Freetown, Sierra Leone | AFP | jeudi 05/04/2018 - La transition était engagée jeudi en Sierra Leone entre le président sortant Ernest Bai Koroma et son successeur Julius Maada Bio, candidat du principal parti d'opposition, proclamé vainqueur quelques heures auparavant de l'élection du 31 mars, puis intronisé dans la foulée.
M. Bio, un ancien militaire de 53 ans, l'a emporté avec 51,81% des voix, contre 48,19% pour le candidat du parti au pouvoir, Samura Kamara, selon des résultats officiels annoncés tard mercredi.
Dans un message télévisé, M. Kamara a indiqué dans la soirée qu'il allait contester en justice les résultats, qui selon lui "ne reflètent pas les nombreuses inquiétudes de son parti concernant des bourrages d'urnes massifs, des votes surnuméraires et d'autres irrégularités", mais a demandé à ses partisans de rester "calmes et pacifiques".
M. Bio a rencontré jeudi son prédécesseur "pour discuter de l'équipe de transition", puis plusieurs des principaux ministres du gouvernement sortant, a déclaré à l'AFP Alie Kabba, le porte-parole du SLPP, la formation du nouveau président. Il a convoqué pour vendredi matin les responsables des départements ministériels.
Les médias locaux ont rapporté jeudi des incidents sporadiques dans la capitale Freetown et en province, notamment à Makeni (centre), où un couvre-feu a été instauré de jeudi soir à vendredi matin pour faire baisser les tensions.
Dans un communiqué, Amnesty International a demandé aux nouvelles autorités de diligenter une "enquête indépendante" après que des supporters du SLPP ont été blessés par balles par des policiers à Kenema (est). "Il est clair que la police était attaquée par la foule, mais les balles réelles ne devraient être utilisées qu'en dernier ressort", estime l'ONG.
Le site internet officiel de la présidence a été mis à jour et montrait des photos de la prestation de serment du nouveau chef de l'Etat de cette ex-colonie britannique d'Afrique de l'Ouest, un des pays les plus pauvres du monde, qui s'est déroulée deux heures après la proclamation des résultats dans un grand hôtel de la capitale.
Ancien militaire putschiste, Julius Maada Bio avait brièvement accédé à la tête de l'Etat en 1996 en renversant le chef de la junte, le capitaine Valentine Strasser, dont il était le numéro deux, avant de rétablir le multipartisme et de remettre le pouvoir aux civils.
Au lendemain de l'annonce de sa victoire, les partisans de M. Bio ont continué à célébrer toute la journée le retour au pouvoir du SLPP, après plus de dix ans dans l'opposition. - Dynamique régionale -
"La Sierra Leone est un pays indiscipliné. Tout le monde fait comme bon lui semble. Il n'y a pas de justice, pas de discipline, des fonctionnaires gouvernementaux irresponsables. Donc nous avons besoin de quelqu'un comme lui, qui est plus discipliné", estimait Alhaji Bah, un partisan de cet ancien militaire, âgé de 19 ans, non loin du palais présidentiel.
"Je suis heureux de l'avènement de Julius Maada Bio, parce que selon son programme, il y aura l'école gratuite en Sierra Leone, et il se battra pour nous doter de bons services de santé", expliquait un autre de ses supporters, Abu Amadu.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le Nigeria, poids lourd du continent, ont félicité Julius Maada Bio. Le département d'Etat américain a également salué dans un communiqué "la crédibilité de l'élection" ainsi que l'engagement du président Koroma à "une transition politique ordonnée".
Le président nigérian Muhammadu Buhari, lui-même ancien militaire putschiste intronisé lors de la première passation de pouvoirs démocratique de l'histoire de son pays en 2015, a rendu hommage à MM. Bio et Koroma, soulignant que ce scrutin faisait suite à "une série d'élections pacifiques qui se sont tenues récemment en Afrique de l'Ouest".
L'administration Koroma quitte le pouvoir avec un bilan mitigé. Si elle a réussi à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays, dévasté par la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts, l'économie reste fragile après les chocs de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières.
Cette élection a été "un référendum sur le bilan de Koroma, plus qu'une affaire concernant Samura Kamara", son ancien ministre et héritier désigné, a souligné jeudi le directeur de l'Institute for Governance Reform, Andrew Lavalie.
Selon l'analyste, l'élection s'est jouée à Kono, dans l'est, où la population s'estime victime d'injustices de la part de l'ancienne majorité, et à Freetown, fief traditionnel de l'APC, où les infrastructures ont été améliorées ces dernières années mais où la gestion de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016 et le glissement de terrain meurtrier d'août 2017 ont été jugées défaillantes par une part croissante des habitants.
