Sept morts dans un incendie, probablement criminel, dans un immeuble à Nice


Crédit Valery HACHE / AFP
Nice, France | AFP | jeudi 18/07/2024 - Un violent incendie, probablement d'origine criminelle, a fait sept morts au sein d'une famille d'origine comorienne, dont trois enfants et un adolescent, dans la nuit de mercredi à jeudi dans un immeuble d'habitation du quartier des Moulins à Nice.

Le sinistre a ravagé un appartement du septième et dernier étage d'un immeuble de ce quartier populaire de l'ouest de Nice, classé "politique de la ville" et gangréné par les trafics de stupéfiants.

"Ce qui s'est produit ici est absolument terrible, abominable", a commenté le Premier ministre Gabriel Attal lors d'un déplacement sur place, à la mi-journée, au côté du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en assurant que "l'enquête progresse" et que "trois individus sont recherchés".

Ces trois personnes sont sans doute les "trois personnes cagoulées" aperçues par les caméras de vidéosurveillance au moment du départ du sinistre et évoquées dans la matinée par Anthony Borré, premier adjoint au maire de Nice. 

"Nous sommes tous choqués par le nombre de victimes", a réagi de son côté dans la matinée le président Emmanuel Macron, en déplacement au Royaume-Uni.

Trois enfants de 5, 7 et 10 ans et trois adultes, tous de la même famille, ont trouvé la mort dans l'appartement, avait précisé plus tôt le préfet des Alpes-Maritimes, Hugues Moutouh. Le dernier mort, un adolescent de 17 ans, a perdu la vie en se défenestrant pour tenter d'échapper aux flammes.

Un homme de 47 ans, qui a également sauté de l'appartement, est très grièvement blessé, a précisé le Préfet. Selon des témoins, des voisins avaient placé des matelas pour tenter d'atténuer la violence des chutes.

Selon des membres de la communauté comorienne locale, deux des survivants de l'appartement sont deux enfants de la famille, un adolescent de 17 ans, jumeau de celui qui est décédé en se défenestrant, et son grand frère de 19 ans. "Ils sont détruits", a dit Nadjin Maecha, président de l'association de solidarité comorienne. 

Appelés à 2h28 du matin, les pompiers sont arrivés sur place "une dizaine de minutes plus tard", a assuré le procureur de Nice, Damien Martinelli. "Ce sont des héros, ce sont nos héros", a insisté le Premier ministre, en évoquant le travail "extraordinairement difficiles" des secours.

- Le feu parti du 2e étage -

"On part sur un incendie criminel", a ajouté M. Martinelli devant la presse jeudi matin sur place: "Au regard des premiers éléments, j'ai ouvert une enquête pour des faits d'incendie volontaire ayant entraîné la mort", a précisé le magistrat, sans détailler ces éléments.

Selon le préfet, le feu serait parti du deuxième étage, dans les parties communes, et se serait propagé dans les étages par la cage d'escalier. 

"Les images démontrent très clairement que des gens cagoulés ont dispersé de l'essence dans cette cage d'escalier", a affirmé de son côté le maire de Nice Christian Estrosi, en évoquant une "famille innocente victime d'une guerre qui n'est pas la sienne", celle des trafiquants de drogue qui minent le quartier.

Seuls les habitants desservis par la cage d'escalier touchée ont été évacués. Au total, une quinzaine de familles ont été accueillies dans une salle municipale voisine, dans l'attente d'un relogement.

Assise sur un lit pliant, pendant que ses quatre filles de 4 à 10 ans dessinent avec des bénévoles de la Protection civile, Soibrata, qui habitait au 5e étage, a évoqué sa panique dans la nuit.

"J'ai entendu du bruit, j'ai vu des gens qui couraient dehors. Il y avait le feu dans la cage d'escalier, la fumée entrait sous la porte. J'ai réveillé les enfants, on a appelé les pompiers, ils nous ont dit de mettre des serviettes mouillées sous les portes et d'aller sur le balcon. Finalement, on a été évacués sur l'échelle, d'abord les filles et puis nous", raconte-t-elle.

Selon elle, comme selon d'autres voisins rencontrés au bas de l'immeuble, l'attente des pompiers aurait duré bien plus que 10 minutes. Plusieurs habitants ont ainsi raconté s'être relayés pour arroser les auvents et parasols des balcons afin d'éviter que les éléments tombant de l'appartement en flammes ne mettent le feu au reste du bâtiment.

Cet incendie est le plus grave en France depuis le sinistre du 9 août 2023 qui avait fait 11 morts dans un gîte de vacances accueillant des personnes handicapées mentales légères près de Colmar (Haut-Rhin).

le Jeudi 18 Juillet 2024 à 05:57 | Lu 305 fois