndicaliste est accompagné de Pito, également acquis à la cause de son camarade.

En vérité, Max réclame ni plus ni moins l’éviction des membres de l’Assemblée de la Polynésie. « Le gouvernement n’a pas arrêté de changer et encore changer. On ne peut pas continuer ainsi. C’est pour cela que je demande à la République française de changer tous ces gens-là. » explique-t’il d’un air agacé.

Plus encore, il prône la mise en place d’un gouvernement apolitique : « Avec les politiciens, on a vu où ça nous mène à chaque fois et donc, je crois qu’on peut réussir sans mettre la politique dans les affaires du pays » estime-t’il. Il pense même avoir une solution : « j’ai déjà une liste de membres pour le prochain gouvernement ! » se proposant, par la même occasion, d’être nommé à la tête de cet éventuel « gouvernement ».

Un programme très…ambitieux

Max Tohutika a de la suite dans les idées et ne s’en cache pas. Il livre ses objectifs : « En plus de changer le gouvernement, je voudrais ramener l’ancienne monnaie tahitienne où le tōta (dérivé du mot anglais « quarter ») sera à 150 fcp (ndlr : actuellement le tōta est l’équivalent de 1 fcp). » Il a également sélectionné quelques projets comme il l’explique dans un tract tiré en quelques exemplaires seulement : « sélectionné depuis 1960 une vingtaine de projets dont 5 projets internationaux nous avons besoin de 400 à 800 000 volontaires. Il n’y aura plus de famille en difficulté. »

Il continue dans sa lancée en évoquant le futur centre pénitencier de Papeari « pas de prison à Papeari ! ». Pour lui, le Pays pourrait exploiter toute la main d’œuvre disponible en prison. Mais Il promet également un Smig à 300 000 fcp, rien que ça : « C’est tout-à-fait faisable ! » déclare-t-il sans pour autant expliquer comment il compte s’y prendre pour atteindre son objectif.

Cela n’est pas sans rappeler le mouvement Pakumotu dont le chef Athanase Teiri voulait lui aussi instaurer un gouvernement. Max Tohutika se défend de tout rapprochement avec le groupuscule pa’umotu, même si certains aspects de son programme y ressemblent quand même un peu. « Moi, je souhaite un gouvernement apolitique ! »

Déçu de ne pas avoir reçu de réponses de la part de Michel Buillard, le tāvana de Pape’ete, pour l'autoriser à occuper la place, il a tout simplement décidé de s’installer dans un coin de la place Taraho’i, sans toutefois gêner la libre circulation des personnes. Bien que l'on connaisse déjà l'issue du projet, Max Tohutika compte poursuivre son action.« A partir d’aujourd’hui, je viendrai chaque jour jusqu’à ce qu’on m’écoute. » affirme-t-il avant de reprendre son sit in.

TP

Rédigé par TP le Lundi 11 Août 2014 à 16:04 | Lu 3681 fois