Signes de reprises de l'économie


PAPEETE, le 5 novembre 2015 - La confiance des patrons est au beau fixe, le bâtiment se porte bien, les croisières ont le vent en poupe et les hôtels arrivent à s'en sortir. Bref l'économie va bien. Il ne reste plus qu'à attendre une reprise de l'emploi…

Une série de publications économiques laisse entrevoir un retour de l'activité et de la confiance parmi les entreprises du Fenua, mais il faudra encore attendre un peu avant de voir si le beau temps économique se confirme ou non. Au niveau de l'emploi, si les patrons assurent vouloir embaucher, les chiffres ne montrent pas encore de forte reprise.

Dans le détail, les dernières tendances publiées par l'IEOM, notre banque centrale, montrent que le climat des affaires s'est stabilisé au troisième trimestre 2015, restant nettement au-dessus de sa moyenne de longue période. L'Institut note que "ce maintien de l’indicateur, qui prolonge le rebond observé au trimestre précédent, reflète la bonne tenue de l’activité au cours de l’été et une réduction des délais de paiement."

PLUS D'EMBAUCHES EN FIN D'ANNÉE ?

Les patrons communiquent aussi à l'institut, et ce depuis le début de l'année, leur volonté d'augmenter leurs effectifs. Les mauvais résultats du premier trimestre les avaient jusqu'à présent refroidi dans leurs intentions (entre janvier et aout, le nombre d'emplois salariés a légèrement baissé, après une forte hausse fin 2014). Mais après deux bons trimestres consécutifs, peut-être que cette fin d'année verra à nouveau un rebond dans les embauches. D'autant que selon les derniers chiffres de l'ISPF, les effectifs dans le bâtiment et l'industrie ont déjà commencé à se relever. Mais les deux secteurs ne représentent que 23% des salariés à eux deux.

Le gros de l'emploi se trouve aujourd'hui dans les secteurs de l'hôtellerie-restauration, du commerce et surtout des services marchands. Justement, les hôtels s'attendent à une bonne fin d'année (voir encadré), et le secteur des services a été particulièrement dynamique au troisième trimestre et communique une volonté d'augmenter ses effectifs. Le commerce, enfin, pourrait bénéficier de la reprise de la consommation, même si les prix de vente sont attendus à la baisse (alors que nous sommes en déflation depuis plus d'un an, voir encadré).

Un certain optimisme est donc de mise dans les milieux économiques. Mais comme le remarque l'IEOM, "les perspectives d’une reprise durable restent fragiles et incertaines. Les chefs d’entreprise demeurent prudents concernant leurs projets d’investissement et attentifs aux échéances politiques et budgétaires des mois à venir." Bref, la reprise économique dépendra de la stabilité politique.


L'inflation reste nulle

En septembre, l'indice des prix est resté pratiquement nul, à +0,1%. Un chiffre qui masque deux évolutions en parallèle : les produits alimentaires augmentent de 0,6%, les autres produits de consommation de 1%. Ces hausses sont compensées dans l'indice général par la baisse des prix des transports, de -0,9%, causée par la chute des cours du pétrole et la fin de la haute saison pour les billets d'avion. Les carburants sont même en baisse de 13% sur un an.

Sur un an, les prix ont baissé de 0,1%, ce qui laisse penser que la déflation que connait la Polynésie depuis janvier 2014 n'est pas encore terminée. Outre la baisse des carburants, les dépenses en logement ont également diminué avec la baisse du prix de l'électricité et la chute continue des loyers (-1,4% depuis janvier). Enfin, le prix des vêtements continuent de baisser, -5,8% sur un an.

Par contre à la caisse des supermarchés, les consommateurs remarquent surtout la forte hausse de la catégorie "Produits alimentaires et boissons non alcoolisées", qui a augmenté de 3% depuis janvier (seulement +1,5% depuis un an car ils avaient baissé en 2014).


Les hôtels survivants se refont une santé

Après une nouvelle fermeture d'hôtel en début d'année, le Hawaiki Nui de Raiatea, les indicateurs hôteliers publiés par l'ISPF sont naturellement en hausse. L'hôtel de Raiatea avait du mal à remplir ses chambres, et en l'enlevant des calculs les chiffres montrent que les hôtels polynésiens arrivent à un remplissage moyen de 60,8% depuis le début de l'année et un revenu moyen par chambre de 33 244 Fcfp. Ce sont les meilleurs résultats depuis 5 ans.

Mais ces chiffres sont en trompe-l'œil puisque l'ISPF note tout de même que "en cumul depuis le début de l’année, le nombre de chambres louées est de 319 512, en diminution de 0,9 % par rapport au cumul de 2014."

Concernant le nombre de visiteurs en Polynésie le mois de juillet a été bon. Les arrivées de touristes étaient en augmentation de 2,3% par rapport à juillet 2014, portés par la croisière. De leur côté les professionnels de l'hôtellerie, même si juillet a été en deçà de leurs espérances, sont optimistes pour la fin de l'année. Sur les 12 mois jusqu'à juillet 2015, nous avons reçu 180 299 touristes.

Depuis le début de l'année, le nombre de touristes en hébergement terrestre (hôtels, pensions et chez l'habitant) est resté stable. Les croisiéristes ont été en légère baisse à cause de l'absence du Pacific Princess en début d'année (il avait effectué 4 rotations dans nos eaux début 2014). Mais le retour du Paul Gauguin dès juin permet de compenser : le nombre de croisiéristes en juillet 2015 était 49% plus élevé qu'un an auparavant…

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 5 Novembre 2015 à 17:08 | Lu 1380 fois