Sir Michael Somare, père de l'indépendance Papoue, à nouveau conforté par la Cour Suprême


Michael Somare vs Peter O'Neill
PORT-MORESBY, mardi 22 mai 2012 (Flash d’Océanie) – Sir Michael Somare, père de l’indépendance papoue, débarqué de son siège de Premier ministre le 2 août 2011 par Peter O’Neill, a une seconde fois été conforté dans son poste de chef de l’exécutif, sur décision de la Cour Suprême de cet État mélanésien.
Depuis son éviction et l’élection par le Parlement d’un nouveau Premier ministre, Peter O’Neill, le 2 août 2011, en se basant sur la constatation d’une vacance du pouvoir (M. Somare avait été absent du pays entre mars et septembre 2011, pour cause d’opération cardiaque), le vieux dirigeant, 76 ans, avait continué à revendiquer la légitimité au pouvoir.
Il invoquait notamment le fait que la procédure constitutionnelle de constat de la vacance et de l’empêchement, qui devait se faire sur recommandation d’un panel de médecins, n’avait pas été respectée.
Début décembre 2011, la cour Suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée validait cette thèse et ordonnait que M. Somare soit rétabli dans ses précédentes fonctions.
En réponse, M. O’Neill et son gouvernement, se basant sur la légitimité du Parlement et un soutien de la police et de l’armée, avait décidé d’ignorer ce verdict.
Dans le même temps, des attaques répétées se poursuivaient contre des membres prééminents de l’appareil judiciaire, et en premier lieu le Président de la cour Suprême, Salamo Injia, jugé trop proche de M. Somare.
Les magistrats, faisant bloc, sont jusqu’ici parvenus à résister à des accusations de « corruption », de « parti pris » et de « malversations » lancées par l’exécutif de M. O’Neill.
Lundi 21 mai 2012, la Cour Suprême, réunie une seconde fois sous la Présidence de Sir Salamo Injia pour statuer sur cette affaire, a déclaré anticonstitutionnelle et par conséquent « nulle et non avenue » l’élection de M. O’Neill.
Ce dernier a aussi appelé, dans la foulée, une réunion du Parlement (pourtant dissout le 15 mai 2012 dans le cadre de la mise en route du processus électoral), en urgence, mardi 22 mai 2012.
Le dirigeant désavoué par la justice a lancé de nouvelles accusations à l’encontre de l’appareil judiciaire, auquel il reproche de vouloir « créer une situation chaotique » à la veille de législatives prévues pour avoir lieu courant juin 2012.
M. O’Neill, qui affiche toujours un soutien des chefs de la police, de l’armée et de la fonction publique, a dès l’annonce de ce verdict fait clairement savoir qu’il n’avait pas l’intention de l’observer, arguant du fait que « seul le Parlement a le pouvoir d’élire un Premier ministre » en vertu du principe de la séparation des pouvoirs.
Il estime aussi que la décision de lundi est viciée, du fait que deux des cinq juges composant le panel, avant le verdict, s’étaient disqualifiés, à la suite de la publication dans la presse locale, ce week-end, de courriels dévoilant que certains d’entre eux avaient apparemment qualifié par avance le régime actuel d’ « illégal ».


M. Somare, pour sa part, dès lundi soir, intervenait sur les ondes de la radio nationale en se déclarant « Premier ministre par intérim » jusqu’aux législatives.
« Tout acte de la part du régime O’Neill est par conséquent illégal et une fois de plus anticonstitutionnel », a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs démenti que le Parlement se réunirait à nouveau mardi, à la demande de M. O’Neill.
Ce vétéran de la politique papoue, dont la carrière s’étale au cours des quatre dernières décennies, a par ailleurs savamment soufflé le chaud et le froid concernant sa participation aux législatives.

Aucune des parties adverses n’a jusqu’ici remis en question la tenue et la date des législatives, censées renouveler le Parlement pour les 111 circonscriptions du pays (deux nouvelles circonscriptions/provinces ont été tout récemment créées).
Le 5 avril 2012, le Parlement papou avait voté en faveur d’un report des législatives, avant de revenir sur sa décision le 15 mai 2012 et maintenir le scrutin à partir du 23 juin 2012, à la suite de pressions locales et internationales au plus haut niveau.
Près d’une cinquantaine de partis devraient présenter leurs listes.

Élections sous haute surveillance

Le coup d’envoi de la campagne pour ces élections a été donné en fin de semaine dernière, sur fond de vives inquiétudes concernant la sécurité aussi bien dans la capitale Port-Moresby que dans les autres grandes villes du pays ou dans la très turbulente province des Hauts-Plateaux.
La semaine dernière, le gouvernement australien a mis à disposition de l’armée papoue trois hélicoptères (un Bell 212 et deux Bell 412, dont les frais de location à une société privée sont pris en charge par Canberra) pour les besoins de « surveillance » des « points chauds » pendant les législatives, en particulier dans la province des Hauts-Plateaux.
À travers le pays, la police et l’armée ont aussi commencé à déployer des effectifs supplémentaires, en milliers de personnel, toujours dans la perspective des législatives qui concernent quelque 4,6 des 7 millions d’habitants de ce pays.
Plusieurs organisations internationales (Commonwealth) et régionales (Forum des Îles du Pacifique) devraient aussi dépêcher sur place des groupes d’observateurs.

Réagissant à cette nouvelle crise, Bob Carr, ministre australien des affaires étrangères, s’et déclaré mardi « préoccupé » en particulier au sujet d’une éventuelle remise en cause de la date de tenue des législatives.
Il a appelé de ses vœux une résolution rapide de cette situation, nouvel avatar d’un bras de fer entre les pouvoirs exécutif et judiciaire.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 22 Mai 2012 à 05:48 | Lu 662 fois