M. Bio s'est engagé à réviser les concessions minières et les avantages fiscaux accordés aux compagnies étrangères et à instaurer une éducation primaire et secondaire gratuite.
M. Bio, un ancien militaire de 53 ans, l'a emporté avec 51,81% des voix, contre 48,19% pour le candidat du parti au pouvoir, Samura Kamara, selon des résultats officiels annoncés tard mercredi.
Dans un message télévisé, M. Kamara a indiqué dans la soirée qu'il allait contester en justice les résultats, qui selon lui "ne reflètent pas les nombreuses inquiétudes de son parti concernant des bourrages d'urnes massifs, des votes surnuméraires et d'autres irrégularités", mais a demandé à ses partisans de rester "calmes et pacifiques".
M. Bio a rencontré jeudi son prédécesseur "pour discuter de l'équipe de transition", puis plusieurs des principaux ministres du gouvernement sortant, a déclaré à l'AFP Alie Kabba, le porte-parole du SLPP, la formation du nouveau président. Il a convoqué pour vendredi matin les responsables des départements ministériels.
Les médias locaux ont rapporté jeudi des incidents sporadiques dans la capitale Freetown et en province, notamment à Makeni (centre), où un couvre-feu a été instauré de jeudi soir à vendredi matin pour faire baisser les tensions.
Dans un communiqué, Amnesty International a demandé aux nouvelles autorités de diligenter une "enquête indépendante" après que des supporters du SLPP ont été blessés par balles par des policiers à Kenema (est). "Il est clair que la police était attaquée par la foule, mais les balles réelles ne devraient être utilisées qu'en dernier ressort", estime l'ONG.
Le site internet officiel de la présidence a été mis à jour et montrait des photos de la prestation de serment du nouveau chef de l'Etat de cette ex-colonie britannique d'Afrique de l'Ouest, un des pays les plus pauvres du monde, qui s'est déroulée deux heures après la proclamation des résultats dans un grand hôtel de la capitale.
Ancien militaire putschiste, Julius Maada Bio avait brièvement accédé à la tête de l'Etat en 1996 en renversant le chef de la junte, le capitaine Valentine Strasser, dont il était le numéro deux, avant de rétablir le multipartisme et de remettre le pouvoir aux civils.
Au lendemain de l'annonce de sa victoire, les partisans de M. Bio ont continué à célébrer toute la journée le retour au pouvoir du SLPP, après plus de dix ans dans l'opposition. - Dynamique régionale -
"La Sierra Leone est un pays indiscipliné. Tout le monde fait comme bon lui semble. Il n'y a pas de justice, pas de discipline, des fonctionnaires gouvernementaux irresponsables. Donc nous avons besoin de quelqu'un comme lui, qui est plus discipliné", estimait Alhaji Bah, un partisan de cet ancien militaire, âgé de 19 ans, non loin du palais présidentiel.
"Je suis heureux de l'avènement de Julius Maada Bio, parce que selon son programme, il y aura l'école gratuite en Sierra Leone, et il se battra pour nous doter de bons services de santé", expliquait un autre de ses supporters, Abu Amadu.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, et le Nigeria, poids lourd du continent, ont félicité Julius Maada Bio. Le département d'Etat américain a également salué dans un communiqué "la crédibilité de l'élection" ainsi que l'engagement du président Koroma à "une transition politique ordonnée".
Le président nigérian Muhammadu Buhari, lui-même ancien militaire putschiste intronisé lors de la première passation de pouvoirs démocratique de l'histoire de son pays en 2015, a rendu hommage à MM. Bio et Koroma, soulignant que ce scrutin faisait suite à "une série d'élections pacifiques qui se sont tenues récemment en Afrique de l'Ouest".
L'administration Koroma quitte le pouvoir avec un bilan mitigé. Si elle a réussi à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays, dévasté par la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts, l'économie reste fragile après les chocs de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières.
Cette élection a été "un référendum sur le bilan de Koroma, plus qu'une affaire concernant Samura Kamara", son ancien ministre et héritier désigné, a souligné jeudi le directeur de l'Institute for Governance Reform, Andrew Lavalie.
Selon l'analyste, l'élection s'est jouée à Kono, dans l'est, où la population s'estime victime d'injustices de la part de l'ancienne majorité, et à Freetown, fief traditionnel de l'APC, où les infrastructures ont été améliorées ces dernières années mais où la gestion de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016 et le glissement de terrain meurtrier d'août 2017 ont été jugées défaillantes par une part croissante des habitants.
M. Bio s'est engagé à réviser les concessions minières et les avantages fiscaux accordés aux compagnies étrangères et à instaurer une éducation primaire et secondaire gratuite.