Shanghai et ses gratte-ciel les pieds dans l'eau: pour contrer ce scénario-catastrophe, les autorités chinoises dépensent des fortunes afin de consolider les digues. Mais l'autoritarisme d'un régime obsédé par la croissance économique ajoute à la fragilité de la mégapole, selon des experts.
La ville serait, en termes de population touchée, la plus vulnérable du monde à la montée du niveau des océans, selon un rapport publié en 2015 par l'institut de recherche américain Climate Central.
Une hausse de 2 degrés de la température mondiale pourrait inonder 11,6 millions de Shanghaïens, un record planétaire, note l'organisation. A +4 degrés, 22,4 millions d'habitants seraient touchés, soit la quasi-totalité de la population de la municipalité, l'une des plus peuplées du monde.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), Shanghai fera partie des cités asiatiques les plus vulnérables aux inondations côtières à l'horizon 2070.
Et la métropole des bords du Huangpu est déjà dépassée, concèdent les autorités.
"Nous avons souvent plus de 100 mm de précipitations par heure, mais n'avons la capacité d'en traiter que 36 mm", explique à l'AFP Zhang Zhenyu, vice-directeur du Centre de contrôle des inondations de Shanghai.
En réaction, la municipalité lancera cette année la construction d'un tunnel, d'un coût de 5,3 milliards d'euros, destiné à drainer l'excès de pluie. La vaste commune, dont le nom signifie tout simplement "Sur mer" et dont le vaste territoire embrasse la rive sud de l'estuaire du Yangtsé, l'un des plus grands fleuves du monde, doit également consolider 135 de ses 500 kilomètres de digues maritimes.
Les efforts sont réels, soulignent les experts. Mais ceux-ci pointent également une faiblesse de la Chine: son régime autoritaire au service de l'obsession de la croisssance.
Le système permet certes aux autorités une mise en œuvre ultra-rapide des décisions politiques. Mais la promotion des cadres dépend étroitement de leur apport à la croissance économique, ce qui crée un "dangereux courtermisme" dans la prise de décision, juge Cleo Paskal, du centre de réflexion londonien Chatham House.
Des usines de traitement des produits toxiques ont pu ainsi être installées en Chine près de zones d'habitation en bord de mer, au nom de la rentabilité économique, note Mme Paskal.
"Sur le long terme (...) il y a un risque énorme. Mais la décision prise par le responsable concerné sera enregistrée par le système comme un soutien à la +croissance+", relève-t-elle
L'environnement est un sujet très politique en Chine, dont les villes sont régulièrement noyées par un épais brouillard grisâtre de pollution atmosphérique, suscitant la grogne des citadins.
La censure n'arrange rien, souligne Li Yafei, professeur adjoint d'études environnementales à l'Université de New York à Shanghai. Des études jugées sensibles peuvent ainsi être interdites de publication, sans possibilité pour les chercheurs de les consulter.
Shanghai est une ville riche dont les autorités dépensent sans compter pour contrer la montée des eaux, explique M. Li. Mais elles se focalisent sur les menaces visibles comme les inondations, susceptibles de provoquer de l'instabilité sociale. D'autres problèmes moins perceptibles, comme la biodiversité, risquent d'être ignorés, selon lui.
"Le changement climatique affecte l'ensemble de la société, de nombreux secteurs, bien au-delà de simples réfections de digues", dit-il. Or, "cela n'entre pas dans le champ de vision de la structure autoritaire et certains risques ne sont pas traités comme il le faudrait."
Stefania Balica, chercheuse en gestion des inondations, souligne que les célèbres gratte-ciel du quartier d'affaires de Pudong, riverains du Huangpu, sont "très protégés et les digues très hautes".
Mais dans l'hypothèse d'une catastrophe naturelle, les premières victimes seraient, souligne-t-elle, les habitants des zones périphériques installés près des côtes, à une quinzaine de km du centre-ville.
avec AFP
La ville serait, en termes de population touchée, la plus vulnérable du monde à la montée du niveau des océans, selon un rapport publié en 2015 par l'institut de recherche américain Climate Central.
Une hausse de 2 degrés de la température mondiale pourrait inonder 11,6 millions de Shanghaïens, un record planétaire, note l'organisation. A +4 degrés, 22,4 millions d'habitants seraient touchés, soit la quasi-totalité de la population de la municipalité, l'une des plus peuplées du monde.
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), Shanghai fera partie des cités asiatiques les plus vulnérables aux inondations côtières à l'horizon 2070.
Et la métropole des bords du Huangpu est déjà dépassée, concèdent les autorités.
"Nous avons souvent plus de 100 mm de précipitations par heure, mais n'avons la capacité d'en traiter que 36 mm", explique à l'AFP Zhang Zhenyu, vice-directeur du Centre de contrôle des inondations de Shanghai.
En réaction, la municipalité lancera cette année la construction d'un tunnel, d'un coût de 5,3 milliards d'euros, destiné à drainer l'excès de pluie. La vaste commune, dont le nom signifie tout simplement "Sur mer" et dont le vaste territoire embrasse la rive sud de l'estuaire du Yangtsé, l'un des plus grands fleuves du monde, doit également consolider 135 de ses 500 kilomètres de digues maritimes.
- 'Un risque énorme' -
Les efforts sont réels, soulignent les experts. Mais ceux-ci pointent également une faiblesse de la Chine: son régime autoritaire au service de l'obsession de la croisssance.
Le système permet certes aux autorités une mise en œuvre ultra-rapide des décisions politiques. Mais la promotion des cadres dépend étroitement de leur apport à la croissance économique, ce qui crée un "dangereux courtermisme" dans la prise de décision, juge Cleo Paskal, du centre de réflexion londonien Chatham House.
Des usines de traitement des produits toxiques ont pu ainsi être installées en Chine près de zones d'habitation en bord de mer, au nom de la rentabilité économique, note Mme Paskal.
"Sur le long terme (...) il y a un risque énorme. Mais la décision prise par le responsable concerné sera enregistrée par le système comme un soutien à la +croissance+", relève-t-elle
L'environnement est un sujet très politique en Chine, dont les villes sont régulièrement noyées par un épais brouillard grisâtre de pollution atmosphérique, suscitant la grogne des citadins.
La censure n'arrange rien, souligne Li Yafei, professeur adjoint d'études environnementales à l'Université de New York à Shanghai. Des études jugées sensibles peuvent ainsi être interdites de publication, sans possibilité pour les chercheurs de les consulter.
- Champ de vision -
Shanghai est une ville riche dont les autorités dépensent sans compter pour contrer la montée des eaux, explique M. Li. Mais elles se focalisent sur les menaces visibles comme les inondations, susceptibles de provoquer de l'instabilité sociale. D'autres problèmes moins perceptibles, comme la biodiversité, risquent d'être ignorés, selon lui.
"Le changement climatique affecte l'ensemble de la société, de nombreux secteurs, bien au-delà de simples réfections de digues", dit-il. Or, "cela n'entre pas dans le champ de vision de la structure autoritaire et certains risques ne sont pas traités comme il le faudrait."
Stefania Balica, chercheuse en gestion des inondations, souligne que les célèbres gratte-ciel du quartier d'affaires de Pudong, riverains du Huangpu, sont "très protégés et les digues très hautes".
Mais dans l'hypothèse d'une catastrophe naturelle, les premières victimes seraient, souligne-t-elle, les habitants des zones périphériques installés près des côtes, à une quinzaine de km du centre-ville.
avec AFP